Des discussions en cours avec des partenaires européens sur le développement du gaz algérien : Vers un afflux d’investissements étrangers

L’Algérie qui en tant que fournisseur de gaz, « fiable et sûr », pour l’Europe ne cesse d’appeler les pays du Vieux continent à contribuer au développement de l’industrie nationale gazière, une condition sine qua non  pour renforcer la sécurité énergétique, notamment des pays du Sud de l’Europe, en particulier durant cette conjoncture difficile et dont la géopolitique est en pleine mutation. 

Par Akrem R.

Le conflit russo-ukrainien a démontré, encore une fois, que les pays de ce continent sont fragiles énergétiquement d’autant que le développement des énergies renouvelables (EnR) n’avance pas au rythme escompté. Donc, la seule solution pour eux, c’est d’investir dans le gaz qui reste une énergie propre et durable. 

D’ailleurs, les derniers rapports parlent d’une contribution du gaz dans le mix-énergétique à hauteur de 40% à l’horizon 2050 et que les pays producteurs doivent dépenser plus de 9.000 milliards de dollars pour répondre aux besoins des marchés. Un montant faramineux difficile mobiliser par les producteurs, d’où, la nécessité de l’implication des pays consommateurs.

L’Algérie, pays membre du GECF, ne cesse d’appeler à la contribution des pays de l’UE notamment, à travers des financements adaptés. Des discussions sont en cours entre l’Algérie et des partenaires européens, dira le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, afin de les convaincre de poursuivre l’investissement dans le gaz en tant que ressource vitale et durable, contribuant à la sécurité énergétique et alimentaire. 

En effet, les refus de financement de l’UE des projets gaziers restent incompréhensifs, alors que certains pays comme l’Allemagne, sont revenus aux centrales à charbon, très polluantes, pour combler leur déficit énergétique.

Au début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, la plupart des pays européens avaient sollicité l’Algérie pour s’approvisionner en gaz et le substituer au gaz russe. Ce qui ne peut se concrétiser dans l’immédiat, d’autant que l’industrie gazière, qui nécessite d’énormes investissements, exige une vision prospective et claire du marché, s’étalant sur au moins 10 ans.

Les responsables de Sonatrach ont, d’ailleurs, été clairs sur cette question : «Si les pays européens ont besoin d’exportations supplémentaires de gaz algérien, ils devraient investir davantage dans le développement des ressources gazières en Algérie».

Le message de l’Algérie est limpide : la balle est dans le camp des Européens qui doivent investir dans l’industrie du gaz en Algérie ou de continuer à s’approvisionner en gaz américain à prix forts. 

 Face à cette situation de manque de financements étrangers, Sonatrach avait mis en place une stratégie visant à diversifier les partenaires en matière de financement faisant que beaucoup d’entreprises ont été convaincues d’engager des projets d’investissements en Algérie.

Lors d’une conférence de presse animée au terme des travaux du 7e Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) au Centre international de Conférence (CIC), Mohamed Arkab a fait observer, à cet égard, que la société italienne « Eni », par exemple, disposait d’investissement d’un volume de plus d’un (1) milliard de dollars en partenariat avec Sonatrach pour financer plusieurs projets d’exploration et d’exploitation. Il est à noter que seulement 47% du territoire a été explorés dans le pays, ce qui exige le lancement intensifié de nouveaux projets.

Augmentation des exportations vers l’Italie de 20% 

Dans le même ordre d’idées, il a salué les relations solides stratégiques dans le domaine énergétique entre l’Algérie et l’Italie, illustrées par un gazoduc d’une capacité de 32 milliards de mètres cubes par an, « ce qui est considérable », outre les projets d’électricité et le projet futur d’exportation d’hydrogène vers l’Allemagne, rappelant que la société « Snam » se chargeait de l’ingénierie depuis l’Allemagne et l’Autriche jusqu’en Italie et en Tunisie.

L’Italie et l’Algérie ont d’excellentes relations économiques, notamment dans le secteur de l’énergie. Cela est également démontré par le fait que les exportations de gaz de l’Algérie vers l’Italie ont augmenté de 20 % en 2023 et qu’une nouvelle tendance positive est attendue pour 2024.

« Notre pays a investi massivement, diversifiant l’approvisionnement et construisant de nouveaux gazoducs et infrastructures de GNL. Je mentionne en particulier le Transmed, connu ici sous le nom de gazoduc Enrico Mattei, grand nom italien dont l’Italie et l’Algérie partagent l’hommage. Eni, qui opère ici depuis 1981, a récemment inauguré la saison photovoltaïque et hydrogène. Les activités de collaboration avec Sonatrach sont également solides et en croissance et, grâce à un accord Eni-Sonatrach, des interventions sont déjà en cours pour réduire le torchage du gaz, l’un des objectifs que l’Italie partagera dans le communiqué de presse du G7 Climat-Énergie», a expliqué, avant-hier, le vice-ministre de l’Environnement et de la Sécurité énergétique, Vannia Gava à l’agence «Nova».

En Algérie, la loi sur les hydrocarbures offre de grandes facilitations aux partenaires pour la réalisation de projets énergétiques, notamment dans le domaine du gaz, ce qui a été  «accueilli de manière positive par les grandes compagnies énergétiques internationales qui sont actuellement en passe de préparer des contrats à long terme dans ce domaine », ajoute Arkab, rappelant que l’Algérie, en sus de l’exportation du gaz naturel via des gazoducs d’une capacité de 43 milliards de m3, œuvre à augmenter ses capacités en gaz naturel liquéfié, « dans le cadre de sa vision en faveur de nouveaux marchés, notamment le marché asiatique ». 

Pour sa part, le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, également présent à la Conférence, a rappelé que l’Algérie avait exporté l’année dernière 30 mds m3 de gaz naturel liquéfié (GNL), sachant qu’elle jouit des capacités lui permettant d’atteindre 56 mds m3.

Le projet du gazoduc transsaharien avance à grands pas

Questionné sur le Gazoduc transsaharien « TSGP » (Trans-Saharian Gas-Pipeline), le ministre Arkab  a affirmé que ce projet avançait à grands pas, ajoutant qu’il ne restait que 1.800 km, objet d’études techniques, à réaliser sur les 4.000 km prévus.

«Le projet qui s’étend sur 4.000 km d’Abuja aux côtes algériennes destiné à l’exportation du gaz nigérian a connu la réalisation d’une grande partie et il n’en reste que 100 km au niveau du Nigeria, 1.000 km au Niger et 700 km en Algérie, soit un total de 1.800 km », a-t-il précisé.

Dans le même sillage, le ministre a mis en avant l’importance de la réunion tenue avec le ministre nigérian des Ressources en marge du Sommet où il a été souligné « la nécessité de mobiliser tous les moyens pour la relance du projet après le retard enregistré », relevant que la relance de ce projet avait fait l’unanimité des trois pays.

Dans ce cadre, une coordination est en cours avec le Niger et le Nigeria pour parachever les études techniques nécessaires avant de réaliser les parties restantes. L’entrée en service de ce Gazoduc permettra la mise sur le marché européen de quantités supplémentaires estimées à 30 milliards m3 de gaz annuellement.

A.R.

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