L’environnement, a été l’un des secteurs abordés lors du dernier Conseil des ministres, qui s’est tenu dimanche dernier. Comme attendu, il a fait l’objet d’instructions émanant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Par Zoheir Zaid
De par son impact sur la vie citoyenne et la santé publique, le secteur de l’environnement a une place récurrente dans les rencontres des hautes instances de l’Etat.
Qu’il soit abordé en totalité ou par les secteurs qui l’accompagnement, dont les Energies renouvelables et l’efficacité énergétique. , l’environnement ne peut laisser indifférent.
Pour l’exemple, lors du Conseil du Gouvernement du 25 septembre 2021, a été adopté le projet de décret exécutif portant création du Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique.
Néanmoins, au-delà des discours et des promulgations législatives et réglementaires, la réalité sur terrain demeure contraignante.
A commencer par une pollution multiforme, atmosphérique, marine, urbaine, sonore et autres, et dont les répercussions négatives ne se répercutent pas uniquement sur l’humain mais, également, sur la faune et la flore.
Ensuite, en matière de valorisation du potentiel, notamment, celui de recyclage des déchets. Selon une récente étude de l’Agence nationale des déchets (AND), cette filière peut générer 7 200 emplois, dont 220 emplois directs et plus de 5 000 indirects, et 90 unités dans le domaine du recyclage des déchets plastiques. Pour sa part, le directeur de l’AND, Karim Ouamane, a estimé, dans une déclaration médiatique, que le marché national des déchets s’élève à 2 milliards de DA. L’Algérie, selon ce même responsable, produit annuellement 20 millions de tonnes de déchets, toutes catégories confondues, dont 12 millions de tonnes de déchets ménagers et dont 35% sont produits dans 4% du territoire national. Outre son aspect de rentabilité, le recyclage des déchets contribuera à l’embellissement du cadre de vie et de réduire les effets des maladies infectieuses, à transmission hydrique et autres.
Le recyclage des déchets, demeure, de l’avis unanime, un créneau à encourager, car une dynamique en la matière est à relever. Celle-ci touche aussi bien le recyclage du plastique, du carton, du caoutchouc, du papier, du verre et, tout récemment, les pneus. Même les déchets électriques et électroniques ne sont pas en reste, car ils se sont vu accorder des rencontres, notamment, autour de la question réglementaire (concernant la filière des déchets électroniques).
Enfin, le cheval de bataille est aussi bureaucratique, à travers l’assouplissement des dossiers administratifs des investisseurs, et aussi leur traitement dans les délais raisonnables.
Instructions de Tebboune :
-Impliquer le citoyen dans l’intérêt accordé au secteur de l’environnement en collaboration avec la société civile en tant qu’alliée du secteur ;
-Intensifier les campagnes de sensibilisation et renforcer l’esprit de compétitivité dans le domaine environnemental, au niveau des écoles et entre quartiers, en vue de parvenir à une bonne qualité de vie ;
-Valoriser les initiatives enregistrées dans certains villages et quartiers en vue de promouvoir la culture environnementale ;
-Encourager l’investissement environnemental, notamment, dans le domaine de la transformation et de l’exploitation des déchets ménagers qui constituent une véritable richesse.
Déclarations :
Hacene Menouar, président de l’Association El-Amane pour la protection des consommateurs
« Au-delà des discours, il faut des projets vitaux »
« Concernant les instructions, visant un domaine vital, que ce soit pour l’économie que pour le consommateur, elles ne sont que les bienvenues. Car le consommateur doit, pour vivre dans un environnement sain, sécurisé, tranquille, avoir un environnement sain.
Mais, un ‘’MAIS’’ en majuscule, on aimerait plus d’actions que de discours. Car quand on parle beaucoup, on va travailler moins. Les instructions du Président doivent avoir des applications sur terrain. Au-delà des discours, il faut aller vers des projets utiles. Et c’est là, entre autres, la mission du ministère de l’Environnement, que l’Algérie est l’un des rares pays dans le monde à en avoir. Malheureusement, en dépit d’une décennie d’existence, il n’y a pratiquement rien qui a été fait pour l’environnement. D’autant que le ministère dispose de 48 directions de l’environnement (58 actuellement), mais on ne ressent rien sur le terrain, aucune approche à relever. Pourtant, c’est simple : à défaut d’une bonne réflexion, on n’a qu’à calquer les actions des autres pays qui ont les mêmes spécificités de l’Algérie.
Le ministère doit réaliser des projets, élaborer des lois et, surtout, les appliquer, mais aussi effectuer des sondages en associant des experts en la matière afin de trouver les solutions idoines.
Par ailleurs, le mouvement associatif doit revoir son fonctionnement. Qu’il cesse d’agir ponctuellement, de faire du populisme et de contenter les pouvoirs publics. Aussi, les associations doivent savoir que leur mission n’est pas seulement de porter des gilets et des gants pour nettoyer les artères. Certes, l’action est louable mais ce n’est pas leurs uniques prérogatives, mais doivent faire de la réflexion et trouver les résolutions adéquates. Que nous, associations, aillent le courage de reconnaitre que tout ce que nous avions à ce jour est faux.
Quant au citoyen, arrêtons de tout lui mettre sur le dos. Le citoyen est facilement sensible à la question de l’environnement. Il faut lui faire croire ça, que « l’Algérie est chez eux », lui faire une confiance et qu’il doive se « réapproprier l’espace public. »
Asma Mokhtari, licenciée en sciences de l’environnement et Master en écologie des écosystèmes aquatiques, Skikda
« Valoriser les initiatives par un projet-pilote. »
La relation du citoyen avec son environnement est régie par l’équation droits/devoirs. L’Etat doit améliorer le cadre de vie des citoyens qui, à leur tour, doivent le préserver.
La sensibilisation autour de la question environnementale, est, par ordre d’importance, le rôle des médias et du secteur de l’Education.
Les associations environnementales et les comités de quartier, ces derniers sont souvent absents, doivent collaborer pour dénoncer les atteintes à l’environnement, mais aussi participer à la préservation de ce dernier.
Je me demande, également, l’utilité du tri sélectif, alors que, parfois, on peine à trouver des poubelles pour y jeter les ordures ménagères.
Quant à l’investissement dans le secteur environnemental, un simple diplômé ne sait pas comment lancer son projet, il a, donc, besoin d’orientation, en plus du problème de la bureaucratie, qui constitue un grand obstacle pour les jeunes investisseurs.
Pour la valorisation des initiatives, je pense qu’il faut commencer par promouvoir une initiative-pilote dans un village ou cité. Ensuite, instituer un prix récompensant les lauréats qui l’auront adoptée dans les autres quartiers, comme par exemple, aménager un espace vert. »
Mohammed Tabbouche, président de l’Association Bariq 21 de Skikda
« Promouvoir la démocratie participative pour les OSC »
« La volonté politique y ait, il ne reste que de la mettre en pratique sur le terrain. Dans ce cadre, il est temps de pondre les textes d’application et de faciliter les procédures au profit des jeunes investisseurs. Libérer les énergies et encourager les initiatives, sont les conditions sine qua none pour développer le secteur de l’environnement. D’autre part, il est impératif de promouvoir la démocratie participative pour les Organisations de la société civile (OSC) pour que celles-ci aient plus d’implication pratique, donc plus d’impact. »
Z. Z.