Des données hasardeuses d’un Ex Ministre de 2003/2013 sur la situation économique, dont l’exploitation du fer de Gara Djebilet : Éviter d’induire en erreur l’opinion publique

Gara Djebilet

Par Abderrahmane MEBTOUL

3.-Qu’en est-il de l‘exploitation du fer de Gara Djebilet ? Concernant la mine de fer de Gara Djebilet, elle est l’une des plus grandes mines de fer dans le monde, composée de trois zones d’exploitation : Gara Djebilet-Ouest, Gara Djebilet-Centre et Gara Djebilet-Est.

Le lancement du projet est tributaire de la disponibilité de quantités suffisantes d’eau dans la région, les infrastructures ferroviaires et énergétiques dont la réalisation de la ligne ferroviaire reliant Béchar à Tindouf (950 km),inauguré récemment par le président de la République, destinée à acheminer le minerai de fer vers les sites de transformation et d’exploitation et de la résolution des difficultés techniques notamment celles liées à la teneur élevée du minerai en phosphore et en arsenic en parvenant à réduire le taux du phosphore dans le fer pour le porter de 0,8% à 0,03%, offre la possibilité à l’Algérie soit d’exporter le fer à l’état brut soit de le transformer localement.

En effet, le bilan relève que « le minerai est pénalisé par sa structure oolithique complexe et une teneur élevée en Phosphore nuisible dans la fabrication de l’acier donc devant résoudre ce problème technique.

Quel est la rentabilité du fer de Gara Djebilet au cours mondial du fer brut, devant tenir compte du coût et de l’évolution vecteur prix au niveau international et prévoir des coûts supplémentaires pour protéger l’environnement ainsi qu’une formation pointue, étant loin pour ce genre d’investissement une main d’œuvre non qualifiée, l’université de Béchar devant être associée ?

En prenant l’hypothèse optimiste, d’’un cours de 100 dollars la tonne, pour la phase préliminaire de trois millions de tonnes le chiffre d’affaires serait de 300 millions de dollars, pour le profit net, devant retirer les coûts importants de 50% selon les normes internationales restant 150 millions de dollars et en cas de la part du partenaire étranger 49%, restant à l’Algérie environ 76 millions de dollars.

La seconde phase qui verrait une production entre 40/50 millions de tonnes avec une augmentation progressive entre 2030/2040, pour une exportation brute de 30 millions de tonnes, nous aurons un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars.

Ce montant c’est le chiffre d’affaires et non le profit net auquel on doit soustraire les coûts très élevés représentant environ 50% du chiffre d’affaires, soit 1,5 milliard de dollars et en cas de la règle 49/51% , avec le partenaire étranger restant à l’Algérie pour le profit net environ 750 millions de dollars et pour 50 millions de tonnes 5 milliards de dollars, un profit net de 2,5 milliards de dollars pour l’Algérie et en cas de la règle 49/51% avec un partenaire étranger 1,25 milliard de dollars.

Le 09 mai 2022, le ministre des Mines (source APS) annonce officiellement que la réalisation du projet de Gara Djebilet nécessitera la réalisation de plusieurs installations, avec un coût variant entre 1 et 1,5 milliard de dollars par an sur une période allant de 8 à 10 ans.

Contrairement aux hydrocarbures dont le coût varie entre 5 et 10 dollars selon les gisements, le prix du marché le baril dépassant actuellement 80 dollars , l’exploitation du fer brut de Gara Djebilet ne procurera pas de rente, contrairement au segment hydrocarbures, mais un taux de profit moyen, sous réserve de la maîtrise des coûts.

L’on devra descendre à l’aval de l’arbre généalogique, les aciers spéciaux, pour avoir une grande valeur ajoutée mais nécessitant une formation pointue et de lourds investissements (plusieurs milliards de dollars), ces segments étant contrôlés par quelques firmes multinationales au niveau mondial, étant impossible d’exporter sans un partenariat avec des firmes de renom.

En conclusion , au moment où j’étais jeune conseiller et directeur des études au ministère de l’Industrie et au ministère de l’Énergie entre 1974 et 1980, nous avons étudié la faisabilité du projet de l’exploitation de fer de Gara Djebilet qui a été longtemps ensuite en gestation et je me félicite que sa réalisation soit devenue effectives car pouvant contribuer grandement à l’intégration de l’économie nationale ( substitution ‘importation ) et sous réserve, suite aux orientations du Conseil des ministres de ne pas exporter de fer brut, de descendre à l’aval pour la fabrication de produits nobles, dynamiser les exportations hors hydrocarbures et donc permettre des entrées en devises.

A. M.

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