D’importantes décisions ont été prises, dimanche soir, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de la dernière réunion du Conseil des ministres. Entre autres, la préservation et l’amélioration du pouvoir d’achat des Algériens s’est avérée l’une des préoccupations majeures du chef d’Etat, avant les autres dossiers économiques, ainsi, des experts tout en les saluant, n’avertissent pas moins que ces décisions, dont la réduction de l’IRG et la révision du point indiciaire de la FP, pourraient avoir un impact négatif sur le Trésor public, puisque cela nécessiterait des « fonds énormes » selon eux.
Par Akrem R.
Des orientations claires ont été données à l’Exécutif afin de prendre toutes les dispositions nécessaires à cet effet. A ce titre, il a ordonné immédiatement : « La réduction de l’impôt sur le revenu global (IRG) »; « L’augmentation du point indiciaire dans la Fonction publique »; « La coordination étroite entre les ministères du Commerce et de l’Agriculture en vue d’assurer un contrôle maximal sur les produits agricoles, les légumineuses et les pâtes alimentaires».
Pour l’expert en économie, Abderrahmane Hadef, des décisions pareilles étaient attendues, vu la conjoncture difficile que vit le pays et particulièrement le citoyen. Il faut, tout simplement, saluer ces décisions qui sont à caractère urgent et essayer de préserver le pouvoir d’achat, en équilibrant un peu les budgets des ménages.
L’augmentation de la note indiciaire, qui est l’une des réclamations et revendications anciennes des la population active, aura certainement un impact positif sur les salaires. Mais, explique Hadef, cela dépendra du taux de la révision de cette note et sur l’impact qu’elle aura sur le pouvoir d’achat des fonctionnaires, en particulier. Ainsi, la révision de l’impôt sur le revenu (IRG) qui va certainement concerner uniquement les salaires et pas l’ensemble de l’impôt sur le revenu global qui concerne les activités économiques, aura également un effet positif sur les salaires. «C’est une décision importante pour le citoyen et garantira une meilleure situation financière pour les années à venir. Quoi que, c’est une décision qui aura un impact temporaire même si elle est la bienvenue. Les employés auront à y gagner sûrement, suite à cette décision», a-t-il souligné.
Sur un autre registre, le président de la République a ordonné au gouvernement d’enrichir le projet de loi de Finances 2022 de la manière suivante : « La nécessité d’appliquer l’impôt sur la fortune après sa redéfinition avec précision dans la loi de Finances 2022 »; « La mise en place d’un mécanisme facilitant la cession des logements locatifs de l’Etat, relevant des Offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI), en veillant à actualiser leur prix et à faciliter aux concernés l’obtention des livrets fonciers »; « Consentir un abattement de dix (10%) au profit des personnes concernées par l’acquittement des créances des logements AADL qui s’acquittent de la valeur du logement ou des tranches en un seul versement » et d’« accélérer la création de la Banque de l’Habitat en trouvant un mécanisme entre la Caisse nationale d’épargne et de prévoyance (CNEP) et la Caisse nationale du logement (CNL) ».
Dans ce cadre, notre interlocuteur, en l’occurrence Hadef Abderrahmane a indiqué que l’impôt sur la fortune, «ne peut se faire qu’une fois les ajustements et les textes définis», en soulignant la nécessité d’appliquer cette taxe d’une façon juste et efficace, d’une manière à ce que notre économie et le Trésor public en bénéficiera. En somme, dira-t-il, cette taxe sur la fortune est la bienvenue pour la finance publique.
Une autre pression sur le budget de l’Etat
Par ailleurs, l’enseignant universitaire et expert financier, Slimane Nacer, a qualifié les mesures du Président (baisse de l’IRG et augmentation de la note indiciaire) de bonnes, mais pesantes sur le Trésor public.
«Augmenter la note indiciaire entraînera, automatiquement, une augmentation des salaires, et cela nécessite des fonds énormes en raison de la masse importante des salaires, notamment, durant cette période où le budget et la trésorerie souffre d’un déficit important», a-t-il souligné, en s’interrogeant sur la manière avec laquelle le gouvernement couvrira ces incidences financières ?
Il est à noter dans ce cadre, que le président avait privilégié la piste de l’endettement interne pour répondre aux besoins financiers du pays. Toutefois, et de l’avis de beaucoup d’experts, cette piste est difficile à concrétiser sur le terrain. Ainsi, Slimane Nacer a indiqué, également, que réduire l’impôt sur le revenu, c’est, automatiquement, réduire une ressource importante pour le budget de l’Etat.
Tout cela signifie, en somme, une réduction des ressources ordinaires du budget, d’une part, et une augmentation de ses charges et dépenses d’autre part, et «si cela est dû à la dépendance optimiste vis-à-vis de l’autre type de prélèvement, qui est la taxation du pétrole, en raison de la hausse conjoncturelle des prix du pétrole et du gaz, alors c’est un optimisme déplacé et confirme que nous n’avons pas tiré les leçons du passé». Certains s’appuient également sur l’impôt sur la fortune pour compenser ces ressources, l’expert estime le contraire en indiquant que cet impôt a été déjà imposé sans donner de résultats.
A. R.