En dépit de la conjoncture difficile marquée par une géopolitique complexe et une situation inflationniste à travers le monde, l’économie nationale confirme encore une fois sa résilience, en affichant plusieurs signaux positifs qui témoignent d’une amélioration notable de ses fondamentaux. Selon le dernier bulletin de la Banque d’Algérie du troisième trimestre 2024, la croissance s’est accélérée, les équilibres extérieurs se sont renforcés et la situation monétaire reste globalement maîtrisée. Ces résultats traduisent une résilience renforcée de l’économie algérienne, malgré les tensions internationales et la volatilité des prix énergétiques.
Par Akrem R.
En effet, l’Algérie a enregistré une croissance de 4,1 % à fin septembre 2024, portée notamment par les hydrocarbures mais aussi par la reprise dans l’industrie et l’agriculture, avec respectivement 1 011,2 milliards de DA de production pour les industries extractives, soit 11 % du PIB, et 1 107,2 milliards de DA pour l’agriculture (12 % du PIB).
S’agissant de la production d’hydrocarbures, selon le même bulletin, la production nationale en pétrole brut a atteint 822 000 barils/jour au 3ᵉ trimestre 2024, en hausse par rapport aux 814 000 barils/jour enregistrés au trimestre précédent.
Concernant la production de gaz naturel, elle a été évaluée à 97,2 milliards de m³ sur les neuf premiers mois de 2024, contre 96,5 milliards de m³ à la même période de 2023, indique la même source, précisant que les exportations en gaz naturel liquéfié (GNL) ont représenté 14,8 millions de tonnes à fin septembre 2024, contre 14,2 millions une année auparavant.
En outre, pour les condensats et le GPL, la production a également progressé, tirant parti d’une meilleure valorisation des gisements gaziers.
Ces résultats confirment une hausse globale de la production d’hydrocarbures au cours de l’année 2024, en ligne avec les engagements de l’Algérie auprès de l’OPEP+ et la volonté de sécuriser ses parts de marché à l’international.
Hydrocarbures : 38,13 milliards de dollars d’exportations en neuf mois
En valeur, les exportations d’hydrocarbures ont atteint 38,13 milliards USD sur les neuf premiers mois de 2024, contre 31,88 milliards USD à la même période en 2023, soit une hausse de 19,6 %, repré- sentant ainsi 83,8 % du total des exportations algériennes, confirmant le poids prépondé- rant de cette filière dans les recettes extérieures.
La hausse s’explique à la fois par un accroissement des volumes exportés (pétrole, gaz, GNL, condensats) et par un effet prix favorable, bien que la Banque d’Algérie note une volatilité persistante sur les marchés internationaux de l’énergie. Ces revenus ont contribué à renforcer la balance des paiements et à soutenir les réserves de change.
En effet, les exportations globales ont progressé de 19,7 %, atteignant 45,51 milliards USD à fin septembre 2024, contre 38,01 milliards USD une année auparavant. Dans le même temps, les importations ont enregistré une hausse de 7,5 %, s’établissant à 39,59 milliards USD.
Les produits alimentaires, les produits semi-finis et les équipements industriels arrivent en tête des importations algériennes, avec respectivement 2 680 milliards de DA, 2 713 milliards et 3 015 milliards.
Des chiffres qui témoignent de la dépendance de l’Algérie aux marchés étrangers, notamment en matière de produits alimentaires, dont les céréales et la poudre de lait. Toutefois, la hausse des importations d’équipements et de produits semi-finis illustre à la fois l’installation d’une nouvelle dynamique dans l’économie nationale, notamment hors hydrocarbures.
D’importants projets d’investissement sont enregistrés au niveau de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) et sont en cours de réalisation. Ces derniers devraient contribuer à la dynamisation de l’économie nationale et à la réduction des importations durant les années à venir, avec l’ambition de conquérir des parts sur les marchés internationaux.
Une balance commerciale excédentaire
En outre, et en dépit de la hausse des importations durant les neuf premiers mois de 2024, l’excédent commercial s’est nettement amélioré, atteignant 5,9 milliards USD contre 1,6 milliard USD en 2023.
D’après le bulletin de la Banque d’Algérie (3ᵉ trimestre 2024), les réserves officielles de change de l’Algérie se sont établies à 70,2 milliards USD à fin septembre 2024, contre 66,9 milliards USD à fin dé- cembre 2023, soit une hausse de 3,3 milliards USD.
Cette progression est principalement liée à la hausse des recettes d’exportations d’hydrocarbures et à l’amélioration de l’excédent commercial.
Par ailleurs, la situation monétaire du pays s’est nettement améliorée. D’ailleurs, la masse monétaire au sens large (M2) a atteint 26 812,5 milliards de dinars (soit environ 200 milliards USD) à fin septembre 2024, contre 24 330,8 milliards de dinars en décembre 2023, soit une hausse de près de 10,2 % en neuf mois.
La circulation fiduciaire a progressé à 9 509,6 milliards de dinars (près de 70,5 milliards USD), tandis que les dépôts à vue se sont établis à 18 482,6 milliards de dinars. En effet, la Banque d’Algérie a consolidé ses équilibres internes, en enregistrant un résultat net positif de 273,6 milliards de dinars à fin septembre 2024, contre 210,2 milliards une année auparavant.
Les capitaux propres sont également en hausse, à 1 879,6 milliards de dinars, confirmant la solidité financière de l’institution. Ainsi, les revenus sont en progression, tirés par la gestion des réserves officielles de change et par une meilleure rémunération de ses placements.
Ces performances traduisent non seulement une gestion prudente de la politique monétaire, mais aussi la robustesse financière de la Banque centrale, garante de la stabilité du système bancaire et de la confiance dans la monnaie nationale.
Concernant les crédits à l’économie, ils ont poursuivi leur tendance haussière, atteignant 11 283,6 milliards de dinars fin septembre 2024, contre 10 697,9 milliards de dinars à fin décembre 2023. Ils se répartissent entre 4 727,8 milliards de dinars au profit du secteur public et 6 555,2 milliards de dinars en direction du secteur privé, confirmant un soutien accru au tissu entrepreneurial.
Par ailleurs, l’Algérie continue de bénéficier d’une situation extérieure relativement confortable. La dette extérieure demeure à un niveau très faible, estimée à 3,113 milliards USD (dette à court et moyen terme), confirmant la stratégie des pouvoirs publics de limiter le recours à l’endettement extérieur.
Si les fondamentaux extérieurs apparaissent renforcés, la Banque d’Algérie appelle à la vigilance face aux incertitudes liées aux marchés internationaux de l’énergie et à l’évolution de la demande intérieure.
La consolidation de la croissance hors hydrocarbures, l’optimisation des crédits à l’économie et la maîtrise des importations stratégiques constituent les principaux leviers pour préserver les équilibres macroéconomiques.
A. R.