En réponse aux questions orales des députés en fin de semaine dernière, Kamel Rezig ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, a affirmé qu’en ce qui concerne la pénurie d‘huile, notre production est largement suffisante, et que les grossistes en sont la cause. Selon lui, en effet, ces derniers refuseraient de distribuer ce produit à cause de sa faible marge bénéficiaire, soulignant par la même occasion, que la valeur des indemnisations destinées aux producteurs d’huile de table s’élève à plus de 40 milliards de DA en 2021.
Par Réda Hadi
Il faut souligner que M. Rezig, lors d‘un déplacement à Oran, avait demandé l‘interdiction de la vente d ‘huile aux mineurs, relevant que «l’exploitation d’enfants et de mineurs à des fins de spéculation a été enregistrée et que des individus les envoient pour acheter quotidiennement ce produit en grandes quantités, chose qui a également causé une certaine rareté».
Ceci étant, le ministre du Commerce a révélé que pour éviter une autre pénurie, un nouveau schéma de distribution de ce produit, sera concrétisé sous l’autorité de son ministère, pour contourner les grossistes
En ce qui concerne le lait en sachet subventionné, il a été adopté une nouvelle approche dans la distribution présentée au gouvernement, tenant compte de la densité de la population et du coût de distribution.
Aussi, plusieurs mesures ont été prises pour assurer la distribution régulière de ce produit, dont le suivi du parcours de production et de distribution de la laiterie jusqu’au consommateur, l’interdiction de la vente conditionnelle aux laiteries et aux détaillants, la non-utilisation du lait en poudre dans la fabrication de produits laitiers et l’interdiction de l’utilisation de lait en sachets subventionné par les cafés.
S’agissant de la traçabilité du lait, le directeur général adjoint de l’ONIL, Khaled Soualmia a indiqué à l’APS, que la convention liant l’Office aux laiteries avait fait l’objet d’une actualisation par l’introduction d’une «nouvelle clause» obligeant les transformateurs à présenter, chaque fin de mois, un document détaillé sur les quantités produites et les quotas des distributeurs, un document sur lequel seront apposés les cachets des commerçants en détail du lait pasteurisé.
Pour pallier à ce problème, M. Rezig a affirmé que le secteur du Commerce œuvrait, en coordination avec les secteurs de la Finances, de l’Agriculture et de l’Intérieur à l’examen d’une série de solutions relatives à la révision des modalités de distribution, à la marge de bénéfice et aux quotas accordés aux laiteries, mises en place en 2012.
Le Ministre a aussi remis en cause les habitudes de consommation des citoyens, qui font de la surenchère en la matière. «Le ministère n’assume pas la responsabilité des comportements de consommation des citoyens…Nous produisons le double de nos besoins en produits alimentaires», a-t-il estimé.
Sur cette question M. Zebdi Mustapha, président de l ‘Apoce (Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement), nous a affirmé «que les habitudes de consommation des citoyens peuvent influer d’une certaine manière, sur les produits. Le rôle du consommateur est aussi régulateur. En achetant plus et stockant plus, il dérègle les stocks et amplifie la crise d ‘une certaine manière», tout en soulignant la «nécessité de revoir les circuits de distribution ».
Pour M. Zebdi, «cette pulsion du consommateur est réactionnelle. Aussi, c‘est aux pouvoirs publics de tout faire pour ne pas susciter la peur du citoyen et ne pas le forcer à sur-acheter et stocker.
Quant à la question de savoir dans quelle mesure les décisions prises par le ministre pour pallier la pénurie de certains produits et en vue de la stabilité des prix en ce mois de Ramadhan, M. Zebdi estime que «nous ne pouvons pas juger dans l‘immédiat, Il faut attendre quelques jours pour voir leurs effets, et nous espérons que celles-ci seront plus bénéfiques que celles passées».
R.H.