Il y a quelques mois, l’on se posait la question de savoir comment l’Algérie, compte faire pour dépasser les effets des différends qui l’opposaient à certains de ses partenaires traditionnels, dont l’Union Européenne (révision de l’accord d’association, Ndlr.), et la France à laquelle elle a résolument tourné le dos ; mais ces derniers jours ont démontré que de nouvelles brèches sont ouvertes. Le pays qui voit sa croissance évoluer en dents de scies, ne perd pas de vue la nécessité de développer des partenariats agissants pour soutenir sa croissance.
Par Nadjib K.
Si les déclarations de bonnes intentions n’ont pas manqué de parvenir de la part du partenaire chinois qui n’a jamais dérogé à la règle, ou encore certains pays africains où l’Algérie demeure un élément clé, les hautes autorités du pays semblent se focaliser sur un équilibre qui permettra des échanges diversifié tant au niveau régional qu’international, où en plus des liens privilégiés avec la Tunisie voisine et l’Egypte avec qui l’Algérie entretien des échanges en permanente évolution, ce sont les turcs qui s’invitent pour jouer un rôle encore plus important dans cet échiquier.
En effet, le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a rencontré, avant-hier samedi, le Premier ministre algérien Aymen Benabderrahmane, en marge de la tenue à Istanbul, du le troisième sommet du partenariat Turquie-Afrique, ne peut être perçue que comme un signal favorable pour des échanges encore plus importants à l’avenir entre les deux pays.
D’ailleurs, et comme pour mieux asseoir une nouvelle aire des échanges entre les deux pays, Erdogan a demandé au Premier ministre de transmettre «plusieurs messages» au président Tebboune, dont notamment celui d’une invitation à visiter la Turquie «dans les plus brefs délais».
Tebboune invité à visiter la Turquie
«J’ai eu l’honneur d’être reçu en audience par le président turc qui nous a éclairés par ses orientations et sa vision prospective sur les relations futures algéro-turques et m’a également chargé de transmettre plusieurs messages à son frère Abdelmadjid Tebboune, particulièrement son invitation pour effectuer une visite en Turquie dans les plus brefs délais», a déclaré le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, qui note que cette visite tend à renforcer les relations stratégiques entre l’Algérie et le Turquie, et à les «ouvrir sur d’autres perspectives qui seront à le hauteur les attentes les deux peuples.»
En effet, le partenariat entre l’Algérie et la Turquie s’inscrit dans la durée, selon plusieurs responsables qui ont eu à se prononcer sur ce sujet. Pour rappel, le 2 juin dernier, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire français «Le Point», le président Tebboune a rendu un hommage appuyé à la Turquie, qualifiant les relations avec Ankara d’excellentes. A cette occasion, il a rappelé que la Turquie a investi près de 5 milliards de dollars en Algérie «sans la moindre contrepartie politique».
La présence turque en Algérie progresse
7ème fournisseur du marché algérien en 2012 (avec 3,6% des importations), la Turquie n’a pas cessé de progresser ces dernières années. En effet, elle a gagné en importance pour accéder au 6ème rang (avec 5,11% des importations) en 2019, derrière la Chine, la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne. Actuellement, l’Algérie est deuxième partenaire commercial de la Turquie à l’échelle continentale et 7ème en matière d’investissements directs. Des données appelées à évoluer selon les analystes, sachant que l’économie algérienne connait actuellement un véritable rebond. Selon la Banque mondiale, la croissance pourrait revenir dès 2021. «Un retour à un niveau élevé de croissance permettrait une réduction importante du déficit budgétaire global qui passerait à 10,3% du PIB en 2021 et à 8,7% en 2022. La tendance serait similaire pour le déficit de la balance courante, qui serait ramené à 13,8 % en 2021 et 11,1 % en 2022. Cependant, l’Algérie devrait approfondir les mesures pour élargir l’assiette fiscale, portée par la loi de finances de 2021, et mettre en place un programme visant à diversifier son économie en vue de limiter la dette publique interne.»
N. K.