Beaucoup de choses sont à revoir, notamment dans le domaine de gestion économique. En effet, il y a un énorme écart entre les objectifs fixés par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune et les résultats réalisés jusqu’à présent. En clair, l’administration est en déconnexion avec les objectifs tracés par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Par Akrem R.
Une situation qu’explique, Mahfoud Kaoubi, expert en questions géoéconomiques et financières, par l’existence d’une « véritable résistance au changement », par rapport aux objectifs tracés par le président de la République.
Celui-ci s’interroge, d’ailleurs, sur le fait qu’à chaque fois, le Président Tebboune, instruit le gouvernement et les différents secteurs de mettre tout les moyens, d’une manière rapide, afin de réaliser ces objectifs, notamment, la construction d’un Etat moderne et d’une économie compétitive afin de contribuer au bien être du citoyen. Malgré cela, ajoute-t-il, les résultats ne sont pas à la hauteur des objectifs tracés, qui étaient inscrits aussi dans les 54 recommandations du Président Tebboune lors de son élection à la tête de l’Etat.
Selon Mahfoud Kaouabi qui s’exprimait, hier, sur les ondes de la radio nationale « Chaîne III », « l’absence de chiffre et de statistiques, qui favorise l’opacité » est la cause principale des retards enregistrés. Là aussi, enchaine-t-il, « le Président Tebboune a ordonné de mettre en place un système de statistiques fiable et visible, qui permettrait de mesurer les réelles réalisations et de relater la réalité ».
L’expert en questions géoéconomiques et financières estime qu’il est indispensable d’activer les processus et de donner un rythme accéléré aux réformes. C’est une obligation, dira-t-il, afin de saisir les opportunités qui se présentent aujourd’hui.
A cet effet, l’intervenant a recommandé de procéder, et en urgence, à une réforme profonde de l’Administration, tout en procédant à une nouvelle réorganisation. Ces trois dernières années, « nous avons procédé aux changements de personnes mais pas à son organisation. C’est là que le changement doit être opéré», souligne-t-il, en appelant également à la mise en place de systèmes de la gouvernance performants et également des profils pour désigner des responsables et avoir ce système d’information qui permet de mesurer des activités.
Un remaniement du gouvernement ?
L’expert à noté que des dispositifs ont été mis en place mais qui sont inopérants et ne collent pas à la réalité du terrain. Cette situation a fait réagir le président de la République, en haussant le ton envers son Exécutif. D’ailleurs, certains observateurs estiment qu’un remaniement au sein du gouvernement serait effectué dans les prochains jours. Certains départements n’ont pas agi d’une manière appropriée afin de résoudre certaines problématiques. Pire encore, des décisions ont été contreproductives, à l’instar de la régulation du commerce extérieur.
En effet, l’interdiction d’importation de beaucoup de produits en guise de protection du produit «made in bladi» a créé des situations d’incertitude chez les citoyens, au bien-être duquel le président accorde une grande importance. En effet, les circuits de la distribution ont été perturbés. Résultats : les prix ont flambé et le pouvoir d’achat des ménages régresse ! C’est tout simplement de l’incohérence entre l’action et les décisions salutaires prises par le chef de l’Etat pour la préservation du pouvoir d’achat des Algériens (augmentation des salaires, révision à la baisse de l’IRG et subvention des produits de large consommation).
Pour l’expert Mahfoud Kaoubi, l’Algérie a besoin de moins d’administration, moins de bureaucratie et plus d’efficacité dans la gestion des dossiers économiques pour atteindre les objectifs tracés par le chef de l’Etat. Sans cela, indique-t-il, on ne va pas aller loin.
Pour cet expert, l’administration algérienne agit actuellement en monopole et traduit par zèle excessif les directives qui lui sont soumises. Cela induit, par conséquent, un décalage entre les ordres et les résultats.
Comment casser la bureaucratie ?
A cet effet, recommande Kaoubi, il faut sortir de la doctrine de tout fermer et de tout administrer qui appartient à une logique d’il y a une cinquantaine d’années. Les logiques de comportement et de consommation sont aujourd’hui différentes.
Aussi, il estime qu’il est indispensable d’activer les processus et de donner un rythme accéléré aux reformes. « Une obligation afin de saisir les opportunités qui se présentent aujourd’hui ». Dans un monde en transition, il convient de réfléchir à la manière dont nous devons réformer nos structures et nos politiques. Fini le « business as usual » – il est temps de mener à bien une transition économique indispensable pour assurer une prospérité durable dans une saine équité. C’est le seul moyen d’inscrire l’Algérie dans une nouvelle voie et adhérer au groupe des Brics. En somme, faire émerger l’Algérie, ce sont des défis à réaliser. C’est également des réformes qui doivent être lancées rapidement.
Questionné sur comment casser la bureaucratie, l’intervenant est catégorique : « Il faut sévir, dénoncer, impliquer le citoyen, réorganiser cette administration (nous sommes toujours sur la même organisation. Nous avons changé les personnes mais pas l’organisation). Le gouvernement en place n’est pas au même rythme des directives du chef de l’Etat. D’ailleurs, c’est pour cela, qu’il a décidé de nommer un médiateur de la République, alors que nous avons des institutions au niveau local et central. Même chose pour la loi sur l’investissement. Certes, elle est fin prête, mais l’agence pour le foncier économique n’est pas encore installée. Pourquoi ce retard ? « Pourquoi doit-on attendre 3 ans pour finaliser les réformes. Ce temps de 4 années pour confectionner un cadre juridique. C’est trop !»
A. R