Développement des Energies renouvelables en Algérie : Ce que les experts préconisent

Par Réda Hadi

L’Algérie accuse un énorme retard dans le domaine des Energies renouvelables (EnR), et ce, en dépit du lancement d’un programme dédié à leur développement. L’Algérie est classée aujourd’hui à la 18ème place à l’échelle africaine en matière de capacités installées. Notre  pays a mis en place une panoplie de lois et textes réglementaires devant régir ce secteur, sans pour autant arriver à avancer dans ce domaine. Ainsi, pour rattraper le retard accusé, l’Algérie est appelée à dépasser la phase expérimentale et s’engager véritablement dans le développement des EnR.

Mouloud Bakli, expert des énergies renouvelables, invité chez nos confrères de la radio chaine 3 hier mardi, appelle, ainsi, à mettre en place un pôle fort, fédérateur et chef d’orchestre. La première chose à faire, suggère t-il, c’est de mettre en place, dans les plus brefs délais, un pole fort, qui sera une sorte de guichet unique, fédérateur et chef d’orchestre de cette transition énergique tant attendue. «La priorité des priorités du gouvernement est de mettre en place ce pole, dont on parle depuis des années. Des pays maghrébins et africains comme l’Egypte l’ont déjà fait », déclare t-il, dans le même contexte.

Prônant l’exclusive nationale, l’expert affirme que «notre pays n’a pas besoin d’opérateurs étrangers, sauf dans des secteurs cibles et complémentaires en concertations avec les acteurs locaux», affirme t-il, en précisant que nous disposons d’une Industrie florissante et un savoir-faire reconnu qui se développe depuis une décennie»

Mais alors pourquoi ce retard ?

Cela fait dix ans que le premier programme national dédié au développement et la promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (PNEREE), a été adopté. Un programme qui aura subi tout au long de cette décennie, plusieurs réaménagements, essentiellement en 2015, sans pour autant aboutir aux résultats escomptés.

Pour bon nombre d’observateurs,  le manque d’harmonie dans l’exécution des       étapes tracées ainsi que l’absence de suivi et d’évaluation, sont les principaux points noirs qui ont été justement à l’origine du retard accusé dans le développement des EnR en Algérie. Des analyses, comme celle de Tewfik Hasni expert en énergies renouvelables, remet en cause la politique actuelle de la Sonelgaz. «Il faut mettre le frein à la volonté continue de Sonelgaz de poursuivre sur la voie actuelle pour le seul motif que sa stratégie est de poursuivre son projet qui devrait assurer un transfert technologique dans une technologie condamnée à disparaître» a souligné ce consultant en  énergie renouvelables.

Pour sa part, M. Mouloud Bakli,  assure que nous sommes totalement à côté de ce qu’il faudrait faire. «Il ya une sorte de cacophonie».

Bien que tout le monde s’accorde à souligner l’importance de la transition énergétique et son succès, nous en sommes toujours à tergiverser, et les avis pour arriver à échéances, sont divers et divergents surtout.

Pour résumer, l’Algérie doit faire face à plusieurs problèmes énergétiques majeurs : une dépendance forte aux hydrocarbures ; une production en baisse et une consommation nationale record. En cause, selon des spécialistes, notamment une politique de subventions publiques coûteuse. Elle a coûté 27,7 milliards de dollars en 2016, dont 15,3 milliards de dollars injectés dans le soutien indirect aux prix des carburants, du gaz et de l’électricité.

Il faudrait, par ailleurs, organiser la transition énergétique vers un nouveau modèle. Mais il faudrait surtout, une véritable feuille de route expliquent les économistes, qui comporterait un cadre réglementaire précis, des incitations fiscales et juridiques à l’autoconsommation, des tarifs de rachat alléchants pour le surplus de production que les clients peuvent injecter dans le réseau, des débouchés nationaux à l’industrie du solaire et de l’éolien…  Il y a, en tout cas, urgence à la définir pour assurer la sécurité énergétique du pays, ont-ils précisé.

La réussite de ce programme, pensent-ils, dépend de la suite que donnera le gouvernement aux recommandations du Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE) qui, dans son dernier rapport plaide pour des réformes profondes. «Autant convertir les effets des échecs du passé en arguments favorables à l’entame de réformes profondes mais salutaires à l’avenir, au lieu de chercher à rapiécer certains modèles obsolètes dont le démantèlement reste peu coûteux, alors que leur relance est vouée à être sans lendemain sur le plan économique», résume l’étude du CEREFE. Une étude dans laquelle il revient sur les évolutions à travers le monde, dresse l’état des lieux du secteur en Algérie et émet des recommandations pour en finir avec les ratages. Lesquels ratages ont commencé dès le premier programme de 2011.

R. H.

Quitter la version mobile