L’Etat consacre annuellement d’énormes budgets, à la fois, pour le développement de la production des céréales afin de réduire la facture d’importation et, également, pour la stabilisation des prix des produits céréaliers sur le marché.
Synthèse Akrem R.
D’une manière générale, la politique céréalière menée depuis l’indépendance, est passée successivement d’un volontarisme étatique visant la modernisation de la production et le contrôle de la filière, à une économie distributive en faveur des consommateurs en déconnectant par le jeu des subventions les marchés de la production et de la consommation, puis dernièrement à un « libéralisme protectionniste ».
Le soutien de l’État aux prix des céréales, surtout les blés est constitué par un ensemble de mesures et dispositifs qui interviennent aussi bien au profit des consommateurs pour assurer les prix administrés du pain et de la semoule qu’au profit des agriculteurs, ont indiqué deux chercheurs Soumeya BEKKIS et Mohamed Amine BENMEHAIA dans une étude sur « La politique de soutien accordé aux Céréales en Algérie: Analyse par le Taux Nominal de Protection».
Ce n’est qu’à partir des années 2000, caractérisées par le retour de la paie sociale et l’augmentation du prix de pétrole, l’État, omniprésent dans toute la chaine de valeur de la filière de céréales, a mobilisé des ressources financières importantes en faveur du secteur d l’agriculture, et en particulier en amont, au centre et en aval de la filière de céréales et ce, à travers le lancement de plusieurs Fonds suivant la politique publique agricole adoptée par le gouvernement.
Il s’agit, le Fonds National de Régulation et du Développement Agricole (FNRDA), le Fonds de Mise en Valeur par les Concessions et le Crédit Agricole et Assurances Economiques, le Fonds National de Développement de l’Investissement Agricole (FNDIA) ; le Fonds National de Régulation de la Production Nationale (FNRPA), le Fonds de Lutte contre la Désertification et Développement du Pastoralisme de la Steppe (FLDDPS), le Fonds de Développement Rural et de la Mise en Valeur des Terres par la Concession (FDRMVTC), le Fonds de la Promotion Zoo Sanitaire et de la Protection Phytosanitaire (FPZPP).
Actuellement, les enveloppes budgétaires attribuées par le gouvernement sont des subventions, imputées sur le Fonds National de Développement Agricole (ligne 3/Régulation de la production agricole) ainsi que les budgets de fonctionnement et d’équipement.
Aussi, des enveloppes budgétaires attribuées par le gouvernement sont des soutiens, imputés sur les différentes lignes des deux comptes d’affectation spéciale n° 302-139 « Fonds National de Développement Agricole » et 302-140 «Fonds National de Développement Rural».
En termes des subventions, le gouvernement a mobilisé, pendant la période de 2013 à 2021, une ressource budgétaire cumulée de 1 860, 092 milliards de dinars pour subventionner toutes les opérations liées à la régulation du marché intérieur en céréales, aux stocks stratégiques des cé- réales et au transport de grain de céréales.
En effet, le montant de la subvention est passé de 175 milliards de dinars en 2013 à 341 milliards de dinars en 2021, soit une augmentation de 95%, engendrant à l’avenir encore en plus des enveloppes budgétaires déboursées par le gouvernement pour stabiliser et maintenir les prix du marché domestique céréalier.
En ajoutant à cette situation, les soutiens accordés par le gouvernement pour développer la céréaliculture.
En effet, le gouvernement a mobilisé, pendant la période de 2015 à 2020, une ressource budgétaire cumulée de 14, 24 milliards de dinars.
Par type de soutien, les montants cumulés de soutien dispensés par le gouvernement pendant la période de 2015 à 2020, il y a 29,5 milliards de dinars, pour soutenir les semences de céréales, 12,7 milliards de dinars pour soutenir les engrais, 14,5 milliards de dinars pour soutenir le programme de l’économie de l’eau, 18,5 milliards de dinars pour soutenir l’acquisition de matériels agricoles, 1,2 milliards de dinars pour soutenir le gasoil et l’électricité, 12 milliards de dinars représentant les primes des céréales et des légumes secs.
Ajoutant à cette situation, le crédit de campagne R’FIG, crédit le plus utilisé par les céréaliculteurs en raison de la prise en charge par le ministère agricole et du développement rural (MADR) tous les intérêts générés par le crédit accordé par la banque BADR.
Dans ce cadre, le gouvernement a dé- pensé, pendant la période de 2015 à 2020, 2,9 milliards de dinars.
En outre, il existe d’autres formules de crédit comme le crédit ETTAHADI. L’utilisation de ce type de crédit d’investissement s’est vu utiliser généralement pour l’acquisition de matériels agricoles. Cependant, l’étude de (Oubraham et al., 2021) sur la problématique de la bonification du crédit, si favorise-t-elle vraiment le financement des exploitations agricoles ?
Cette dernière, elle a mis en évidence que le taux d’accès au crédit de campagne est plus important (94, 1%) que celui de l’accès au crédit d’investissement (67%). Cette étude a montré aussi que la BADR semble privilégier l’accès au crédit de court terme au détriment des crédits de moyen et long terme pour éviter tout type de risque lié au non-remboursement.
Les auteurs ont conclu que la politique de bonification des taux d’intérêt est manifestement loin de constituer un outil efficace d’incitation à l’utilisation du crédit bancaire.
A. R.