Le dossier automobile, gelé depuis 4 ans déjà, fait couler encore beaucoup d’encr. Le groupement des concessionnaires automobile d’Algérie (GCAA) interpelle, pour la énième fois, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en lui présentant de nouvelles propositions pour sortir de cette crise que connait le marché algérien depuis 2019, soit après la décision d’arrêter le montage SKD/CKD.
Par Akrem R.
Une politique ayant montré ses limites et qui n’a fait qu’aggraver la situation du marché automobile dans notre pays. Si les véhicules étaient disponibles sur le marché, les prix pratiqués étaient plus chers que dans les pays d’origine ! Suite à cela, le chef de l’Etat a affiché son opposition catégorique à cette politique de montage qualifiée d’importation «déguisée», dont le taux d’intégration réel est égal à zéro. Le président Tebboune a chargé, rappelle-t-on, son gouvernement d’élaborer un nouveau cahier des charges régissant l’activité de l’industrie automobile en Algérie et, également, celle des concessionnaires automobile.
Des échéances ont été fixées pour la sortie de ce fameux cahier des charges, dont le dernier est pour ce mois de juillet. Mais, à ce jour, ce nouveau cadre réglementaire n’a pas vu encore le jour et l’activité demeure toujours à l’arrêt. La résolution de ce dossier nécessite une réelle volonté politique pour le déblocage de cette activité créatrice de richesse et de valeur ajoutée.
C’est dans cette optique que les concessionnaires automobile ont adressé une nouvelle lettre au président Tebboune, en date du 7 juillet dernier, dans l’espoir de le convaincre de faire aboutir ce dossier. En effet, le groupement s’est engagé à mettre en place «une industrie locale de l’automobile à travers une véritable transformation technologique, dans une période n’excédant pas trois ans à compter de la date de délivrance des crédits».
Appel à l’ouverture de l’importation aux véhicules neufs
Dans cette même lettre, les concessionnaires ont appelé à « ouvrir l’importation aux véhicules neufs d’une manière délibérée », tout en assurant « l’exploitation optimale des devises, en se basant sur deux points : les besoins actuels du marché local et les perspectives d’avenir du parc automobile en Algérie ».
Ils ont également proposé que la délivrance des crédits, soit « conditionnée à une promesse écrite, de la part du concessionnaire bénéficiaire, d’une volonté d’investir dans l’industrie automobile dans un délai maximum de trois ans».
Ceci, à condition que « la deuxième étape comprenne une véritable percée dans l’industrie automobile, par la coordination entre les différents investisseurs, car cette coordination », expliquent-ils, « vise à établir un socle solide, l’industrie automobile en particulier et l’industrie mécanique en général ».
A cet effet, le groupement des concessionnaires a confirmé qu’il s’efforcera de fournir régulièrement toutes les informations au ministère de l’Industrie sur les étapes de mise en œuvre de ces engagements, afin que la tutelle puisse assurer le suivi du projet.
Il est à rappeler que la Confédération nationale du patronat citoyen (CAPC) avait formulé une série de propositions au gouvernement pour la libération de l’importation automobile sans toucher aux réserves de change. Celle ci repose sur l’idée de faire évoluer des constructeurs automobiles au niveau local, en utilisant les avantages comparatifs dont dispose l’Algérie sur le plan régional, notamment par le bénéfice d’accords dans le cadre des zones de libre-échange Gzale et Zlecaf, ainsi que sur les investissements réalisés ou à réaliser.
Situation difficile des concessionnaires
«Tout ce qui est monté en Algérie peut être exporté sans droits de douane dans ces zones. C’est pourquoi, il est intéressant pour le constructeur international de passer par l’Algérie pour répondre à leurs demandes et faire profiter, également, l’assembleur local de cette marge», avait expliqué l’expert en industrie automobile, Skander Daoudi. Le bénéfice tiré en devises, pourrait être utilisé par l’assembleur national et son fournisseur pour alimenter le marché local.
Par ailleurs, la lettre adressée au chef de l’Etat, évoque, également, la mauvaise situation dans laquelle vivent les concessionnaires. «Nous subissons toujours de lourdes pertes financières en raison des charges que nous devons payer en attendant la délivrance des agréments. Des charges représentant principalement le payement des loyers, les salaires des employés et les équipements d’infrastructure imposés dans le cahier des charges émis par les services du ministère», écrit le groupement dans ladite lettre.
Naissance d’un marché parallèle
Par la même occasion, les concessionnaires ont dénoncé ce qu’ils ont appelé « le détournement de la loi », à travers des importations de véhicules dans le but de les revendre illégalement et sans crédits, sur le marché parallèle.
« Ceci, sans offrir la moindre protection au consommateur, au moment où cette dernière (l protection du consommateur) représente le partie la plus importante du cahier des charges imposé pour la réalisation de ces opérations commerciales, notamment la garantie du service après-vente et le réseau commercial », ont-ils martelé.
Sur ce même point, le Groupement des concessionnaires a évoqué « l’importation illégale de voitures neuves » et l’ouverture des portes à « la spéculation sur les prix ». « La hausse des prix dépasse le million de dinars par véhicule, sans parler des énormes sommes d’argent finançant le marché noir, ce qui est une menace directe pour le pouvoir d’achat du consommateur », ont-ils alerté.
Enfin, les concessionnaires ont indiqué que « l’absence du commerce automobile en Algérie réduit le volume des échanges commerciaux internes de mille milliards de dinars, avec une perte dans les recettes fiscales et les postes d’emploi».
Le groupement des concessionnaires espère la libération des licences d’importation de voitures dans les meilleurs délais afin de répondre aux besoins du marché local, estimés à 1, 3 million de voitures pour en finir avec la pénurie et la hausse vertigineuse des prix.
A. R.