Sur les 247 demandes déposées par des porteurs de projets innovants durant sa première année, l’Algeria Startup Fund (ASF), a pris en charge 65 projets, a indiqué M. Haftari dans une conférence de presse consacrée à la présentation du bilan à l’occasion du 1er anniversaire de la création de ce fonds. La valeur financière de ces 38 projets s’élève à 400 millions Da, financés par six banques publiques, a révélé le Dg de l’ASF. Faut-il pour autant parler de succès de création des Start Up ? La question se pose, et ce, d’autant plus que nous sommes encore loin de l’ambition du ministère délégué chargé de l’Economie de la connaissance et des Start-up de la création de près de 1.500 start-up d’ici la fin 2021. Néanmoins, en dépit des difficultés de financement qui en est le problème majeur, les Start Up veulent y croire.
Par Réda Hadi
Pour encourager les porteurs de projet, le gouvernement algérien a annoncé plusieurs mesures incitatives et une réglementation simplifiée. Parmi les dispositions prises par le gouvernement figurent aussi des avantages fiscaux et parafiscaux, avec l’exonération de certaines taxes et de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, approuvée par la loi de finances 2020, ainsi qu’une révision des cadres juridique et réglementaire.
«L’ère des obstacles administratifs et bureaucratiques est révolue», avait déclaré Abdelmadjid Tebboune, en annonçant la création d’un fonds spécial pour le financement des start-up. Un fonds alimenté par six banques publiques, mais dont le montant n’a pas encore été révélé.
Réserves
Cependant, pour de jeunes entrepreneurs, il aurait été préférable de faciliter l’investissement des acteurs privés plutôt que de solliciter une nouvelle fois, les banques publiques, de peur que l’on ne répète le scénario de l’Ansej.
Outre le moyen d ‘accéder au financement, la bureaucratie est omniprésente dans les démarches, car selon des entrepreneurs, des personnes vont, peut-être, poser leur candidature pour avoir le label start-up afin d’obtenir des financements et profiter des avantages fiscaux et parafiscaux, mais, même si ce sera plus difficile, car l’idée du ministre, c’est d’avoir des personnes de différents départements ministériels, des experts et professionnels de la Tech, qui vont former un comité et décider de ce qu’est une start-up et si le projet est valable ou non.
Pour autant, des handicaps structurels demeurent. Comment développer des start-up et pousser les gens à innover quand on souffre encore d’une connexion Internet lente et que le paiement électronique n’est toujours pas généralisé, entre autres?
Billel Aouali. Expert en économie et consultant nous a donné son avis sur la situation des Start-up en Algérie. «Les initiatives en matière de création de start-up se sont multipliées, ces dernières années. Projet du Pnud, programmes Elip, Indjaz, initiatives des opérateurs mobiles à l’instar d’Oredoo, de banques comme Société Générale Algérie, mais elles n’ont pas eu un grand impact sur le développement des start-up en Algérie. En un mot, ces programmes n’ont pas permis d’atteindre la taille critique de start-up, c’est-à-dire, un grand nombre susceptible de contribuer à une croissance forte de l’économie nationale. La scène économique nationale a enregistré, plutôt, un éparpillement des actions engagées dans ce domaine, sans véritable chef d’orchestre permettant de donner plus de cohérence aux différents projets engagés sur le terrain»
Pour l’expert, «le premier constat, est que ce dossier n’a pas été pris en charge sérieusement par les gouvernements qui se sont succédé ces dix dernières années, malgré les dernières assurances. L’exemple le plus significatif des freins au développement des start-ups est, sans conteste, celui de l’incubateur de Sidi Abdallah, dont le bilan reste bien maigre en matière de création de start-up durant ces cinq dernières années, en dépit de la bonne volonté des gestionnaires de cette infrastructure» informe-t-il.
Mais il faut reconnaître que ces résultats modestes en termes de création de start-up sont également dus à l’implication insuffisante des organisations patronales. Les opérateurs, en particulier les grandes entreprises publiques et privées, auraient pu accompagner le développement de ces start-up, soit en les encadrant, soit en les finançant. Ce ne fut à quelques exceptions, pas le cas, d’où cette béance dans l’écosystème national dans le domaine des start-up. L’absence des business angels, ces investisseurs qui viennent coacher et financer la start-up. Qu’on revoit ces images où, en Europe, de grandes salles sont réservées aux rencontres B to B entre les jeunes promoteurs de start-up et les business angels. Les uns en présentant leur business plan doivent convaincre les investisseurs de la rentabilité de leur projet, leurs interlocuteurs apprécient la valeur du projet et décident s’ils jugent de son intérêt économique d’entrer dans le capital de cette petite entreprise.
Pour réussir un financement celui-ci ne devrait pas être que vertical.
R. H.