La crise bancaire qui secoue des établissements bancaires, notamment aux Etats-Unis et en Europe, n’est qu’un début d’une méga-crise, selon Abderrahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, tout en rassurant quant au fait que notre système financier est relativement protégé.
Par Akrem R
En expliquant que le dollar est devenu la monnaie de la peur, en passant « du papier vert vers la brutalité », Hadj Nacer a indiqué que «la véritable raison de la guerre en Ukraine c’est de maintenir le dollar comme monnaie de change par les Etats-Unis». Et également, ajoute-t-il, pour trouver des sources financières pour le remboursement de sa dette colossale avoisinant les 20 000 milliards de dollars !
Actuellement, il n’y aucune possibilité pour le remboursement de cette dette, affirme-t-il, donc c’est la faillite. Chose que les Américains n’accepteront jamais. C’est pour cela qu’ il faut une guerre en Ukraine et la domination de l’Europe pour bénéficier de l’argent de ces pays, à l’instar de l’Allemagne et autres, en leur vendant des armes et du gaz à des prix exorbitants.
« Aujourd’hui ce que l’on vit, avec la faillite de la Silicon Valley Bank , le Crédit Suisse, et la Deutche Bank, n’est qu’un début pour préparer les gens à une méga-crise. Cette crise bancaire n’est qu’un effet d’entrainement pour se préparer à l’instabilité», détaille-t-il, lors de son passage au Forum d’EL Moudjahid, hier, lundi. Aux yeux de l’ancien gouvernement de la Banque d’Algérie, un nouveau monde est, tout simplement, en préparation. En termes clairs, la guerre aujourd’hui en Ukraine c’est pour la préparation du futur monde. Un combat acharné s’annonce entre le dollar brutal, le projet des pays des Brics pour la création d’une monnaie matérielle basée sur les ressources naturelles, industries et autres, dont le projet n’est pas encore clair, et, enfin, la monnaie bitcoin.
S’agissant de notre pays, l’intervenant a indiqué que notre système financier n’est pas en danger, puisque il est administré et qu’on ne donne pas de crédits sans garanties. Donc, assure-t-il, «nous sommes relativement protégés».
Sur un autre régistre, l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, a indiqué que cette conjoncture est extrêmement favorable à l’Algérie pour se positionner sur l’échiquier mondial et, surtout, jouer un rôle important dans sa réindustrilisation à travers la délocalisation de plusieurs industries et activités des pays de l’UE, notamment, et d’en tirer des IDE.
Pour cet économiste, « toutes les industries basées actuellement à Londres, notamment le verre, la pétrochimie, la pharmaceutique, doivent être ici en Algérie. Nous avons tous les atouts nécessaires pour les capter en Algérie: un positionnement géographique central, disponibilité du gaz à prix compétitif, une main d’ouvre qualifiée, des infrastructures de base. En clair, c’est une opportunité exceptionnelle à saisir. Mais nous ne devons pas rester les bras croisés. Un grand travail doit être consenti en matière de communication et surtout de présenter un cadre réglementaire stable pour au moins une vingtaine d’années, des lois pour protéger et rassurer les investisseurs».
Et d’ajouter : « Si nous voulons avoir notre part, nous devons changer la façon de penser et d’œuvrer au partage de la valeur. On doit, tout simplement, s’inspirer du modèle chinois dans ce cadre-là». La diversification de l’économie nationale devient impératif et l’Algérie est appelée à mettre en place un nouveau modèle économique. « Nos faiblesses sont connues dans ce domaine-là. L’Algérie est pays en mesure de devenir autonome dans plusieurs domaines, notamment alimentaire», dira-t-il, en recommandant de libérer l’acte d’investir et d’entreprendre, tout en revalorisant la notion du travail.
« Pas d’alternative au travail et le pétrole n’est n’en est pas une. On doit s’inspirer du modèle de l’Iran et de Cuba, deux pays sous embargo depuis des années, mais qui ont su faire face et relever le défi de l’autosuffisance dans plusieurs domaines», souligne-t-il également. L’autre problématiqueà laquelle le gouvernement doit s’attaquer en urgence, c’est l’équilibrage des prix. La révision du système des subventions devient plus que nécessaire puisque l’économie repose sur l’équilibrage des prix. « L’Etat fort n’est pas celui qui intervient directement, donc il faut libérer les salaires, les prix, et valoriser le travail. Notre défi c’est la régulation puisque les lois ne suffisent pas», conclut-il.
A. R.