La confirmation par Sonatrach de ses découvertes Touggourt et El Bayadh, ouvre de nouvelles perceptives au géant algérien du pétrole et du gaz. Cette annonce intervient après celle du pétrole et de gaz dans le Bassin de Berkine, avec son partenaire Eni. Sonatrach et son partenaire annoncent, ainsi, avoir réalisé avec succès, le forage du premier puits d’exploration. Avec la découverte des gisements à Touggourt et El Bayadh, Sonatrach confirme donc son retour à l’exploration, après deux ans d’une activité «au ralenti». A cause d’une demande mondiale faible, en effet, l’Algérie avait drastiquement réduit ses dépenses en matière d’exploration. Cependant, à la faveur de la hausse des prix des hydrocarbures et de l’appétence du marché international, «l’Algérie compte bien mettre en valeur la richesse du sous-sol», selon Toufik Hakkar le Pdg du groupe.
Par Réda Hadi
Sonatrach a alloué une enveloppe financière de près de 40 milliards de dollars pour le développement de ses activités durant la période allant de 2022 à 2026 et a prévu de se concentrer sur l’exploration du pétrole et du gaz. «La plus grosse part sera consacrée à l’exploration et la production, pour préserver nos capacités de production», a précisé Toufik Hakkar
Illustration de ce changement de cap, à la mi-décembre, le géant des hydrocarbures a signé un contrat de production pétrolière d’un montant de 1,4 milliard de dollars avec le groupe italien Eni, ainsi qu’un accord de coopération dans la transition énergétique. Le contrat couvre une superficie totale de 7 880 km2 dans la partie sud du bassin de Berkine (sud), où Sonatrach et Eni opèrent depuis 2013. Il s’agit du premier contrat entre les deux partenaires depuis la promulgation, en novembre 2019, d’une nouvelle loi sur les hydrocarbures introduisant le partage de production.
Depuis le début de la crise russo-ukrainienne, les Européens ont commencé à courtiser l’Algérie, qui voudrait, de son côté, se positionner comme un acteur incontournable pour l’Europe. Mais, pour le moment, notre pays ne produit pas suffisamment de gaz pour satisfaire le marché européen.
A cela, des observateurs soulignent que l’Algérie, en dépit des efforts qu’elle veut bien consentir, ne peut aller au-delà de ses capacités actuelles qui sont limitées, tant en matière de gaz que de pétrole.
Relever les investissements
Pourtant, l’ancien ministre de l’Énergie et ex-PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, n’hésite pas à accorder des satisfécits à Sonatrach sur les résultats obtenus en matière de recettes d’exportation en 2021 par rapport à 2020, mais relève les défis qui restent à affronter, aussi bien en amont qu’en aval du secteur des hydrocarbures. Par ailleurs, M. Attar souligne aussi que le montant des investissements programmées à 2026, n ‘est pas aussi énorme qu‘il ne le paraît, car selon lui, «c’est pratiquement le chiffre programmé depuis au moins depuis 2016 avec une moyenne de 8,2 milliards de dollars par an. Il devrait même être en principe supérieur à ce niveau pour une compagnie de la taille de Sonatrach»
Capacités de production limitées
Une autre problématique a été soulevée par M. Nabil Djemaa, expert judiciaire en opérations financières, qui estime pour sa part, que «l‘Algérie n‘a pas les capacités matérielles pour augmenter sa production, et cela à cause d‘un manque d’investissements, tant dans le gaz , que le pétrole depuis 7 ans»
Des investissements en stand-by
Pour cet expert «Notre pays n’a pas investi dans ce domaine depuis 7ans, et cela, suite aux recommandations du FMI et de la Banque Mondiale, qui, à ce moment-là, estimaient, que ces investissements n’étaient pas rentables. Je précise aussi que les 10 plus grandes compagnies pétrolières mondiales (dont Sonatrach), ont fait la même chose»
Pour M. Djemaa, «nous aurions pu éviter de suivre à la lettre les « conseils » du FMI ou de la Banque Mondiale, si on avait un ministère de la planification». Celui-ci affirme que «si l’Algérie avait une structure de planification, celle-ci aurait établi un business plan et des études de faisabilité à long terme, sans avoir à suivre au pied de la lettre des recommandations d‘institutions, dont les vues géostratégiques différent des nôtres. On a arrêté d‘investir depuis 2014, et les résultats de reprise des investissements ne peuvent être visibles que dans 8 ou 10 ans»
Pour l‘expert, notre «indépendance de réflexion et de projection à long terme, doivent être prises en charge, et ce, d‘autant plus que les compétences nationales existent»
Des économistes mettent en avant aussi, que l’Algérie est déjà sous pression de la consommation intérieure en gaz naturel qui ne cesse d’augmenter, alors que les capacités de production sont toujours concentrées sur les principaux gisements qui produisent depuis des décennies au maximum de leurs capacités. Une équation difficile à résoudre pour Sonatrach mais qui devra le faire.
R.H.