Les députés de l’APN ont voté mercredi 17 novembre la suppression des subventions généralisées sur les produits de base, suivis jeudi dernier, 25 novembre, par les Sénateurs du Conseil de la Nation. Face à un début de réprobation et aux craintes de secteurs socio-économiques de la société, le Président Tebboune a dans une allocution télévisée, diffusée vendredi soir, tenu à rassurer en ayant affirmé, notamment, que seules les personnes «aux revenus élevés» seront concernées par la levée du dispositif.
Par Réda Hadi
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a, en effet, assuré à l’occasion, que la révision de l’aide sociale passera par un débat national élargi, affirmant que la levée des subventions sociales concernera seulement un tiers des citoyens parmi ceux ayant des «revenus très élevés» et que «la révision de l’aide sociale doit passer par un débat national».
Les syndicats seront associés à ce débat sur la révision de l’aide sociale consacrée par la loi de finances 2022, a, également fait savoir le président Tebboune. Sur cette base, la révision de la politique de subvention sociale ne signifie d’aucune manière, une levée des subventions pour ceux qui y sont éligibles, a soutenu le Chef de l’Etat qui a assuré que «les aides sociales en Algérie se poursuivront à jamais»
Avant l’allocution du Président, le Premier ministre et Ministre des finances, Aïmene Benabderrahmane a dû répondre aux critiques de députés sur la fin des subventions généralisées. En réponse à ses contradicteurs, le Premier ministre a rappelé que ces dernières, représenteront encore pour 2022, un total de «17 milliards de dollars», a précisé le chef du gouvernement, contre «entre 30 et 41 milliards de dollars» pour le système de subventions en vigueur jusqu’à présent. Cette suppression, votée dans le cadre de la loi de finances 2022, tend à adopter «une nouvelle philosophie visant à cibler, directement par des aides, les familles dans le besoin », a-t-il expliqué.
Les modalités d’application de la loi, en particulier et la liste des produits concernés ainsi que les catégories de ménages ciblés, seront précisées ultérieurement par des décrets d’application.
«Il faut d’abord en finir avec l’informel»
Si le discours du président a été jugé positif, car allant dans une logique de bon sens et d’équité, «l’application de cette mesure pose déjà problème». En effet, pour Billel Aouali économiste et expert «Avant de débattre du sujet, il faut avoir des statistique fiables et savoir qui les fera. L’ONS se base sur des données officielles. Or, de ce point de vue, l’office est incapable de déterminer qui est dans le besoin, et cela à cause de l’informel. Beaucoup de personnes ont un revenu faible, mais le compensent, et largement, par des activités informelles. Dans ce cas-là et sans données réelles, ces personnes (et elles sont nombreuses), peuvent –elles profiter des subventions ? Je pense qu’avant d’entamer quoi que ce soit, il faut déblayer le terrain, sinon on tombera dans les mêmes travers. Considérées come nécessiteuses, ces personnes aux revenus élevés, car non déclarés au fisc, continueraient, donc, de bénéficier des aides sociales. Pourquoi ne pas faire participer la société civile, qui dénonce ces pratiques frauduleuses? Une fois cela fait, on pourra alors verser la subvention directement dans le compte de celui qui en a vraiment besoin» a-t-il conclu tout en précisant «que cette mesure ne peut réellement pas aboutir avant 2024/2025 »
Pour sa part le Président Tebboune a déploré les débats dominant la scène médiatique au sujet de la révision de la politique sociale du pays, qui, a-t-il dit, «ont peut-être exploité un dérapage verbal d’un ou plusieurs responsables», affirmant qu’il était encore tôt de débattre de ce sujet.
R. H.