Les Algériens ont vécu un début de Ramadhan plus au moins «mouvementé». Certes tous les produits alimentaires sont disponibles sur le marché, à l’exception de l’huile de table et de la semoule qui connaissent des ruptures de stocks, mais les prix ont atteint des seuils alarmants.
Par Akrem R.
Une situation qui s’expliquerait par la dérégulation du marché, notamment, avec le changement du comportement des ménages, dont la demande a dépassé l’offre mais aussi, par la flambée des matières première sur les marchés mondiaux. Une situation qui a créé un déséquilibre et une volatilité des prix, notamment avant le début et durant les 10 premiers jours de ce mois sacré. La mercuriale des prix risque de perdurer encore dans le temps, surtout eu égard à la conjoncture mondiale difficile.
Les produits très prisés par les Algériens durant ce mois, sont toujours hors de portée. Les viandes rouges varient entre 1450 DA/kg à 1800 DA !, quant à la viande blanche, elle est toujours au-dessus de la barre de 400 DA/kg. Côté fruits et légumes, les prix sont également à la hausse et le dispositif mis en place par les autorités, à savoir l’ouverture de quelques 1159 marchés de proximités et le renforcement du contrôle, en mobilisant quelque 8000 agents, n’a pas donné les résultats escomptés.
En clair, ces nouveaux commerces n’ont pas réussi à faire stabiliser les prix et la règle de l’offre et la demande impose sa loi.
À titre d’exemple, la pomme de terre, et en dépit des opérations de déstockages engagées par l’Etat et le début de la récolte dans certains wilayas, son prix varient, actuellement, entre 100 à 120 DA/kg, loin du prix fixé par les pouvoirs publics entre 60 à 70 DA/kg. En somme, c’est la hausse «généralisée». Les budgets des ménages ont été, tout simplement laminés et beaucoup de familles ont, d’ailleurs, dû adapter leur mode de consommation.
Des plats dits «indispensables» comme Tadjine Lahlou et des desserts ont disparu de la table de plusieurs familles algériennes, notamment, celles à faibles revenus. «Nous n’avons plus les moyens de dépenser comme avant. Tout est cher. Notre budget n’arrive pas à suivre la courbe ascendante des prix», a témoigné Malika, une dame en charge d’une famille de 5 personnes. C’est une situation «inédite», et la hausse des prix ne concerne pas uniquement notre pays. Plusieurs pays à travers le monde font face à la même situation. Toutefois, chez nous, la dérégulation du marché et la dévaluation de la monnaie nationale, ont exacerbé la situation : les prix de certains produits ont enregistré une hausse de 100%.
« La cherté des prix est partout et a touché tous les secteurs : alimentaire, ameublement, habilement, matériaux de construction et quincaillerie. Les prix sont passés du simple au double chez nous, alors que dans le reste du monde, une hausse entre 10 à 15 % a été enregistréeNotre marché est instable et hors de contrôle», dira Harizi Zaki, président de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC).
Légère baisse des prix des fruits et légumes
Les prix des fruits et légumes, notamment, ont enregistré une légère baisse ces derniers jours, comparativement au début de ce mois de Ramadhan. Quant aux légumes, la courgette est passée de 180 DA/kg à 110 DA, les carotte à 60 DA, l’oignon entre 50 à 60, la pomme de terre maintient son niveau à plus de 100 DA, le chou à 80 DA, les fenouils à 40 DA, la laitue à 250 DA.
Il est à noter, également, que le prix de la banane s’est effondré, passant de 750 DA/kg à moins de 400 DA. « Ces baisses restent toutefois insuffisantes et loin du pouvoir d’achat des ménages», indique le président de la FAC.
Le gaspillage en recul, mais toujours aussi élevé
Sur ce point-là, il a estimé nécessaire de fixer le seuil de la pauvreté par l’Etat. « Une famille de 5 personnes ont, au minimum, besoin de 100 000 DA/ mois pour répondre à ses besoins (location, nourriture, habillement, etc.)», affirme-t-il. Questionné, par ailleurs, sur le gaspillage durant ce mois sacré, l’intervenant a fait savoir que ce phénomène est en net recul (près de la moitié) par rapport aux années précédentes.
Selon les chiffres de l’agence nationale de gestion des déchets, un surplus de 2 à 5% de déchets est généré durant le mois de ramadhan. Son directeur, Karim Ouamane a déclaré à la radio que durant la première semaine « nous avons enregistré moins de pain jeté dans les poubelles».
En outre, le président de la Fédération nationale des boulangers a fait déploré le gaspillage de 4 millions de baguettes de pain/j depuis le début de ce mois de ramadhan, et ce, en dépit de la baisse des quantités fabriquées quotidiennement, passant de 33 millions de baguettes à 21 millions, actuellement. Les causes de ce gaspillage s’expliqueraient par la qualité et le bas prix de ce produit, entre autres.
A. R.