Après plusieurs années d’une balance commerciale excédentaire, l’Algérie a enregistré un net déficit au 1er trimestre 2025. Une situation qui s’expliquait par un net recul des exportations, notamment celles des hydrocarbures, suite à la baisse des prix du pétrole et à une envolée des importations, aussi bien en volume qu’en valeur.
Par Akrem R.
C’est ce que les chiffres de l’Office n a t i o n a l des statistiques (ONS) ont indiqué. En effet, au cours des trois premiers mois de l’année, les exportations algériennes ont atteint 1 517,9 milliards de dinars, enregistrant une baisse de 5,8% par rapport à la même période en 2024 (1 610,6 milliards).
En parallèle, les importations ont bondi de 19,4 %, pour atteindre 1 787,2 milliards de dinars au premier trimestre 2025, contre 1 496,3 milliards un an plus tôt.
Le solde commercial devient ainsi déficitaire de 269,3 milliards de dinars, contre un excédent de 114,3 milliards un an auparavant.
Dans sa note sur l’Indice du commerce extérieur de marchandises 1er trimestre 2025 – Base 2019, l’ONS a indiqué que les échanges extérieurs ont été marqués par une baisse des prix, tant à l’exportation qu’à l’importation.
Dans le détail, les prix des exportations se sont repliés de 1,8 %, tandis que ceux des importations ont chuté de 4,6 % par rapport au premier trimestre de l’année précédente.
Cette tendance des prix contraste avec celle des volumes : les importations ont bondi de 25,2 %, alors que les exportations ont connu une diminution de 4,0 %. Parallèlement, le taux de couverture a connu une nette dégradation, passant de 107,6 % au premier trimestre 2024 à seulement 84,9 % en 2025.
Les termes de l’échange ont poursuivi leur amélioration, s’établissant à 133,0 % au premier trimestre 2025 contre 129,0 % un an plus tôt, traduisant ainsi une hausse de 3,1 % des prix relatifs à l’échange.
Hausse significative des volumes des importations
Cette dégradation de la balance commerciale s’explique en grande partie par une augmentation significative des volumes dans la majorité des catégories de produits. Une exception notable concerne toutefois les boissons et tabacs, dont les volumes ont reculé de 35,5 %.
Selon les chiffres de l’ONS, «au premier trimestre 2025, le volume total des importations a enregistré une hausse marquée de 25,2 % par rapport à la même période en 2024».
Parmi les groupes de produits importés, plusieurs postes se sont distingués :
- Boissons et tabacs : +54,1 % en prix ;
- Combustibles et lubrifiants : +47,4 % ;
- Huiles et graisses : +18 % ;
- Articles manufacturés divers : +15,9 %
- Produits alimentaires et animaux vivants avec +1,9 %.
En revanche, les machines et matériels de transport ont vu leurs prix baisser de près de 20 %, ce qui n’a pas empêché leur volume d’augmenter de 46,3 %, reflétant une intensification des importations d’équipements productifs.
Baisse de 5,8 % des exportations
Par ailleurs, concernant les indices à l’exportation de marchandises au 1er trimestre 2025, ces dernières ont connu une baisse de 5,8 % en valeur, comparativement à la même période en 2024. Ce repli s’explique par une baisse simultanée des volumes et des prix à l’exportation, indique la même source.
La diminution des prix globaux, évaluée à 1,8 %, est imputable à la baisse de 2,5 % des prix des hydrocarbures, principale composante des exportations, malgré une progression notable de
5,8 % des prix des produits hors hydrocarbures.
Quant aux volumes d’exportation, ils ont diminué de 4 % au premier trimestre 2025, en raison d’un repli des exportations d’hydrocarbures (-2,9 %) et d’une forte baisse des exportations hors hydrocarbures (16 %), par rapport à la même période de 2024.
En outre, les prix à l’exportation des marchandises hors hydrocarbures ont enregistré une hausse globale, touchant l’ensemble des catégories de produits.
Seules exceptions : les produits alimentaires ainsi que les boissons et tabacs, dont les prix ont respectivement diminué de 16,8 % et 2,3 %.
En somme, si les perspectives des termes de l’échange restent favorables, le recul des exportations conjugué à l’accélération des importations impose une vigilance accrue sur la dynamique extérieure de l’économie algérienne, en attendant une éventuelle correction dans les trimestres à venir.
Le Gouvernement a d’ores et déjà entamé des démarches pour une nouvelle réorganisation du commerce extérieur, visant à la rationalisation des importations et à l’augmentation des exportations, notamment hors hydrocarbures.
La semaine dernière, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présidé une séance de travail, en présence des secteurs concernés et des opérateurs économiques, pour coordonner les efforts afin de surpasser les contraintes rencontrées dans le commerce extérieur, en particulier les exportateurs. Ainsi, poursuivre les efforts pour la promotion davantage de la production locale et la substitution des importations.
D’ailleurs, des mesures importantes ont été prises afin d’accompagner les producteurs, tout en leur facilitant l’importation des matières premières nécessaires pour les industries de transformation.
La dernière décision des hautes autorités du pays, en libérant toutes les marchandises bloquées aux ports, témoigne de cette volonté de promouvoir la production nationale et d’aller à la conquête des marchés à l’international.
A. R.