Même avec des importations en baisse de 800 millions de dollars, les médicaments restent à des niveaux élevés en Algérie. Si la pandémie de laCovid 19 a fortement impacté notre industrie pharmaceutique, à cause de la hausse des intrants de fabrication, de la tension sur les molécules ainsi que l‘augmentation des frais de transport, notre marché sanitaire est en continuelle croissance. L’Algérie occupe la 4e place dans la région du Moyen-Orient en termes de consommation de médicaments selon les données de l’Institut mondial des informations sur les industries pharmaceutiques.Cette hausse va, selon des économistes, impacté lourdement notre caisse de sécurité sociale, qui déjà montre ses limites .
Par Réda Hadi
«Avec la pandémie de la Covid-19, début 2020, les marchés mondiaux des matières premières et les prix des frets maritimes et aériens ont connu une flambée sans précédent. Ces augmentations ont impacté directement les coûts de la production et de la consommation». C’est ce qu’ a affirmé, récemment, le Dr. Abdelouahed Kerar, président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP). Une conséquence qui a impacté directement notre caisse de sécurité sociale.
Par exemple, certaines matières premières ont connu des hausses de 140%, qui se répercutent sur les prix de certains médicaments. Le prix du Paracétamol a augmenté de 139%, l’antidiabétique la Metformine a augmenté de 124% et l’azithromycin, utilisée dans le traitement du Covid a connu une hausse de 36% ».
En plus des prix des matières premières qui ont augmenté significativement, le fret maritime a connu une hausse de 360% et de 233% pour le fret aérien. Le transport des produits pharmaceutiques, qui était comptabilisé à 2 dollars le kilo, est, actuellement, de 10 dollars le kilo. Autant de frais que doit prendre en charge in fine, la Cnas.
Un marché dépendant des importations
Dans ce contexte, il faut savoir que le marché algérien est très dépendant des importations : 95% des produits sont importés avec des besoins de plus en plus importants. Pour la grande majorité des dispositifs médicaux, le marché est très éclaté avec plus d’une centaine d’acteurs : producteurs, importateurs, distributeurs. Le marché algérien des dispositifs médicaux dépend énormément de la commande publique. Aussi leur coût est-il capital.
En termes de fabrication, l’Algérie présente d’énormes besoins en molécules innovantes et en expertise de savoir-faire en industrie pharmaceutique, car notre industrie pharmaceutique ambitionne de pourvoir à 70% des besoins de sa population.
Avec des besoins grandissant dus à la loi sur la Santé qui confirme la gratuité des soins dans les établissements hospitaliers de l‘Etat et les différents hôpitaux ou centres de santé construits ou en construction, la Cnas aura fort à faire pour équilibrer ses comptes
Par ailleurs, le niveau de vie a considérablement augmenté en Algérie, même avec un pouvoir d‘achat en chute libre, ce qui complique davantage, la tâche de notre Caisse, qui prend en charge 80 % des frais médicaux et 100 % ceux des maladies chroniques, qui, elles aussi, sont en constante progression.
La couverture sociale menacée
Pour Billel Aouali, économiste et consultant, l‘impact de la hausse des prix de médicaments liée à la Covid 19, «va fortement pesé sur les comptes des différentes caisses qui existent chez nous. La couverture sociale est de grande importance en Algérie dont les différents organismes de la sécurité sociale (CNAS, CASNOS, CNR, CACOBAT, CNAC), couvrent l’ensemble des risques et confèrent une sécurité sociale optimale pour les citoyens concernés, car la réforme constitutionnelle à consacrée le droit à une couverture sociale au citoyen, dans son article 66 stipulant que le droit du travailleur à la sécurité sociale est garanti par la loi.
Mais, un droit, qui, est confronté à la faiblesse des cotisations et à une production pharmaceutique nationale encore faible et dépendante des marchés extérieurs. Illustration de la tension sur le secteur: l’Algérie avait importé pour près de 2 Mds USD de produits pharmaceutiques durant les 4 dernières années, et près de 850 millions USD pour le premier semestre 2021 ». Néanmoins, l‘expert estime, que faute de données disponibles, difficile de tirer des conclusions, soutenant cependant, qu’aucun pays au monde ne sors indemne de cette pandémie, et l’Algérie encore moins, car elle est tributaire de trop de facteurs exogènes.
R. H.