Le document de projet de la charte de l’économie de l’eau, qui sera présenté au gouvernement en ce début mai, reflète une situation «préoccupante» quant au niveau d’abondance et au schéma de gestion de la ressource en eau en Algérie, en raison des changements climatiques et de l’état des structures, des fuites et des gaspillages.
Par Farid Haddouche
Ce qui rend l’adoption d’une nouvelle stratégie pour s’adapter à ces changements dans les années à venir, impérieux. Selon le document de projet, il est absolument nécessaire d’impliquer tous les secteurs, institutions et citoyens dans la préparation des étapes qui seront les plus difficiles en termes de changement climatique, d’autant plus que les estimations scientifiques indiquent l’augmentation potentielle des taux annuels de température de l’air entre +2 degrés Celsius et 3 degrés Celsius, contre la diminution du taux de précipitations et des écoulements des Oueds ainsi que la mobilisation et la reconstitution des eaux souterraines. Des études menées en Algérie, selon le même document, confirment que les taux de précipitations accusent un déficit important par rapport aux années précédentes de 20% (13% dans les régions de l’ouest et 12% dans les régions du centre et de l’est). Parallèlement au faible niveau des débits des Oueds et des apports des barrages et des retenues d’eau et la réserve de grandes quantités d’eau de surface, pour l’irrigation agricole, ce qui affectera clairement les usages actuels. Cette situation doublerait la pression exercée sur les eaux souterraines qui souffrent déjà de surexploitation, exacerbée par les faibles niveaux de mobilisation de l’eau dus au changement climatique. Les réserves de la ressource en eau de l’Algérie en 2020 ont été estimées, selon le document, à 18,2 milliards de mètres cubes, dont plus de 11,41 milliards de mètres cubes ont été mobilisés pour fournir aux différents usagers de l’eau un taux équivalent à 86% du potentiel disponible. En revanche, le taux de précipitations a diminué de 20% par rapport aux cinq dernières années, tandis que l’année hydrologique 2019-2020, a connu un déficit de précipitations estimé à 30% par rapport à l’année précédente (2018-2019). Dans ses rapports annuels sur la perte d’eau, la Banque mondiale, (BM), note que les pays en développement perdent de 40 à 50 % de l’eau produite dans les réseaux de distribution de diverses manières, ce que le projet de charte considère comme une «situation dangereuse». Le potentiel de l’Algérie en ressources en eau renouvelables en 2020 était estimé à 450 mètres cubes par an et par citoyen, faisant de l’Algérie un «pays pauvre en ressources en eau», que le document de projet décrivait comme «la situation la plus proche de la crise». La ressource en eau est exposée à des pertes en raison d’une exploitation excessive des eaux souterraines, des fuites enregistrées dans les canaux de distribution d’eau potable, du gaspillage de l’eau, ainsi que de la pollution et de l’impact des changements climatiques. Jusqu’à présent, une étude et une analyse des pertes matérielles est en cours pour permettre l’évaluation des taux de fuite dans les canaux de distribution en Algérie, selon le projet de charte, qui indiquait l’adoption de taux allant de 30 à 50%, tels que les taux de fuite dans les canaux de distribution, dans les politiques de planification. Au cours de l’année 2020, 4,06 milliards de mètres cubes d’eau ont été alloués pour couvrir la demande d’eau potable tandis que le volume d’eau qui s’échappe des canaux de distribution, va de 1,22 milliard de mètres cubes à 2,03 milliards de mètres cubes. Une partie de cette eau peut être récupérée. Le taux d’extraction et d’utilisation de l’eau dans nombre des principaux aquifères du pays a dépassé le taux de sa régénération, ce qui a entraîné la «salinisation» de la ressource en eau et met en danger, l’utilisation de cette ressource à l’avenir.
F. H.