L‘Environnement des affaires tend à s‘éclaircir en Algérie. En levant certains verrous, comme la loi 49/51, controversée depuis sa création en 2009, le nouveau code des investissements algérien suscite bien des espoirs pour la relance économique. En effet, le directeur général de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), Mustapha Zikara, a révélé, hier mercredi, que le nombre de dossiers déposés auprès de l’agence au cours de l’année 2021, s’élève à 1.877 dossiers, pour un montant total dépassant 526 milliards de dinars.
Par Réda Hadi
Mustapha Zikara a aussi précisé, que le nombre de postes d’emploi proposés dans ces projets dépasse les 46.000, dont la plupart sont liés au secteur industriel, avec 980 projets d’une valeur de plus de 275 milliards de dinars, tout en offrant plus de 28.000 postes d’emploi.
Pour ce responsable, la grande importance de la nouvelle loi sur l’investissement et le rôle de premier plan qu’elle jouera dans le soutien à l’Agence nationale pour le développement de l’investissement, vise à créer un environnement d’investissement attractif, qui relancera le secteur en Algérie. Si la dynamique semble être enclenchée, des observateurs soulignent que rien « n ‘est encore joué» . Des efforts sont encore à faire pour pérenniser cet élan des investissements, et «l’important est de capter davantage d’IDE».
Par ailleurs ces mêmes observateurs estiment qu’il faut dépasser la dominance de la démarche administrative et bureaucratique au détriment de la démarche opérationnelle économique, car les changements périodiques d’organisation démobilisent les cadres du secteur économique public, et même les investisseurs locaux et étrangers.
Pour Billel Aouali, économiste et consultant, «nous sommes sur la bonne voie, reste à la concrétiser. Il demeure à savoir dans quels secteurs ces participations ont-elles eu lieu et ont-elles permis l’accroissement de la valeur ajoutée, sachant que la croissance de par le monde repose sur l’entreprise initiée aux nouvelles technologies, se fondant sur l’économie de la connaissance à travers des réseaux décentralisés. Quel est le gain en devises, ou alors, quel est le montant des surcoûts supportés par l’Algérie ? Car l’évolution des relations économiques internationales montre que ce qui était stratégique, hier, peut ne pas l’être aujourd’hui, ni demain – exemple les télécommunications».
Pour M. Sayoud Mohamed, gérant d‘un bureau d ‘investissements, «l’investissement hors hydrocarbures en Algérie, porteur de croissance et créateur d’emplois, est victime de nombreux freins dont les principaux restent l’omniprésence de la bureaucratie et la corruption qui freinent la conduite des affaires, ainsi que l’extension de la sphère informelle qui contrôle plus de 40% de la masse monétaire en circulation. Le terrorisme bureaucratique représente, à lui seul, plus de 50 % des freins à l’investissement et son élimination implique l’amélioration de la gouvernance et une plus grande visibilité et cohérence dans la démarche de la politique socio-économique».
A ce sujet, M. Billel Aouali, précise que «la réforme du système financier, cœur des réformes, est essentiel pour attirer l’investisseur afin de sortir de la léthargie et de la marginalisation du secteur privé, puisque les banques publiques, qui continuent à accaparer 90 % des crédits octroyés, ont carrément été saignées par les entreprises publiques du fait d’un assainissement qui, selon les données récentes (2021) du Premier ministère, a coûté au Trésor public, ces trente dernières années, environ 250 milliards de dollars, sans compter les réévaluations répétées, durant les dix dernières années, de plus de 65 milliards de dollars, entraînant des recapitalisations répétées des banques malades de leurs clients».
R. H.