L’Algérie qui fait face au phénomène de la sécheresse en continue depuis trois ans maintenant, a mis en place toute une nouvelle stratégie pour réduire l’impact du stress hydrique sur la population et sur le secteur agricole qui consomme près de 70% des ressources disponibles.
Par Akrem R.
Le gouvernement est entré en course contre la montre, en lançant des programmes d’urgence à travers la réalisation de nouveaux forages dans les différentes régions du pays et de nouvelles stations de dessalements d’eau de mer. Cette dernière est la solution pérenne pour assurer la sécurité hydrique du pays, dira d’emblée, Maâtar Messaoud, directeur général de l’Agence nationale des barrages et Transferts (ANBT).
Ce dernier qui s’exprimait hier en marge de l’ouverture du Salon Siee- Pollutec a salué la décision des pouvoirs publics concernant la généralisation des stations de dessalements. Pour lui, les barrages qui sont à peine remplis à 30,5% ne sont plus en mesure de répondre à la forte demande en eau. D’ailleurs, beaucoup de barrages sont à sec, à en croire les informations qui parviennent de partout dans le pays. Une situation qui s’explique par la baisse drastique de la pluviométrie ces trois dernières années.
Il est ainsi à rappeler, que l’Algérie exploite annuellement près de 11,3 milliards m3 d’eau de différentes sources (eaux souterraines, barrages, forages, stations de dessalement, STEP), dans l’objectif d’atteindre, à l’horizon 2030, une capacité de stockage nationale des barrages de 12 mds m3.
Quant à la capacité de mobilisation d’eau des 81 barrages du pays passeront de 8,3 milliards de m3, actuellement, à près de neuf (9) milliards de m3 en 2024, grâce à la mise en service de cinq nouveaux barrages, indique-t-on. Mais tout cela dépendra de l’amélioration de la pluviométrie, faut-il en convenir.
«Nous avons constaté une forte baisse des niveaux de remplissages de barrages, mais en contrepartie, la demande en eau augmente ! Le barrage est en mesure d’assurer un stockage pour une durée de trois ans», souligne le DG de l’ANBT dans une déclaration accordé à Eco Times.
Ceci résume la situation dans laquelle se trouve l’Algérie qui ne doit plus compter sur les eaux superficielles, d’autant plus qu’à l’horizon 2050 (selon certaines études), le taux de précipitations en Algérie et en Afrique du Nord diminuera à 20%.
Une donne que les hauts responsables ont bien comprise. Des orientations bien claires ont été données par le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour la généralisation des stations de dessalements de l’eau de mer sur le long de littoral de 14 wilayas. Des investissements colossaux seront consentis pour la réalisation de nouvelles stations, vitales pour garantir la sécurité hydrique du pays, avant de passer à la sécurité alimentaire.
2,2 millions de m3 d’eau dessalée/jour
Actuellement, la gestion et l’exploitation de 12 stations de dessalement et des 13 monoblocs réparties le long de la bande côtière, avec une capacité totale de dessalement avoisinant 2,2 millions de m3/jour, couvre environ 17% des besoins de l’eau potable à travers le pays.
L’objectif du secteur de l’Hydraulique est de passer à une couverture de 42% des besoins de la population en 2024. D’ailleurs, une nouvelle station réalisée à Corso (Boumerdès) entrera en service à la fin du mois de juin 2023, annonce-t-on. Ce taux devrait augmenter significativement, notamment avec la réception de cinq autres stations de dessalement pour atteindre 60% en 2030. Pour une durée de réalisation ne dépassant pas 25 mois, ces nouvelles stations seront d’une capacité de 300.000 m3/jour chacune, rappelle-t-on. Ces projets, lancés en 2022, sont implantés dans les wilayas de Tipasa (Fouka 2), Oran (Ras El Abiad), Béjaïa (Toudja), Boumerdès (Cap Djinet) et El Tarf (Koudiet Eddraouch).
L’AEP, une priorité
Le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, a insisté pour sa part sur le respect des délais de réalisation des projets AEP. Il a instruit les responsables de l’entreprise Consider pour réceptionner les projets de réalisation de stations de dessalements et autres projets AEP dans les meilleurs délais. Ainsi, le ministre a ordonné aux responsables des entreprises en charge de la distribution de l’eau (ADE, Seaal et Seor) pour veiller à assurer une gestion rationnelle de l’eau, notamment durant cette période d’été.
Il est à noter enfin, que l’Algérie compte, rappelle-t-on, près de 600 ouvrages de stockage, dont des barrages et des petites retenues d’eau, 13 systèmes de transfert des eaux, 25 stations de dessalement, systèmes d’épuration d’une capacité de traitement d’un (1) milliard m3/an, et près de 280.000 forages.
A. R.