À cause de l’épuisement des médecins traitant la Covid 19, ou par manque d‘effectif paramédical, les familles des patients admis en réanimation, se voient contraintes de faire les gardes-malades de leurs proches, à l ‘hôpital de Médea! Même si des tenues de protection sont offertes à ces dernières, cette situation les laisse perplexes, ajoutant au traumatisme qu’ils subissent. Certaines familles ont essayé de protester, car n’ayant pas les compétences nécessaires pour assurer cette «fonction», en vain.Quelles que soient les précautions qui peuvent être prises, la contamination n‘est jamais loin.
Par Réda Hadi
Les personnes chargées d’assumer la charge de garde-malade s’exposent à des risques. Le probable déficit en personnels paramédicaux amène, obligatoirement les proches de malades de la Covid 19 traités dans des établissements hospitaliers, à devoir assumer le rôle de garde-malade, durant toute la journée et toute la nuit, pour leur apporter du réconfort et les aider à s’alimenter. C’est à ce type de situation paradoxale devenue courante, bien que les règlements des centres de santé ne l’autorisent pas, que les citoyens de Médéa sont confrontés.
A l‘hôpital du chef-lieu de wilaya, dès l‘admission du malade de la Covid, on vous demande le nom du garde malade. Si la malade est une femme, elle devra être obligatoirement du même sexe.
De plus, la personne chargée de veiller sur le malade n’a aucune condition d’hébergement, et passe la nuit dans un fauteuil si elle en trouve, sinon une chaise. Elle se trouve alors, exposée à de nombreux risques sanitaires. Cette situation exacerbe davantage les tensions et souvent les disputes ne sont pas loin, car tous les gardes-malades, étant donné les liens qui les unissent aux patients, estiment être prioritaires en cas de problème.
Pourtant, pour pouvoir assurer le métier de garde-malade, il faudrait être en possession d’un diplôme d’aide-soignant, or, en Algérie, c’est l’aide-soignant qui, généralement, assure le travail du paramédical.
Saliha, infirmière aux urgences, explique «que c’est aux aides-soignants qu’incombait, auparavant, le rôle de s’occuper des malades, mais, avec la réduction de la formation, ils se retrouvent à assumer la fonction d’infirmier, bien que le règlement des hôpitaux n’autorise pas la présence de gardes-malades».
Faycal, un quinquagénaire, assure avoir eu des difficultés avec l‘administration de l’hôpital, pour être le garde malade de sa sœur célibataire, âgée de 72 ans, hospitalisée. «Je suis père de 3 garçons, et ma femme a des formes de comorbidités, étant elle-même, diabétique. On ne m’autorise à rester auprès de ma sœur, que la journée Et la nuit, qui s‘en occupera? Il n y a pas de garde malade. Je ne me suis imposé que grâce à l ‘intervention de la police, qui a compris mon désarroi».
D’autres gardes malades, qui habitent des villages éloignés, soutiennent être livrés à eux-mêmes. «On nous oblige au rôle de garde malade, mais sans prise en charge On doit sortir de l‘hôpital pour acheter quelque chose ou à manger et boire. On ne demande pas une rémunération, mais nous assumons une fonction. L’hôpital doit, au moins, nous assurer de quoi manger et boire, pas plus!», nous dit Salah, natif de Beni Slimane.
Avec l‘arrivée du variant Omicron, Saliha l’infirmière avoue sa crainte de voir l’hôpital être dépassé, et qu’il n’y ait plus de places pour les gardes malades, ce qui accentuera, d’autant plus, la tension, et du personnel et des personnes chargées de veiller leurs malades.
R. H.