Alors que les relations entre l’Algérie et l’Union européenne traversent une phase de tensions, l’Italie affiche sa volonté de jouer un rôle d’intermédiaire pour rétablir un climat de confiance et de coopération.
Par Farid D.
C’est ce qu’a affirmé le vice-président du Conseil italien et ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani, en marge du Forum économique Italie–Algérie tenu à Rome. «Nous serons un pont entre Alger et Bruxelles pour surmonter les divergences», a déclaré le chef de la diplomatie italienne, en allusion directe à la procédure d’arbitrage international lancée par la Commission européenne contre l’Algérie pour présumées violations de l’Accord de partenariat signé en 2005.
Tajani a confié avoir tenu une rencontre approfondie avec le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, au cours de laquelle les deux parties ont exprimé une convergence totale de vues sur les enjeux actuels. «Nous voulons continuer à soutenir les relations entre l’Algérie et l’Union européenne. Nous ferons tout notre possible pour qu’elles soient fructueuses et constructives », a-t-il assuré.
Reconnaissant l’existence de frictions dans la relation entre Alger et les institutions européennes, le ministre italien a néanmoins insisté sur le rôle spécifique que peut jouer l’Italie, compte tenu de sa position de carrefour méditerranéen et de membre influent de l’Union européenne.
Cette posture s’inscrit dans la stratégie diplomatique que mène Rome en Méditerranée, où l’Italie entend préserver ses partenariats clés tout en maintenant la cohésion européenne.
En affichant sa volonté de jouer les facilitateurs entre Alger et Bruxelles, Rome cherche à éviter l’escalade et à sauvegarder les acquis économiques et politiques d’une relation qu’elle juge essentielle pour la stabilité et le développement de la région euro-méditerranéenne.
Il est à rappeler que la Direction Générale du Commerce de la Commission européenne a notifié aux autorités algériennes compétentes l’ouverture d’une procédure d’arbitrage sur ce qui est présenté comme étant des restrictions au commerce et à l’investissement, contraires à l’Accord d’association liant l’Algérie et l’Union européenne.
Cette décision a été qualifiée par l’Algérie de « hâtive » et « unilatérale », avait déploré le ministère des AE dans un communiqué jeudi dernier.
En réponse, le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’Etranger et des Affaires africaines, M. Ahmed Attaf, a adressé une lettre officielle à ce sujet à Madame Kaja Kallas, Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité et Vice-Présidente de la Commission européenne.
Le Ministre d’Etat a rappelé que c’est au Conseil d’association, et à lui seul, qu’il appartient d’apprécier les résultats des consultations et d’en tirer les conséquences.
Or, ce « Conseil n’a pas été convoqué depuis cinq ans, malgré les demandes insistantes de la partie algérienne, privant ainsi les deux partenaires d’un cadre institutionnel important, dont la raison d’être est de garantir une évolution équilibrée de la relation bilatérale, d’une part, et d’assumer un rôle central dans le règlement des différends, d’autre part», déplore le ministère.
«Face à cette situation, et en sa qualité de président du Conseil d’association pour l’année en cours, le Ministre d’Etat a demandé la convocation, dans les délais les plus rapprochés possibles, d’une session du Conseil d’association afin de permettre un examen global et équilibré de l’ensemble des préoccupations des deux parties, dans le respect du cadre juridique établi par l’Accord d’association».
F. D.