Développement des cultures stratégiques au sud : «Un bouclier protecteur de notre sécurité alimentaire»

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L’Algérie table sur l’agriculture saharienne pour atteindre son autosuffisance alimentaire notamment en produits de large consommation (les céréales, les oléagineuses, sucre et légumineuses). En effet, les cultures au Sud sont considérées comme étant un bouclier protecteur de notre sécurité alimentaire, dira le coordinateur du comité de réflexion sur le développement des cultures des céréales et néanmoins, Directeur de l’Ecole nationale supérieure d’agronomie d’Alger (ENSA), Tarik Hartani.

Par Akrem R.

Il a indiqué que la sécurité alimentaire est un pilier de la feuille de route de la stratégie du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dont l’agriculture figure prioritairement dans ses engagements électoraux.

Dans une déclaration à la radio nationale, l’agronome Hartani a rappelé que le Chef de l’Etat accorde « une attention particulière dédiée aux cultures stratégiques au niveau national, dont l’extension se fait dans le grand sud du pays».

Pour cela, la feuille de route du Président Tebboune s’appuie sur la mise en place d’une stratégie graduelle, qui vise à prendre en charge certaines contraintes et obstacles ayant entravé le développement des filières stratégiques, à savoir, les céréales, les légumineuses, les oléagineux et toutes les cultures nécessaires qui permettent à l’Algérie d’« être autonome dans le domaine alimentaire ».

Une stratégie, explique-t-il, qui s’étale sur plusieurs étapes subséquentes à la régionalisation des zones cultivable, compte tenu des différences géographique et climatique.

Il s’agit, selon Pr. Hartani, de répertorier les contraintes qui entravent les cultures stratégiques par l’identification des zones hydro-géographiques, la mise en place du matériel adéquat pour chaque type de superficie cultivable, l’accompagnement par un consulting des agriculteurs, l’introduction de l’ingénierie et de la technicité, notamment pour la culture saharienne.

« Nous, nous voyons bien que l’agriculture saharienne nécessite de plus gros moyens, des machines de plus grande taille, des plus robustes. La troisième étape également, ça serait, en fait, l’appui au conseil, l’appui à l’accompagnement des agriculteurs, l’introduction de la technicité et de l’ingénierie au niveau des exploitations agricoles», souligne-t-il.

Une capacité de progression remarquable

En effet, relève l’intervenant, à l’optique 2030, le Sud va devenir le bouclier protecteur de la sécurité alimentaire, considérant, toutefois, que l’agriculture saharienne nécessite de grands et robustes moyens, sachant qu’elle repose particulièrement, sur l’irrigation totale pour produire trois millions de tonnes de blé ainsi qu’une maitrise de tout ce qui a trait à cette irrigation, telle que la technicité.

Pour Hartani, la saison agricole 2023 est une année référence pleine, en termes quantitatifs. « Elle nous a aidés à savoir surtout que doit-on faire pour améliorer la production tout en étant vigilants envers les aléas climatique spécifiques de la région tels que les vents et les crues, à l’image de celles s’étant abattues sur Bechar. L’année écoulée a été riche en enseignements, vu que les agriculteurs ont réalisé de bons résultats », fait-il constater.

Il reste, selon lui, à améliorer la qualité de la semence pour valoriser la productivité en ayant des semences saines. « L’Algérie est devenue autonome en la matière », fait-il savoir, et ce, en facilitant l’exercice des fellahs au niveau de leurs exploitations en « les dotant à temps d’engrais et des semences ».

La stratégie du développement agricole passe aussi par l’augmentation de la superficie irriguée qui est, selon lui, l’une des voies permettant l’autosuffisance en céréales.

« On est à 3 millions d’hectares de culture céréalière dont 300 000 hectares seulement, sur les 30 millions d’hectares cultivables, au sud du pays », rappelle le Directeur de l’ENAA, ajoutant que « cette superficie est en plein essor ».

« C’est ce fait confirmé par l’ODAS (Office de développement de l’agriculture saharienne) », assure-t-il, notant que l’actuelle saison sera davantage prometteuse par rapport à celle écoulée « à la condition d’épargner aux fellahs les coupures d’électricité et les pénuries d’engrais ».

Ce qui, promet, dit-il, d’atteindre l’autosuffisance en blé dur dans un premier temps, mais aussi ensuite, on ira vers le maïs et le blé tendre, etc.

Et d’insister sur l’exigence de savoir gérer notre potentiel en eau souterraine pour une bonne irrigation. « Pour cela, il faut avoir des données fiables et sortir de l’approximatif », suggère-t-il.

Sur un autre registre, l’intervenant a estimé nécessaire de recourir à des partenariats avec des étrangers pour atteindre les objectifs fixés, tout en associant les petits agriculteurs.

« Ces grands projets structurants ne sont pas en compétition avec les petits agriculteurs, il faut les voir dans un contexte de complémentarité. Je donne l’exemple de Baladna, du Qatar, par rapport à la production de la poudre de lait ou bien à Timmimon pour la production des céréales par les Italiens sur une superficie de 36 000 hectares. Il faut continuer à soutenir aussi les petits agriculteurs, puisque nous savons que dans les zones rurales, il y a quand même 15 millions d’habitants. Et ils ne vivent que, bien sûr, des petites fermes d’exploitation agricole ou d’élevage», précise-t-il.

Par ailleurs, Tarik Hartani a appelé à l’augmentation des capacités de stockage afin d’être en adéquation avec les objectifs de production qui étaient ambitionnés.

D’importants projets sont en cours de réalisation à travers le pays pour l’augmentation de nos capacités de stockages à 9 millions de quintaux.

A. R.

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