En dépit des potentialités existantes, l’industrie de transformation est peu développée en Algérie. Un grand travail reste encore à faire afin de développer ce segment d’activité, considéré comme étant un levier de croissance et également de la relance et de la diversification économique du pays.
Par Akrem R
C’est pour cela, qu’il est plus que nécessaire d’élaborer une feuille de route pour la dynamisation de ces différentes filières de transformations (agroalimentaire, industrielle, pétrochimie et autres), et ce, dans le but de la valorisation de nos richesses, l’augmentation de la production, et de répondre par-là aux besoins du marché local et s’orienter vers l’exportation.
Le non-développement de l’industrie de transformation a un impact direct sur le développement des filières agricoles notamment, dira d’emblée Ishak Kherchi, expert en économique interrogé par Eco Times.
Actuellement, plusieurs produits agricoles ne sont pas valorisés et l’agriculteur est contraint à chaque campagne de revoir son programme de plantation et réduire la superficie cultivée, voir même changer carrément d’activité afin de ne pas subir des pertes financières !
Faute de débouchés dans la commercialisation de produits (ails, oignons, pomme de terre, tomate industrielle) et faiblesse de l’industrie agroalimentaire, des productions avaient été jetées dans les oueds ou abandonnées sur les champs !
Nécessité de mise en place d’une véritable stratégie
À titre d’exemple, notre interlocuteur a rappelé qu’en 2020, l’agriculture a réalisé une production estimée à 25 milliards de dollars, mais avec les différentes contraintes rencontrées par les agriculteurs (effondrement des prix, stockage limité…) la production nationale de ce secteur a reculé, en engendrant une inflation galopante sur le marché.
«Si nous avions une industrie de transformation performante, la production agricole maintiendra son niveau et connaitra une hausse», a souligné Ishak Kherchi, en rappelant que l’Algérie possède une superficie agricole de 44 millions d’hectares, et que seulement 8 millions d’hectares d’entre elles sont cultivés.
À cet effet, il est nécessaire de mettre en place une véritable stratégie nationale pour encourager d’abord l’agriculteur à la pérennisation de sa production dans le temps, tout en lui garantissant une prise en charge de sa production.
Pour illustrer ses propos, notre interlocuteur a cité l’exemple de l’Italie qui réalise des exportations chiffrées à plus de 50 milliards de dollars en produits agroalimentaires. «Nous avons toutes les potentialités pour atteindre ces niveaux de production, il suffit juste de mettre les mécanismes nécessaires pour développer notre agriculture dans ses différents segments», indique-t-il.
Plaidoyer pour une Conférence nationale sur l’agriculture
Sur ce point-là, l’enseignant universitaire a réitéré son appel pour l’organisation d’une Conférence nationale pour la relance de l’agriculture, similaire à celle de l’Industrie organisée en décembre 2021, dont les fruits sont déjà visibles sur le terrain.
C’est le seul moyen, affirme-t-il, pour cerner les problèmes du secteur, notamment la récupération des terres agricoles non exploitées, la levée de gel sur des projets d’investissement et effectuer un recensement général des agriculteurs y compris de ceux de la sphère informelle.
Ce diagnostic stratégique «nous donnera plus de visibilité pour le développement de notre agriculture et de passer ensuite à l’étape de l’industrialisation, à travers l’application de la décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour l’importation des usines et lignes de productions rénovées, dont le ministère de l’industrie est en charge».
Cette étape sera également suivie par la commercialisation de ces productions par le ministère du Commerce. Ce dernier est appelé, dira-t-il, à mettre en place une stratégie bien claire pour le placement de nos produits sur le marché local et étranger.
Il est à noter que l’Etat a décidé d’accorder un financement important aux projets de la transformation allant jusqu’à 90% du montant du projet. Une décision qui a été prise par le chef de l’Etat lui-même, mais aucun projet n’a été réalisé à ce jour par cette formule. Les banques n’ont pas joué le jeu et aucune offre n’est encore commercialisée.
Un ministère délégué chargé de l’agroalimentaire
À cet effet, le gouvernement est appelé à accompagner les transformateurs, dont la plupart relèvent du secteur privé, à travers l’octroi des avantages fiscales et bancaires et l’encouragement surtout la signature de contrats à long terme entre le producteur et le transformateur.
C’est à travers cette stratégie qu’on peut surmonter les difficultés de la production, souligne-t-il, en plaidant pour une meilleure coordination entre les ministères de l’agriculture et celui de l’Industrie, ou la création carrément d’un ministère délégué chargé de l’agroalimentaire.
Cette coordination entre le producteur et le transformateur est plus que nécessaire pour le développement de cette industrie et également afin d’éviter des ruptures en certains produits sur le marché. S’agissant des industries de transformation industrielle (les mines, la pétrochimie, textile…etc.), l’intervenant a suggéré de nouer des partenariats avec des leaders mondiaux dans ces domaines, tout en sachant que ces industries exigent une technologie de pointe et de gros investissements.
A. R.