Création de cinq zones franches interafricaines : Dynamiser les échanges frontaliers

La décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de créer cinq zones franches au niveau des frontières, courant de 2024, avec la Mauritanie, le Niger, la Tunisie et la Libye va, assurément, dynamiser les échanges frontaliers, a déclaré, Madjid Saâda, directeur général de l’aménagement et de l’attractivité du territoire au ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire. 

Par Akrem R.

À travers cette décision, l’Algérie est déterminée à promouvoir ces échanges économiques avec les pays voisins et consolider sa place comme leader dans la région. Dans son plan d’action, le gouvernement travaille sur la diversification de l’économie nationale et, également, à promouvoir les exportations hors hydrocarbures. Des mesures et décisions importantes ont été prises afin de baliser la route à l’accès du produit «made in algeria» aux africains.

C’est dans cette optique qu’un programme spécial a été élaboré pour le désenclavement des régions frontalières et la création de zones franches. Affirmant que les zones frontalières représentent une partie stratégique du territoire national, Madjid Saâda a précisé que le gouvernement accorde une grande importance au désenclavement de ces régions et à l’amélioration de l’attractivité de ces territoires. 

156 milliards DA pour le développement des zones frontalières 

D’importants investissements ont été injectés par l’Etat afin d’améliorer les conditions de vie des habitants de ces régions. En effet, un montant de 156 milliards de DA a été alloué par le président de la République pour la concrétisation de 8035 projets identifiés au niveau de 1563 zones d’ombre situées tout au long de nos frontières.

Selon le représentant du ministère de l’Intérieur, pas moins de 5 865 projets ont été finalisés pour un montant de 94 milliards de DA. Les autres projets sont en cours de réalisation.

L’objectif principal, explique Madjid Saâda, «est l’amélioration des conditions de vie du citoyen et rendre ces territoires attractifs, aussi bien pour la population locale que pour l’investissement».

Selon lui, le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire a engagé l’élaboration des études pour les 9 zones frontalières définies par le schéma national d’aménagement du territoire (SNAT), trois dans les Hauts-Plateaux, trois au Nord et trois au Sud, «le diagnostic montrant que les zones frontalières accusent un retard de développement, notamment dans le sud du pays».

«Ces projets, en lien avec l’accès à l’eau potable, l’éducation ou la santé, ont sensiblement amélioré les conditions de vie de la population locale », affirme Madjid Saada.

Pour autant le responsable distingue des différences de développement et de potentialités entre ces zones frontalières : « Celles situées dans le nord sont caractérisées par un développement assez rapide et possèdent un fort potentiel agricole, tandis que dans les Hauts-Plateaux, elles se prêtent plutôt à l’élevage, alors que le sud offre des opportunités pour le développement des activités minières et touristiques », explique le même intervenant, citant au passage une coopération étroite avec la Tunisie pour le développement des zones frontalières.

Améliorer l’attractivité des territoires 

«Lors de la 1ère session de la Commission bilatérale pour le développement et la promotion des régions frontalières algéro-tunisiennes, tenue les 29 et 30 janvier dernier à Alger, présidée par les deux ministres de l’Intérieur, de l’Algérie et de la Tunisie, et qui a regroupé les 5 wilayas frontalières algériennes avec les 7 wilayas tunisiennes, une feuille de route a été tracée pour développer les échanges commerciaux et d’expériences dans la lutte contre les incendies de forêts et la gestion des risques majeurs. Cette feuille de route sera déclinée en projets au niveau des territoires des deux côtés, avec une rencontre d’évaluation tous les six mois», explique-t-il.

En effet, et avec ces investissements, le quotidien des citoyens sera nettement amélioré et les territoires deviennent de plus en plus attractives. D’ailleurs c’est l’objectif escompté de cet intérêt à ces régions.

Une fois finalisés, les zones frontalières amélioreront leurs attractivités et pourront devenir même des pôles économiques, donc créatrices de richesses, de valeurs ajoutée et d’emploi, notamment avec le projet de création de zones de libres échanges.  

La démarche du gouvernement est claire dans ce sens. C’est de développer ces territoires et de contribuer surtout à l’intégration continentale, tout en se préparant à la mise en œuvre de la zone africaine de libre échange (Zlecaf). Le président de la République a mis l’accent, avant-hier dans son discours à la 41ème  réunion du NEPAD, sur la nécessité de l’accélération de ce processus.

Le 24 décembre dernier, à l’occasion d’un conseil des ministres, le président Tebboune a annoncé la création d’une une zone de libre-échange avec la Mauritanie et qui sera implantée dans la wilaya de Tindouf.

Des plateformes logistiques seront créées 

Un projet qui s’inscrit, en fait, dans une stratégie bien définie par les États africains, qui consiste à intégrer les économies régionales, pour renforcer les liens commerciaux entre les nations voisines, pour stimuler la croissance économique. 

Pour cela, les pays en discussions, comme l’Algérie et la Mauritanie, envisagent la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires pour aider les entreprises à avoir un meilleur accès au marché voisin. Ce programme de libre échange pourrait, à terme, booster les exportations hors hydrocarbures de l’Algérie, notamment en ce qui concerne le marché agricole, l’industrie ainsi que les services. 

D’autres zones franches sont prévues notamment à Tamanrasset pour la promotion des échanges avec le Niger et Mali. Madjid Saâda a annoncé également que des plateformes logistiques seront créées dans ces zones pour moderniser et développer les échanges commerciaux avec les pays voisins. 

De grands projets structurants à dimension continentale, notamment dans le secteur des infrastructures, dont le projet de la Route transsaharienne reliant six pays africains et visant à désenclaver les Etats du Sahel, notamment dans le cadre des efforts visant à l’ériger en corridor économique par excellence, le projet de la Route reliant la ville de Tindouf en Algérie et celle de Zouerate en Mauritanie, qui constituera un trait d’union entre la région du Maghreb et celle de l’Afrique de l’Ouest et le projet de la Dorsale transsaharienne à fibre optique destiné à développer l’économie numérique régionale dans la région du Sahel, sans oublier le projet de gazoduc transsaharien reliant le Nigéria, le Niger et l’Algérie vers l’Europe.

A.R.

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