Développement de l’E-paiement

Le gouvernement accélère la cadence

L’Algérie à l’ère du digital : tous les efforts du gouvernement semblent orientés vers la généralisation de la numérisation et de la digitalisation. Des moyens colossaux ont été mobilisés à cet effet et des investissements ont été consentis, ces trois dernières années, pour la création d’un écosystème favorable au développement du paiement en ligne et de l’e-commerce, notamment. C’est que les Algériens sont connus pour trop être « accrocs » au «cash» dans leurs différentes transactions commerciales.

Par Akrem R.

En effet, selon les chiffres officiels, 80% des opérations de transactions électroniques en Algérie sont constituées de retraits d’argent, alors que le taux d’utilisation des cartes bancaires pour l’e-paiement n’excède pas les 6%. 

C’est dire qu’un grand travail reste encore à faire en matière de sensibilisation des citoyens sur l’importance de l’utilisation de ces nouveaux modes de paiement et, également, sur le développement de l’infrastructure de base en matière d’internet et de moyens de paiement. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet de la ville modèle (Sidi Abdellah) pour le paiement électronique. Ce projet, initié par l’association professionnelle des banques et établissements financiers (ABEF), a été lancé, hier, en par trois ministres, (Laaziz Faid, ministre des Finances, Tayeb Zitouni, ministre du Commerce et Karim Bibi-Triki, ministre de la Poste et des Télécommunications), visant à se rapprocher davantage des citoyens et inclure la culture de l’utilisation des moyens de paiement moderne. 

Atteindre l’inclusion financière 

En donnant le coup d’envoi de ce projet qui sera généralisé à toutes les régions du pays, le ministre des Finances, Laaziz Faid, a précisé que «les objectifs attendus de ce projet sont de doter l’ensemble des commerçants en dispositif d’acceptation et moyens de paiement ainsi que les citoyens en cartes CIB et Edahabia visant à effectuer la majorité des transactions commerciales de manière électronique (CIB ou de code QR) au niveau de la ville de Sidi Abdallah».

Et d’ajouter : «L’idée est à encourager et nous allons travailler pour généraliser la création de villes modèles pour le paiement électronique à travers l’ensemble des wilayas du pays». En effet, cette initiative, poursuit-il, permettra la création d’une dynamique de compétitivité entre les villes pour le développement et la massification de l’usage des moyens de paiement électronique et contribuera à atteindre l’objectif de l’inclusion financière en Algérie. Dans son allocution, le ministre a indiqué que le Gouvernement compte, à travers cette démarche, faciliter l’accès aux services bancaires numériques. Ce projet réduit les frais du transport en plus des atouts de la sécurité financière, dira-t-il, en réitérant la détermination du Gouvernement à mettre en place un cadre réglementaire et législatif adéquat à cet effet. Il a sollicité les banques, les établissements financiers, la société civile et autres partenaires à s’inscrire pleinement dans cette vision futuriste. « L’Algérie compte jouer un rôle pionnier en numérisation. Cela traduit l’idée d’une Algérie nouvelle, numérique et prospère».

Toutefois, précise le ministre, ce projet ne sera pas exempt de défis dont l’acceptation par les citoyens, appelant les banques à multiplier les campagnes de sensibilisation dans le cadre du renforcement de l’éducation financière à laquelle une semaine est désormais dédiée au niveau des universités et hautes écoles.

60 millions opérations d’e-paiement à fin 2023

Pour sa part, le ministre de la Poste et des Télécommunications, Karim Bibi Triki, a rappelé que la démarche s’inscrit dans le cadre des engagements du président de la République, liés à la généralisation de la numérisation à tous les niveaux et dans tous les secteurs. 

Il a annoncé que son département poursuivra ses efforts en matière d’amélioration et de modernisation de l’infrastructure de base numérique (internet et moyens de paiement). Des avancées, certes, ont été enregistrées, dira le ministre, mais « nous devons continuer à travailler en coordination avec les autres secteurs pour baliser la route pour la généralisation de l’e-paiement». Pour illustrer ces propos, il a cité l’exemple des inscriptions des étudiants au niveau des universités, dont l’opération était à 100% digitale et à distance. 

Par ailleurs, pas moins de 2,360 millions d’opérations d’e-paiement (frais d’inscription, hébergement et transport) ont été enregistrées durant cette rentrée universitaire. Des chiffres encourageants qui nous incitent à fournir plus d’efforts en matière d’amélioration de l’infrastructure de base existante et à diversifier les modes de paiement pour le citoyen. Dans le domaine commercial, le ministre a noté que depuis 2020, le nombre d’opérations de paiements en ligne via les TPE, internet et baridimob, est en progression, passant de 5 millions d’opérations à quelque 60 millions, à fin 2023. En matière de fabrication de cartes Eddahabia, le ministre a fait savoir que quelque 15 millions de cartes CIB et Eddahabia sont opérationnelles, avec la perspective d’avoir trois millions de titulaires supplémentaires avant la fin de l’année 2024.

3514 opérateurs activent dans le e-commerce

Dans son intervention, le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni a indiqué que ce projet pilote est un point de départ pour la généralisation de l’e-paiement en Algérie. Il a estimé que l’approche législative à elle seule n’est pas suffisante pour la promotion du paiement en ligne et du e-commerce. Un travail de sensibilisation est plus que nécessaire pour l’adhésion des différents acteurs afin de réussir ce projet stratégique pour l’Algérie. 

« Le gouvernement a mis tous les moyens nécessaires pour la création d’un marché numérique. Nous ne sommes qu’au début du chemin. Nous, en tant que gouvernement, institutions et société civile, nous sommes contraints de poursuivre le développement mondial. Notre ministère axe ses efforts dans ce sens, en sensibilisant les commerçants sur l’importance de l’e-paiement qui garantirait la transparence dans les transactions commerciales et l’élargissement du marché national», souligne-t-il. Actuellement, annonce le ministre, il n’y a que 3514 commerçants activant dans le e-commerce, réalisant un chiffre d’affaires de 14 milliards de DA durant les premiers mois de 2023. Un nombre insignifiant par rapport au nombre global des commerçants avoisinant les 3 millions, affirme le ministre, appelant les commerçants à se doter des nouveaux modes de paiement.

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