À l’approche de la saison estivale, les préparatifs s’intensifient avec la mise en place d’un dispositif renforcé de lutte contre les feux de forêt. Ce phénomène, qui prend de l’ampleur chaque été, entraîne des départs de feu dans plusieurs wilayas du nord du pays, causant ainsi d’importantes pertes économiques, environnementales et parfois même humaines.
Par Akrem R.
Face à cette situation, l’État a pris les devants en mobilisant d’importants moyens terrestres et aériens pour faire face à d’éventuels incendies. Pas moins de 12 avions bombardiers d’eau de type AT-802, six hélicoptères et deux avions de reconnaissance, relevant de la Direction générale de la protection civile, ont été mobilisés.
Ces moyens ont été répartis entre plusieurs aéroports stratégiques : l’aéroport d’Alger pour la région Centre-Ouest, celui de Mostaganem pour l’Ouest, Béjaïa pour le Centre-Est, et Annaba pour l’Est du pays.
Cette répartition technique vise à assurer une surveillance continue, une intervention rapide dès le moindre départ de feu, ainsi qu’une coordination efficace entre les équipes au sol et les moyens aériens. L’objectif est de limiter la propagation des incendies, de protéger les zones habitées et de réduire les impacts sur l’environnement.
Toutefois, cette répartition reste flexible et pourra être ajustée en fonction des besoins opérationnels sur le terrain. À cela s’ajoutent également des avions bombardiers et des hélicoptères de grande capacité appartenant à l’Armée nationale populaire (ANP).
«Le dispositif aérien mis en service aujourd’hui permettra de renforcer les capacités d’intervention et de soutenir les équipes terrestres dans la lutte contre les feux de forêt, en assurant une réaction rapide et en limitant la propagation des incendies ainsi que leurs effets destructeurs», a souligné le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, en marge de la mise en service du dispositif aérien de lutte contre les feux de forêt pour la saison estivale 2025.
Introduction de drones
Ce dispositif bénéficie également d’innovations technologiques majeures, notamment l’utilisation de systèmes avancés de détection permettant une identification rapide des foyers d’incendie, ce qui renforce considérablement l’efficacité des opérations d’extinction.
Cette année, des drones ont été intégrés aux missions de surveillance. Les avions de reconnaissance sont capables de repérer les incendies dès leur déclenchement, tandis que les avions bombardiers d’eau de grande capacité appuient les efforts de maîtrise des feux les plus violents, notamment dans les zones difficiles d’accès.
«Ces moyens aériens, dotés des dernières technologies, contribueront à accroître l’efficacité et la performance des interventions», a-t-il affirmé.
Le ministre de l’Intérieur a précisé que cette initiative s’inscrit dans une démarche proactive de prévention et d’anticipation des risques naturels, particulièrement ceux qui s’intensifient durant la saison estivale, en assurant une coordination renforcée entre les différents acteurs institutionnels et opérationnels. Il a souligné que cette stratégie vise à réduire les dommages potentiels grâce à des interventions rapides et coordonnées.
«Conformément à l’engagement du Président de la République, nous œuvrons à améliorer en permanence notre niveau de préparation. L’État consacre une enveloppe budgétaire conséquente pour mobiliser tous les moyens matériels nécessaires, quel qu’en soit le coût, car la sécurité des citoyens n’a pas de prix», a-t-il déclaré.
65 colonnes mobiles mobilisées
En plus du dispositif aérien, plus de 20 000 agents de la Protection civile sont mobilisés, appuyés par 65 colonnes mobiles et 505 unités opérationnelles réparties sur l’ensemble du territoire national. Des détachements régionaux, ainsi qu’une flotte terrestre équipée d’engins spécialisés pour les interventions en milieu forestier, viennent compléter ce dispositif.
«Notre supervision, aujourd’hui, du lancement opérationnel dès le début du mois de juin, ainsi que le suivi des explications relatives au plan d’action, visent à confirmer l’importance que nous accordons à la mise en place des conditions optimales pour une riposte efficace pendant la saison estivale, en vue de protéger les personnes et les biens», a indiqué le ministre.
Il a souligné que tous ces efforts doivent être accompagnés d’un engagement collectif, car la sensibilisation à la protection de l’environnement forestier et le respect des mesures de prévention concernent chacun.
«Il est essentiel que tout le monde fasse preuve de responsabilité, et que les citoyens participent activement en signalant immédiatement toute urgence ou tout départ de feu dès leur détection», a insisté le ministre.
Et d’ajouter : «Nous espérons bien sûr qu’il n’y aura pas d’incendies, mais s’ils surviennent, nous devons tout faire pour en réduire l’intensité au maximum, enregistrer le moins de pertes possible, sauver des vies humaines et préserver notre patrimoine forestier. Tout cela s’effectue dans un cadre de coordination globale entre tous les intervenants, au niveau central comme local. Cela inclut aussi l’activation de tous les moyens nécessaires, notamment l’appui des wilayas voisines en renfort, en plus des moyens aériens déjà mobilisés. L’objectif est de ne plus revivre les dizaines d’incendies que nous avons connus les années précédentes.»
Pour le ministre, il s’agit aujourd’hui de protéger la richesse forestière du pays et de sauvegarder des vies humaines. «C’est notre devoir : la vie des citoyens est une responsabilité que nous portons. Il faut donc mobiliser tous les moyens disponibles, déterminer les zones d’intervention prioritaires et agir dans un cadre de coordination où chacun joue son rôle», a-t-il affirmé.
Par ailleurs, le ministre a insisté sur la mobilisation citoyenne face au phénomène des feux de forêt. «Tous les moyens que nous mobilisons resteront inefficaces sans la contribution des citoyens, en particulier ceux vivant à proximité des zones sensibles. Sans conscience citoyenne, notre efficacité est réduite. Nous attendons des citoyens qu’ils contribuent positivement à cet effort national. Leur rôle est primordial, notamment dans la transmission d’informations. Parfois, les drones ou les avions de surveillance peuvent ne pas détecter un départ de feu ; c’est alors le citoyen qui peut signaler ce danger à temps. Nous espérons que les habitants des zones concernées, qu’ils soient organisés en associations ou simples riverains, joueront un rôle actif et utile, comme c’est souvent le cas dans les régions montagneuses. Nous comptons encore davantage sur eux cette année», a-t-il souligné.
Enfin, la formation constitue un axe prioritaire pour le ministère de l’Intérieur, notamment en matière d’intervention et de lutte contre les incendies. Des accords de coopération ont été signés avec des pays étrangers afin de renforcer la formation des pilotes anti-incendie et des équipes d’appui.
L’Algérie vise ainsi une plus grande autonomie technique, avec l’ambition de ne plus dépendre de la location d’avions étrangers.
A.R.