Entrant dans le cadre de sa nouvelle feuille de route, le gouvernement veut réduire la facture d’importation des céréales, dont le maïs, d’au moins de 40 % d’ici 2024. Des programmes pour la culture de cet intrant, essentiel, notamment, pour les aliments de bétail.
Par Akrem R
Actuellement, les besoins du marché local sont estimés à 4 millions de quintaux/an pour une facture dépassant les 500 millions de dollars. Des opérations pilotes ont été réalisées dans certaines wilayas à l’instar d’Adrar, Menaa (Ghardaïa) et également à l’ouest du pays, avec des rendements importantes.
Toutefois, cette culture nécessite une technicité et un climat spécial spéciaux (eau et chaleur). A cet effet, pour arriver à une autosuffisance, l’Algérie a, en termes de besoins, de réserver un million d’hectares de terre irriguées. Chose difficile, même impossible à mobiliser vu la capacité nationale qui est de l’ordre de 1,2 millions d’hectares irriguées. Selon l’expert agricole, Laala Boukhalfa, l’Algérie peut réaliser deux récoltes par an. Mais, il faut un suivi technique rigoureux, recommande-t-il.
En Algérie, la culture du maïs-grains en climat aride sous pivot est récente. Des rendements de 75 qx/ha ont été obtenus à Adrar en 2013. Le maïs peut être inclu dans une rotation blé-maïs grain. Outre le déficit hydrique climatique permanent, la culture doit faire face à des sols particulièrement peu fertiles. Les besoins nutritifs de la culture peuvent être assurés par la fertilisation minérale, mais aussi, par des mesures agronomiques concourant à l’amélioration de la fertilité des sols, a fait savoir BELAID Djamel, enseignant chercheur, dans une publication sur la culture du mais dans notre pays.
Les sols des régions arides sont légers, à dominance sableuse et à structure particulaire. Ces sols sont pauvres en matières organiques (MOS), le pH est alcalin. On note une faible activité biologique ainsi qu’une assez forte salinité. Le pourcentage d’argile est faible (souvent inférieur à 5%), ce qui concourt à une faible capacité d’échanges cationiques. La pratique de l’irrigation a pour effet d’entrainer une augmentation de salinité et de la sodicité.
Recours à des pratiques agronomiques adaptées
Les caractéristiques physico-chimiques de ces sols nécessitent le recours à des pratiques agronomiques adaptées, dira-t-il. La structure sableuse du sol est à l’origine d’une rapide minéralisation de la MOS en cas d’irrigation et de travail du sol. Le faible taux de MOS et le faible taux d’argile ont pour conséquence, une faible CEC. Quant au pH, il est à l’origine d’un fort pouvoir fixateur vis-à -vis des engrais phosphatés.
En outre, l’enseignant chercheur a détaillé dans son étude, la nécessité de mettre en place une stratégie d’utilisation des engrais. «Les dates d’apports en éléments minéraux doivent tenir compte de la croissance rapide du maïs. D’autant plus, que sous pivot sont choisies des variétés à cycle court (90j pour un maïs fourrager et 110j pour un maïs grain). Depuis le stade 10 feuilles jusqu’à la floraison, la plante absorbe jusqu’à 4 kg N, 1 kg P205 et 10 kg K20 par jour», indique-t-il, en affirmant qu’un PH supérieur à 7, rend inassimilable pour le maïs le Fe, B, Zn et Mn du sol. Or, le maïs a des besoins importants en certains oligo-éléments. Les oligo-éléments majoritairement prélevés, sont le fer et le manganèse. Viennent ensuite, le bore et le zinc. Le maïs est très sensible à une carence en zinc. En sol carencé, on observe dès le stade 6-8 feuilles, des décolorations jaunes entre les nervures. Des applications foliaires de zinc sont possibles.
Améliorer la fertilité du sol
En somme, cultiver du maïs grain sous pivot en milieu aride nécessite d’améliorer la fertilité du sol afin d’optimiser la nutrition minérale de la plante. Des restitutions organiques sont souhaitables (résidus de récolte, fumier). Une amélioration du taux de MOS permet une meilleure rétention de l’eau d’irrigation, une meilleure CEC et un abaissement relatif du pH. Les prélèvements de phosphore et d’oligo-éléments s’en trouvent améliorés.
Les engrais acidifiants doivent être préférés, de même que la localisation des engrais phosphatés. L’optimisation des doses d’azote implique de réaliser des mesures de reliquats azotés. Lorsque les conditions de pH du sol ne sont pas réunies, le recours à la pulvérisation foliaire (P et oligo-éléments) est nécessaire. Cependant, la nutrition du maïs-grain n’est pas seulement une question de fertilisation minérale. Des mesures agronomiques peuvent concourir à cette nutrition. C’est le cas du semi-direct avec emploi de couverts végétaux dont la féverole. Ceux-ci visent un apport de MOS, un meilleur prélèvement du phosphore ou la fixation d’azote atmosphérique. Envisager des SCV nécessite de développer un savoir local (choix des espèces, des dates de semis). Un SCV de maïs fourrage offre plus de possibilités dans le choix des espèces, car ce couvert peut être récolté avec le maïs. Enfin, les possibilités d’irrigation et la température peuvent permettre de s’affranchir des dates de semis propres aux climats tempérés.
A. R.