Le président de la République Abdelmadjid Tebboune, lors du dernier Conseil des ministres, a examiné plusieurs dossiers dont celui du transport aérien et maritime. Le président a souligné la nécessité d’accélérer l’ouverture des investissements dans les secteurs du transport aérien et maritime, et de faciliter les investissements privés. Air Algérie et Algérie Ferries règnent sans partage sur l’industrie aérienne et maritime du pays. Ces deux entités étatiques dont se plaignent constamment les usagers par rapport aux prix et la qualité des services sont en passe d’être concurrencées par des privés.
Par Réda Hadi
Les mesures proposées qui seront réalisées avant la fin du mois de mars 2022, concernent, notamment la restructuration de la flotte maritime et aérienne. L’Algérie se projette dans l’après-Covid. Un plan d’urgence pour une relance effective du secteur des transports a été proposé qui vise à redynamiser ce secteur névralgique, qui constitue un composant critique du développement économique du pays et un vrai stimulateur de croissance économique.
Les mesures proposées qui seront réalisées avant la fin du mois de mars 2022, concernent, principalement, la restructuration de la flotte maritime et aérienne. Deux vecteurs de croissance qui doivent y tenir un rôle de premier plan. Ce qui est, cependant, loin d’être le cas. Paradoxalement, le secteur maritime a, pendant longtemps, contribué à alourdir une facture des importations qui siphonne les caisses du Trésor public.
Un fret maritime défaillant
Le président de la République, qui a décidé d’y mettre le holà, a donné des instructions à l’effet de réduire cette saignée. Le cas du fret maritime est édifiant à ce propos. L’Algérie débourse 4 milliards de dollars par an pour assurer le transport de ses marchandises par voie maritime. Quatre milliards de dollars qui profitent aux armateurs étrangers, soit 97% des parts de marché détenues par des compagnies ne battant pas pavillon national. Une perte sèche, à l’heure où le baril de pétrole, qui assure plus de 95% des recettes en devises du pays, se situe tout juste au-dessus des 70 dollars. Les navires qui demeurent opérationnels se comptent, pratiquement, sur les doigts d’une seule main, alors que dans les années 1980, pas moins de 80 unités constituaient l’ensemble d’une flotte qui semblait destinée à un bel avenir.
S’agissant de l’ouverture de notre ciel au privé, le ministre des Transports doit, à cet effet, mettre en place, avant la fin de l’année en cours, l’autorité portuaire déjà instituée par texte réglementaire, et de rentabiliser, par ailleurs, la base de maintenance aéronautique d’Air Algérie, en partenariat avec des compagnies aériennes internationales. En Novembre 2021, un accord de principe a été donné par le ministère des Transports algérien pour la création de neuf nouvelles compagnies aériennes privées, ce qui mettrait de facto fin à la dominance d’Air Algérie.
Air Algérie et Algérie Ferries : la fin du monopole ?
Pour Billel Aouali, économiste et consultant, l’ouverture du transport aérien et maritime au privé «peut être bénéfique en soi et fera jouer la concurrence. Mais aucune information concrète n’a été dévoilée sur les investisseurs et l’identité de ces futurs transporteurs, si les étrangers resteront soumis au principe des 51% d’actions détenues par des locaux, ni si les dossiers incluaient celui de la nouvelle low cost Fly Westaf»
Celui-ci précise aussi que «depuis la disparition de Khalifa Airways en 2003, le ciel algérien est essentiellement dominé par Air Algérie qui n’a pas une bonne cote auprès des Algériens en raison des prix appliqués pour ses billets (considérés comme exorbitants) et de la mauvaise qualité des services. L’industrie maritime, quant à elle, est sous le monopole d’Algérie Ferries, dont les clients se plaignent aussi du niveau des services, qui serait dépourvu de confort. Pour le secteur maritime, sept dossiers auraient reçu l’accord de principe du ministère des Transports pour la création de compagnies de transport des voyageurs et de marchandises».
«Il faut», rajoute l‘expert, «que ces facilitations soient accompagnées par une gouvernance managériale en rapport avec les enjeux. D’où, la nécessité de trouver des propositions et des mesures à court, moyen et long terme pour améliorer les prestations comme la gestion interne d’Air Algérie, par exemple».
R. H.
C’est bien. Pour les délais, il faut tenir compte de la résistance au changement. Même les pavillons nationaux sont capables de dresser des obstacles insurmontables aux nouveaux entrants, sans compter la réticence locale aux nouveaux produits et la perception des clients des nouvelles entreprises. Mais il était temps de revenir à la formule de l’ouverture à la concurrence, car le monopole n’apporte pas que de bonnes choses.