Comme chaque année, et à l’approche du mois sacré du Ramadhan, c’est le branle bas de combat au ministère du Commerce. Pour faire face aux probables pénuries, des mesures sont prises pour parer à toute éventualité. Pourtant, en dépit du discours rassurant des pouvoirs publics, les Algériens craignent toujours d’avoir à manquer de certains produits plus que nécessaires durant cette période. Qu’il s’agisse de l’huile, de la semoule ou de la pomme de terre, la tension se lit sur les visages dans les marchés, et la crainte n’est pas qu’apparente.
Par Réda Hadi
S’agissant de la pomme de terre, le gouvernement à commencé d’ores et déjà l’opération de déstockage, pour atténuer la tension sur ce produit, et éviter une surenchère sur les prix, et réguler le marché. D’importantes quantités ont été mises sur le marché, dans la wilaya d’Ain Defla où deux opérateurs adhérant au Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac), ont procédé au déstockage de leur production et à l’approvisionnement des marchés de gros. Il en est de même dans beaucoup d’autres wilayas, où, en tout, ce sont 34 operateurs adhérant au Syrpalac qui ont procédé à la même opération.
Quant à la disponibilité de l’huile sur le marché, le principal producteur en l’occurrence Cevital, a annoncé qu’il n y a aucun manque en ce produit, et affirme que «les besoins du marché national en huiles sont évalués à 400 000 tonnes/an, alors que les capacités de production de l’unité Cevital de Béjaïa sont de 550 000 tonnes/an ». Outre, en rassurant le consommateur sur la disponibilité de l’huile durant le ramadhan, il a quand même souligné que «le pic de la demande durant ce mois atteint les 40 à 50%».
Le consommateur quant à lui ne croit que ce qu’il voit, et sur les étals, l’huile n’est pas toujours présente, malgré une augmentation injustifiée et inexpliquée.
Il faut dire que depuis septembre 2020, le pays fait face à une folle hausse des prix de certains produits du quotidien, comme les pâtes (+ 40 %), le lait, les viandes rouges ou encore le sucre.
Cette envolée des prix s’expliquerait notamment par la levée en septembre 2020 des subventions du blé tendre et dur, nécessaire notamment, à la production de pâtes.
Assurances
Une situation qui peut rappeler celle de mars 2020, lorsque les premières craintes autour de la pandémie se faisaient sentir. C’était alors la semoule qui manquait dans les magasins.
Président de l’Apoce (Association de Protection et Orientation du Consommateur et son Environnement) M Zebdi Mustapha reste sceptique : «Chaque année avant le Ramadhan, des mesures sont prises, mais nous n’y avons constaté aucune efficacité. Cette année, on nous annonce les meilleures mesures jamais prises auparavant. En toute objectivité, l’Apoce ne peut faire aucune projection, car elle est déjà échaudée. Rendez-vous les premiers jours du Ramadhan pour faire une évaluation. L’Apoce ne demande rien de plus que la disponibilité des produits et la stabilisation des prix».
Précisons, tout de même, que les restrictions de circulation en raison de la Covid-19 ont entraîné des pénuries et un renchérissement des coûts sur l’ensemble des marchés locaux. Alors que le mois béni de Ramadan 2021 approche à grands pas, des mesures proactives ont été prises pour éviter la hausse des prix des denrées alimentaires en Algérie. Seront-elles efficaces et suffisantes ?
Ahmed Mokrani. Directeur de l’organisation des marchés et des activités commerciales au ministère du Commerce, qui s’est exprimé chez des confrères, assure que son département assurera l’approvisionnement régulier en produits alimentaires. Et ce, pendant le mois de jeûne de l’année en cours.
«Pour éviter les carences et les flambées des prix, un processus s’effectue via un système de numération. Cette méthode numérique enregistre la quantité du stock prévisionnel des vivres largement consommés par les citoyens algériens». Il a précisé dans ce sens, «que notre État dispose d’un stock suffisant de produits de consommation de base. Une provision d’aliments essentiels qui comprend des légumes, des fruits, des viandes rouges et d’autres blanches». A-t-il avancé comme assurance.
Une assurance reprise par l’Anca (Association des commerçants et artisans algériens), dont le président se félicite des mesures qui ont été annoncées.
En effet, selon M Boulenouar Président de l’Anca, son association a reçu la confirmation de création «de plus de 300 espaces de ventes supplémentaires».
M. Boulenouar a tenu à spécifier aussi «que cette année, tous les offices concernés (lait, céréales, viandes etc.) ont tenu des réunions au niveau du ministère du commerce, pour un bon approvisionnement des produits et une stabilité des prix durant le mois de ramadhan».
De plus, selon le président de l’Anca, le ministère du Commerce a «permis les soldes, de même que des marchés de proximité temporaires seront créés, ainsi que la tenue de foires ou braderies, au niveau de chaque communes. Les producteurs nous ont assuré qu’ils ont commencé à préparer le Ramadhan il y a de cela plusieurs mois, en dépit de la pandémie, sachant que la demande durant ce mois spécifique augmente de 40 à 50 %» a-t-il conclu d’un to rassurant.
R. H.