L’Union européenne réitère son attachement à une coopération gagnant- gagnant avec l’Algérie, qui occupe une place centrale. En effet, plusieurs initiatives sont en préparation pour renforcer davantage la coopération entre les deux parties, a annoncé hier, à Alger, Stefano Sannino, directeur général du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et du Golfe à la Commission européenne.
Par Akrem R.
Intervenant à l’occasion de la clôture de l’initiative européenne «Partenariat euro-algérien pour l’investissement durable», le représentant de l’UE a estimé nécessaire de consolider le partenariat avec l’Algérie, dans une conjoncture marquée par de profonds bouleversements géopolitiques.
La fragmentation du commerce mondial, exacerbée par les récentes mesures tarifaires prises par les États-Unis, «nous rappelle à quel point il est crucial de resserrer les liens économiques avec nos partenaires les plus proches», a-t-il souligné, affirmant qu’il est temps de changer de cap.
En clair, l’UE veut modifier la perception d’une Algérie longtemps vue comme un simple marché pour en faire un partenaire industriel et commercial renforcé. La clôture du projet «Sustainable Investment Partnership» (SIP), présenté comme un modèle de coopération bilatérale, s’est soldée par un succès exemplaire.
«Le projet SIP que nous clôturons aujourd’hui a contribué de manière concrète à faire avancer notre partenariat. Grâce à la mobilisation de l’Agence algérienne pour la promotion de l’investissement (AAPI) et au professionnalisme de toutes les parties prenantes, ce projet a permis d’organiser des visites de promotion dans 14 pays européens, de rencontrer plus de 250 entreprises intéressées à investir en Algérie et de créer un groupe d’experts algéro-européen qui a formulé des recommandations ciblées», a-t-il déclaré, précisant que cette clôture marque le début d’une nouvelle étape ambitieuse.
«Nous souhaitons capitaliser sur les acquis du SIP pour construire, ensemble, une feuille de route partagée pour l’investissement durable en Algérie», ajoute le même responsable.
Dans cette optique, plusieurs initiatives sont déjà en préparation. Il s’agit, en effet, d’un jumelage avec l’AAPI qui sera lancé dans les prochains mois, et servira de tremplin vers un nouveau programme prévu pour début 2026.
Ce programme vise à améliorer le climat des affaires, attirer davantage d’investissements européens en Algérie, faciliter le commerce bilatéral, et accompagner l’accès des entreprises algériennes au marché européen.
Cette démarche s’inscrit dans l’ambition de l’UE de faire du partenariat euro-méditerranéen une priorité stratégique, en phase avec notre nouvelle vision. «Nous espérons pouvoir compter sur l’AAPI comme partenaire central dans ce nouveau cadre», affirme Stefano Sannino.
Par ailleurs, l’UE accorde une grande importance à la mise en place de Zones économiques spéciales, au développement des Partenariats Public-Privé, ainsi qu’à une mobilisation accrue des financements des institutions financières européennes telles que par-exemple la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD). D’ailleurs, les discussions sur l’ouverture d’un bureau de la BERD à Alger sont la bonne voie.
En outre, le responsable de la Commission européenne a salué les avancées introduites dans la Loi de finances 2025, notamment l’ouverture au financement international pour les projets d’intérêt national. Pour lui, c’est un signal positif qui peut permettre à l’UE et à ses banques de développement d’intervenir de manière plus significative.
Il a indiqué que l’investissement est un levier stratégique pour renforcer la souveraineté économique, créer des emplois de qualité et accompagner la transition verte. « C’est aussi un vecteur de rapprochement entre les peuples. Nous sommes déterminés à poursuivre sur cette lancée ensemble au service d’une prospérité partagée», ajoute-t-il.
Il est temps de franchir une nouvelle étape
Par ailleurs, le directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), Omar Rekkache a assuré que la construction d’un partenariat stratégique dans le domaine de l’investissement entre l’Algérie et ses partenaires de l’Union européenne n’est plus une option, mais plutôt une nécessité.
«La mise en place de ce partenariat s’inscrit dans le contexte des profondes transformations géoéconomiques que connaît le monde, et qui exigent une coordination accrue, une intégration renforcée et une orientation des investissements vers de nouveaux horizons favorisant le développement durable» a-t-il expliqué.
Saluant les résultats positifs du projet de partenariat avec l’UE, Rekkache a estimé que grâce à ce programme, l’AAPI a présenté «l’Algérie comme une destination prometteuse et fiable pour les investissements directs européens, notamment dans le cadre de la recherche de circuits d’approvisionnement plus courts et de la valorisation de la production à proximité du marché européen».
Dans son allocution, M. Rekkache a souligné : «Nous sommes convaincus que ce partenariat doit passer de la phase de diagnostic et de recherche à la phase de mise en œuvre et d’investissement effectif. Aussi, le dialogue doit se traduire par des projets concrets contribuant à la création de valeur ajoutée, à la création d’emplois et au renforcement de la compétitivité de l’économie algérienne, tout en promouvant les intérêts de nos partenaires européens».
Pour un partenariat gagnant-gagnant
De son côté le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA)), M. Kamel Moula a plaidé pour un partenariat gagnant-gagnant entre l’Algérie et les pays de l’Union européenne : «Chaque pays travaille pour développer son économie nationale et à maintenir ou créer des opportunités d’emploi. Les partenariats doivent s’établir sur la base gagnant-gagnant. Les possibilités de coopération entre l’Algérie et les pays européens sont énormes, à condition que les intérêts mutuels soient garantis. L’Algérie a des priorités particulières et l’Union a ses propres priorités, mais je suis convaincu que le dialogue satisfera les deux parties. Les investissements européens en Algérie témoignent de la confiance accordée aux opérateurs économiques algériens» a-t-il déclaré.
A cette occasion, le président du CREA a renouvelé son engagement pour l’accompagnement des sociétés européennes qui veulent investir en Algérie : «Nous nous engageons à travailler avec la délégation de l’Union européenne pour accompagner les entreprises européennes souhaitant investir en Algérie. Les relations entre les deux parties devraient évoluer vers une production et une exportation conjointe. L’Union européenne a intérêt à avoir une Algérie prometteuse à sa frontière sud, contrairement aux pays du Sahel. Nous sommes convaincus que nous pouvons parvenir ensemble à des accords prometteurs» a-t-il conclu.
A. R.







