Le tourisme algérien prépare son essor. Des investissements étrangers principalement du Qatar, de l’Arabie saoudite et du Koweït seront réalisés incessamment, dans cinq wilayas à travers le pays. En effet, des villages touristiques de cinq étoiles seront réalisés à Skikda, El-Taref, Beni Abbès, Jijel et Oran.
Par Akrem R.
L’annonce a été faite, hier, par Nabil Melouk, conseiller du ministre du Tourisme, de l’Artisanat et du Travail familial, lors de son passage sur un plateau de télévision. Il a fait savoir que des discussions sont en cours avec ces investisseurs ayant affiché une réelle volonté pour concrétiser ces projets dans les meilleurs délais. «Ces villages touristiques sont des signaux positifs pour l’avenir du Tourisme en Algérie», dira-t-il d’emblée.
Ce genre de projets ne pourrait qu’être bénéfique pour la diversification de l’économie nationale et surtout la promotion de la destination Algérie.
Ces hommes d’affaires des pays du Golfe ont le savoir-faire et les moyens nécessaires pour la dynamisation du tourisme en Algérie. En somme, des signaux positifs pour l’avenir du tourisme en Algérie. Ainsi, ces investissements touristiques permettront de promouvoir le tourisme en interne et en finir avec le phénomène de la sortie de la devise vers l’étranger. Annuellement, (avant la pandémie Covid-19), près de deux millions d’Algériens partaient en vacances à l’étranger, notamment, vers la Tunisie, la Turquie et certains pays asiatiques.
L’intervenant a fait savoir que son administration, est mobilisée pour faciliter et accompagner ces investisseurs, tout en soulignant que les portes de son département sont ouvertes à tous les opérateurs et investisseurs locaux et étrangers. « Nous avons élaboré tout une stratégie pour ce genre de projets d’investissements. Nous travaillons en synergie avec les autres départements pour réussir le plan de relance du gouvernement et, également, la redynamisation du secteur du Tourisme. Ce dernier est, d’ailleurs, considéré comme étant un des leviers de la croissance et de diversification de l’économie nationale», souligne-t-il, en relevant que l’Etat a levé le gel sur plusieurs projets d’infrastructures de base (chemins de fer, routes) et le lancement de travaux de VRD aux alentours de ces villages touristiques.
Nabil Melouk a, en outre, fait savoir que le ministère du Tourisme proposera à ces investisseurs d’engager des projets dans les Hauts Plateaux. Une région qui recèle des potentiels touristiques vierges importants. Sur un autre registre, les pouvoirs publics ont d’ores et déjà élaboré un programme pour l’amélioration de la qualité des services, et ce, en renforçant la formation de la main d’œuvre. Ce dernier est d’ailleurs le maillon faible du secteur dans notre pays. Souvent, la qualité d’accueil et de réception laisse à désirer. «Plusieurs projets touristiques sont en cours de réalisation par des opérateurs. Ces derniers se plaignent d’un manque de main-d’œuvre qualifiée», fait-il savoir. À cet effet, il est prévu l’ouverture de nouveaux centres de formation à Tlemcen et Ouargla.
Dans ce cadre, l’expert en investissement international, Mohamed Sayoud, a recommandé de recourir à des partenariats avec des pays leaders dans le domaine touristique, à l’instar de la Tunisie et de l’Egypte. « Nous devons accorder une grande importance à la formation professionnelle pour réussir notre plan de relance économique. C’est à travers des partenariats avec des pays leaders qu’on va améliorer notre qualité de formation», recommande-t-il. S’agissant de la question des prix, le conseiller du ministre du Tourisme a annoncé qu’un décret sur le plafonnement des prix sera bientôt promulgué. Actuellement, le marché est livré à lui-même. Les hôtelliers dérogent à toute règle fixant les prix. C’est l’anarchie totale ! Le président de la République, Tebboune a instruit son gouvernement pour le règlement de cette question dans les meilleurs délais. « Cette nouvelle réorganisation va faire baisser les prix», affirme-t-il.
A. R.
Ishak Kherchi, enseignant universitaire et expert en économie : « Organiser d’abord une Conférence nationale sur le tourisme»
L’expert en économie, Ishak Kherchi, a réitéré son appel pour l’organisation d’une Conférence nationale sur la relance du tourisme. C’est une condition sine qua non pour booster l’investissement dans ce domaine.
Sans cela, indique-t-il, l’investissement se réduira à une simple initiative singulière. «L’Algérie a besoin d’une véritable stratégie pour la relance de son tourisme», dira-t-il.
Le Premier ministre, Aïmen Benabderahmane, avait annoncé en janvier dernier, en marge de la Conférence nationale sur la relance de l’industrie, l’organisation prochainement de deux conférences similaires sur l’Agriculture et le Tourisme.
L’enseignant universitaire a estimé qu’il était souhaitable de finaliser d’abord le Code de l’investissement et la création d’une Agence nationale pour le foncier touristique. « Sans ces deux éléments, on ne peut pas parler de l’investissement touristique. Dans les conditions actuelles, il est difficile de réaliser ces villages touristiques», tranche-t-il.
Kherchi a recommandé au gouvernement de faire un diagnostic profond sur la situation du secteur, les projets d’investissements à l’arrêt, la récupération du foncier touristique non exploité et l’élaboration d’une cartographie des projets touristiques. « Nous devons donner la priorité à la redynamisation des projets en cours et de connaitre les préoccupations des investisseurs locaux», affirme-t-il.
Si nous voulons réellement effectuer un travail de terrain, indique-t-il, nous avons une occasion en or, à savoir les jeux méditerranéens prévus en juin prochain à Oran, pour la redynamisation de la destination Algérie. Les différentes ambassades à travers le monde sont appelées à s’impliquer en proposant des visas en groupes et le ministère du Tourisme doit également mobiliser tous ses moyens et structures pour la commercialisation de la destination Algérie, en organisant des foires et salons pour l’artisanat.
Pour cet expert, l’Algérie nouvelle a besoin d’une nouvelle organisation et coordination entre secteurs et la réalisation des projets selon les priorités.
Propos recueillis A. R.