Licenciements, chômage, pauvreté, flambée des prix… le front social et en ébullition et des syndicats annoncent un retour à l’«action». Ainsi, la Confédération algérienne des syndicats autonomes, qui regroupe quatorze syndicats de différents secteurs, monte au créneau pour exiger des solutions et menace de déclencher des mouvements de protestation, avertissant de recourir à toutes les actions de protestation « légales et pacifiques» pour amener le gouvernement à répondre favorablement aux revendications des travailleurs liées principalement au pouvoir d’achat.
Par Réda Hadi
La baisse continue du pouvoir d’achat dans un contexte de crise économique aggravée par la pandémie de la Covid-19, provoque une série des tensions sociales dans les services publics et fait donc réagir des syndicats. «La situation sociale actuelle n’augure rien de bon, et nous risquons de connaître une explosion du front social à la rentrée, devant la terrible baisse du pouvoir d’achat», avertissent, dans un communiqué rendu public, les quatorze syndicats autonomes issus de différents secteurs.
Situation inquiétante
Ces syndicats dénoncent l’augmentation «monstrueuse» des prix des produits de large consommation. En même temps, rappellent-ils, le gouvernement ne semble pas prêt à ouvrir le dossier de la révision de la politique salariale.
La situation économique s’aggrave jour après jour et entraîne la paupérisation de couches entières de la population, un chômage important, en bref, tous les indicateurs économiques sont au rouge»
Selon les chiffres officiels, la crise sanitaire a causé la perte de «500 000 emplois minimum». Et ce n’est pas fini. La récente décision de fermer seize ports secs (terminaux connectés par route ou par chemin de fer à un port maritime), devraient occasionner la perte de 4 000 emplois directs. La fermeture des usines de montage automobile, après un scandale tentaculaire de népotisme, et l’arrêt des importations de composants d’appareils électroménagers, ont coûté plus de 50 000 emplois en 2020, a reconnu le ministre du Travail, lui-même.
La situation est grave est sensible avertit la CSA, rappelant la multiplication des conflits sociaux dans les services publics (poste, éducation, administration fiscale, chemins de fer, pompiers et secteur de la santé éreinté par le COVID-19, et un taux de chômage évalué par le FMI à 14 %.
Au plan de la cherté des produits alimentaires de base, une illustration: devant l’inflation du prix de la pomme de terre, vendue 100 dinars le kilo, les autorités ont dû déstocker d’importantes quantités de cette fécule de base, afin de permettre aux Algériens de s’approvisionner à moins de 50 dinars le kilo.
La crise a touché tout le monde, et des économistes disent comprendre «le mécontentement de ces syndicats, celui des postiers, des fonctionnaires de la santé publique, des pompiers et des enseignants, colère qui reflète cette tension, difficile à apaiser en ces temps de crise sanitaire, faite de difficultés économiques et de baisse du pouvoir d’achat. Même les retraités sont mécontents, étant toujours en attente de la revalorisation, certes dérisoire, de leurs pensions, appliquée habituellement le 1er avril de chaque année» nous dit Mohamad Haddad, économiste.
Le gouvernement interpellé
Face à une situation délétère, l’Apoce pointe du doigt l’«impuissance de l’État» et nous a réitéré la proposition de son association de «régulation du marché», afin de «diversifier l’économie et la rendre moins spéculative».
Pour M. Haddad Mohamed, «le bricolage est non seulement dans la prise en charge des revendications socioprofessionnelles des travailleurs, mais aussi dans la protection des couches en situation de précarité. Pour les syndicalistes, la question urge et il y a réellement risque d’explosion, et si le gouvernement ne prend pas des mesures pour le renforcement du pouvoir d’achat, la situation pourrait devenir très grave»
La CSA a, quant à elle, rappelé dans son communiqué que «pour éviter l’embrasement du front social, les syndicats appellent le gouvernement à rendre aux travailleurs leur dignité à travers des décisions adéquates et urgentes pour améliorer le pouvoir d’achat », sans pour autant .laisser de côté leurs anciennes revendications. Ils rappellent que leur combat inclut également les anciens dossiers qui n’ont pas trouvé de solutions de la part du gouvernement, à l’exemple du dossier de la retraite, des libertés syndicales et celui de la santé publique et de la Sécurité sociale.
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Autre organisation syndicale à entrer en escène, le Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration Publique (SNAPAP), qui dans un communiqué rendu public en fin de semaine dernière n’annonce rien moins qu’«une grève générale» nationale en octobre prochain en vue dit-il de « défendre la dignité des travailleurs, leurs droits et préserver leur dignité ».
Le SNAPAP qui dit «suivre avec inquiétude la terrible hausse des prix des produits alimentaires de base et son impact sur le pouvoir d’achat du citoyen», met en garde contre cette détérioration, qui «entraîne des conséquences désastreuses au vu de l’augmentation continue des prix, notamment pour les produits subventionnés».
R. H.