L’Algérie qui dépend à 90 % des compagnies maritimes étrangères, veut se redéployer, en renouvelant sa flotte déstructurée durant les années 1990 et 2000. En effet, le développement de la logistique devient une condition sine qua non à la diversification de notre économie afin d’atteindre les objectifs fixés, à savoir, l’exportation de 30 milliards de dollars de produits hors hydrocarbures à l’horizon 2030 et 2035.
Par Akrem R.
Ainsi, pour faire face à d’éventuelles crises similaires à celles de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine actuellement, la réhabilitation du secteur est indispensable, l’ex-directeur de la marine marchande au ministère du transport, Abdelkrim Rezzal ayant rappelé que ces deux crises ont mis à nu les vulnérabilités du fret maritime mondial.
En effet, les prix d’un conteneur importé de Chine ont été multipliés par cinq, passant de 3000 dollars à 17 000 dollars ! Une situation qui a imposé à tous les pays, y compris l’Algérie, la mise en place de nouvelles stratégies pour réduire l’impact de la congestion des ports.
M. Rezzal, qui s’exprimait lors d’une conférence organisée hier à la Safex en marge de la 6 ème édition du salon «Logistical 2022», a fait savoir que la Chine, qui est l’usine du monde, investit grandement dans la réalisation de ports modernes à travers le monde, de chemins de fer et autoroutes (la Route de la soie).
Conscient de cette problématique, le gouvernement algérien a depuis 2019 lancé un programme d’acquisition de nouveaux navires au nombre de 25 et le lancement de plusieurs projets pour la réalisation de nouvelles infrastructures portuaires, à l’instar de celui de Djen-Djen à Jijel, et deux terminaux à conteneurs à Alger et à Oran et, également, du port de Cherchell.
Lors de la réunion du Conseil des ministres d’avant-hier, le président Tebboune a ordonné le renouvellement de la flotte de transport maritime, à travers l’acquisition de nouveaux navires. Il a également enjoint au ministre du secteur «d’élaborer un rapport exhaustif et détaillé sur l’état du secteur, en définissant les responsabilités pour le soumettre à la prochaine réunion du Conseil des ministres».
«La relance du secteur du transport maritime exige de lutter contre le laisser-aller et les tentatives de sabotage ciblant l’Entreprise publique de transport maritime de marchandises», lit-on dans le communiqué.
Une nouvelle loi sur logistique en préparation
Dans ce cadre, l’ex-directeur de la marine marchande, Abdelkrim Rezzal a annoncé qu’une loi sur la logistique est en cours d’élaboration, permettant une meilleure organisation, notamment, avec l’ouverture de l’investissement au privé. «Maintenant, il faut passer à l’action pour le renouvèlement de la flotte maritime nationale et tenter de conquérir des parts sur le marché du fret, dominé par les grands armateurs mondiaux», souligne-t-il.
La tâche ne sera facile face à ces géants mondiaux, mais «l’Algérie va au moins garantir le transport de sa marchandise depuis les ports de la méditerranée, du fait que nos ports ne sont pas en mesure de réceptionner de gros navires », indique-t-il.
Toutefois, l’intervenant s’est montré sceptique sur la capacité d’opérateurs privés quant à l’acquisition de navires. Il est très difficile de mobiliser des sommes colossales, variant entre 200 millions à 300 millions d’euros, pour l’achat d’un navire ! Les banques doivent s’impliquer davantage dans ce créneau, sinon, il est difficile de voir de nouveaux armateurs de privés algériens. C’est pour cela que le gouvernement a prévu des facilitations pour booster l’investissement dans ce domaine, en acceptant l’acquisition de navires d’occasion (15 ans d’âge).
Sur un autre registre, l’intervenant a estimé nécessaire de développer l’autre créneau du transport, en réalisant des corridors de chemin de fer, des autoroutes (transsaharien), des ports modernes et compétitifs et des plateformes modernes au niveau des zones frontalières.
Tout cela permettra de renforcer la dimension stratégique de notre pays en tant que pôle logistique et pont entre les continents, africain et européen, et intégrer progressivement l’économie nationale dans les chaînes de valeurs mondiales.
«Il est devenu nécessaire pour l’Algérie, afin de s’intégrer dans l’économie mondiale et d’assurer sa position sur les marchés internationaux, de développer et améliorer ses prestations logistiques en prenant des mesures fiables dans les domaines de l’import et de l’export», avait déclaré le SG du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, El Hadi Bakir, à l’ouverture du salon Logistical 2022 placée sous le thème «L’alliance face aux crises».
A. R.
