Les associations écologiques, aquatiques, subaquatiques et autres sont celles qui s’occupent du nettoyage des plages, les «dépossédant» des bouteilles et autres déchets inertes qui jonchent le sable et encombrent le fond des mers. Cette opération semble devenir, le temps aidant, l’apanage du mouvement associatif.
Par Zoheir Zaid
Les associations écologiques lancent cette initiative avant, durant et après la saison estivale, dans le cadre d’une campagne dont elles prennent soin de bien médiatiser via les réseaux sociaux (Facebook et Instagram, particulièrement), recourant à la technique du Trash Tag (consistant en l’affichage des photos montrant le lieu, avant et après le nettoiement). Et ça fait le buzz, accompagnés d’avis généralement positifs des internautes.
Les associations aquatiques et subaquatiques, d’une manière particulière, qui utilisent l’espace marin pour leurs activités de loisirs et de formation en direction de leurs adhérents, semblent tout aussi préoccupés de l’espace sablonneux et mieux, du fond marin, prenant quand il le faut, le temps de bien relooker ces deux lieux.
Par ailleurs, et cela fait tendance depuis quelques temps, même les associations à caractère social apportent leur grain de sel au nettoiement du littoral.
Elles le font lors des excursions qu’elles organisent au profit des malades ou des pensionnaires des Foyers pour personnes âgées (FPA). Joignant, ainsi, l’utile à l’agréable, comme on dit !
Rarement aussi, quelques artisans spécialisés dans le recyclage des matières jetables, procèdent à la collecte des bouteilles et sachets en plastiques, afin de concevoir des produits artisanaux qu’ils commercialisent lors des expositions et autres rencontres avec le public.
Budget et personnel insuffisants
Nettoyer la plage est une action louable à juste titre, et dont on ne peut qu’encourager pour sa bonne continuité. Toutefois, elle aurait provoqué un laisser-aller officiel: l’abandon de cette mission par les APC et entreprises publiques d’hygiène et de nettoyage.
Mais comme indiqué, la mission principale de cette tâche très bénéfique pour l’environnement et le tourisme, demeure prioritairement dévolue aux organismes précédemment cités.
Les APC, à travers le territoire national, invoquent le problème de personnel devant s’en occuper. Un argument qui demeure contestable. Car la mairie peut prétendre recruter saisonnièrement.
Certes la tutelle communale, daïra ou service compétent de la wilaya, s’oppose parfois sans raison valable (et le cas de budget insuffisant ne tient pas la route comme argument) à cette demande. Généralement les P/APC n’ont pas assez de courage pour dénoncer, via la presse, ce refus désavantageux pour l’Economie locale, et partant, nationale.
Pour leur part, les entreprises publiques économiques de nettoyage, qui relèvent de la compétence territoriale des walis, sont bien plus nanties en revenues financières et en moyens matériels et humains, ce qui leur donne un cran au-dessus des APC pour prétendre nettoyer nos plages. Elles n’ont donc aucune justification en laissant nos plages sales.
Des milliers d’emplois
En avantage économique, le nettoiement des plages peut avoir un impact certain en pourvoi de postes d’emploi.
En Algérie, selon le Commissariat national du Littoral (CNL), il y a 141 communes côtières relevant de 14 wilayas littorales. Le nombre de plages que compte l’Algérie est de 4.588, dont 362 sont autorisées à la baignade.
Un simple calcul mathématique donne ceci: 5 recrues par plage, ça nous donne 22.940 postes d’emplois créés, dont 1.810 au niveau des plages autorisées à la baignade. Au moins.
A cela s’ajoute le recyclage et compostage escompté des ordures ménagères (déchets ménagers et assimilés DMA) dans les centres urbains, qui constituent le plus grand foyer, dont le taux de valorisation n’a pas dépassé les 10% en moyenne, durant ces trois dernières années.
C’est dire que ce volet reste vierge et promoteur, comme le traduisent ces chiffres-là: La production des DMA atteindra 1,23 kg /hab/jour en 2035, soit près du tiers de celle enregistrée en 2016, selon l’étude intervenant dans le cadre de la stratégie nationale à l’horizon 2035 (SNGID 2035).
Pour l’exemple, au niveau du littoral d’Alger, ce sont 4 tonnes de déchets qui ont été récupérés durant la récente campagne de mer, selon les chiffres communiqués par le directeur de la Chambre nationale de la pêche et de l’aquaculture de la wilaya d’Alger, Ali Bit, qu’il a tenus en marge de la 8ème édition des «Ports et barrages bleus 2021», dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de l’environnement, qui coïncide avec le 5 juin de chaque année.
La récupération des déchets et sa valorisation est un filon porteur pour les entreprises intervenant dans le processus de recyclage. Les parties devant être impliquées en oublient apparemment la portée.
Sanctionner le plagiste pollueur
Terminons aussi par l’aspect répressif: sanctionner tout plagiste, estivant et touriste qui rendent nauséabondes nos plages. Appelons-la comme on veut, «Police du littoral», «Police de lutte contre les déchets inertes», «Police de protection des plages», l’essentiel est de mettre en place ces organes ou redynamiser celles ayant un lien avec cette mission.
Car apparemment, «le citoyen pollueur du littoral» ne connait pas de limites en matière de salissures. Autant donc le punir !
Z. Z.
