L’Algérie fait face à un sérieux problème, à savoir, le phénomène de l’envasement. En effet, le volume de vases qui se trouve dans les 80 barrages à travers le pays représente 1,2 milliard de m3, soit, 13% des capacités globales de stockage, estimées à plus de 7 milliards de m3, a fait savoir, Ouglaouane Mourad, coordinateur principal à l’Agence nationale des barrages et Transfert (l’ANBT).
Par Akrem R.
Les changements climatiques et le stress hydrique obligent les pouvoirs publics à engager des opérations de dévasements coûteuses, certes, mais nécessaires pour la préservation des barrages et l’augmentation des volumes de stockage.
En effet, des investissements colossaux sont consentis dans ce domaine. D’ailleurs, selon notre intervenant, le traitement d’un mètre cube de la vase revient entre 170 à 190 DA. En clair, l’extraction de la vase est une opération qui coûte très cher pour le Trésor public. Des milliards de DA sont déboursés, annuellement, pour l’entretien et la préservation des barrages. «L’extraction de la vase est une opération très chère. Le coût de revient d’un mètre cube à dévaser est de 170 DA, actuellement, et lorsqu’on enlève des milliers de mètres de cube, ce sont des milliards de DA qui sont déboursés. L’enlèvement de 5 millions de mètre cube de vase, coûtera entre 1,5 milliards à 2 milliards de DA ! C’est une opération, certes chère, mais nécessaire», a souligné M. Ouglaouane, lors de son passage sur les ondes de la radio nationale «Chaîne II».
Un milliard de DA pour l’acquisition d’une drague
Ainsi, le matériel et les bateaux de dragage, utilisés pour ces vastes opérations de dévasements, sont importés de l’étranger. Ce qui est un autre fardeau que l’Etat supporte. L’acquisition d’une drague dépasse les 1 milliard de DA. À cet effet, et afin d’optimiser les coûts de ces opérations, l’Algérie s’est lancée dans la fabrication de ce genre de bateaux. «Nous avons initié une opération pour la fabrication de dragues en Algérie par une entreprise publique (ENCC- Alieco), dont une première drague est déjà opérationnelle au niveau du barrage de Beni Amrane (Boumerdes). Deux autres sont en construction avec des taux d’intégration appréciable. Ainsi, on aura trois dragues pour traiter l’envasement des barrages», détaille-t-il.
Pour faire face à ce phénomène naturel et améliorer les capacités de stockage des barrages, les autorités compétentes font recours à différentes méthodes de dévasement, a fait savoir Ouglaouane Mourad. «Des bateaux sont mobilisés pour extraire ces vases. Plusieurs projets sont lancés, notamment au barrage Foum El Gherza, dans la wilaya de Biskra, où nous extrayons 8 millions de m3, le barrage de K’sob dans la wilaya de M’sila où nous enregistrons l’extraction de 5 millions de m3, le barrage de Beni Amrane (Boumerdès) pour l’extraction de 5 millions de m3, Bouhnifia (Mascara) 5 millions de m3», a-t-il fait savoir, en précisant que deux méthode sont utilisées dans les opérations de dévasements, à savoir le méthode hydraulique et technique. Cette dernière a été expérimentée au niveau du barrage de la Chefa.
Vers la valorisation de la vase
Sur un autre registre, le même responsable a annoncé que des études sont en cours de réalisation dans le but de valoriser la vase et son utilisation dans les secteurs économiques. « Nous avons créé des zones de récupération de rejets de la vase qui peut être utilisée dans le domaine économique (agriculture, poterie, la briqueterie, l’industrie des matériaux de construction). Ces vases sont récupérables et valorisables, dira-t-il également. En clair, la valorisation de ces vases permettra d’amortir les coûts d’entretien et de préservation de ces barrages ayant coûté des centaines de milliards de dinars.
Outre la valorisation de la vase, l’ANBT a lancé un programme de plantation d’arbres autour de ces barrages pour la stabilisation des terres, la diminution de l’envasement, ce qui diminuera, également, le coût d’entretien. En effet, après avoir réalisé un programme de plantation de deux millions d’arbres en 2016 à 2018, l’agence a lancé un autre programme pour la plantation de 3 millions d’arbres dans les prochaines années.