Face à la presse, dimanche soir, le Président Tebboune a été sans ambigüités et a abordé toutes les questions qui intéressent directement les Algériens. Montrant qu’il était soucieux des préoccupations de ses concitoyens, Tebboune a dressé un tableau pour le moins exhaustif de la situation socio-économique et politique du pays.
Par Réda Hadi
D’emblée, le Président a été sans équivoque et a abordé la question des importations dont la facture a été réduite à 10 milliards, «et ce malgré la pandémie de Coronavirus» a-t-il dit.
Abordant la question des pénuries et autres augmentations excessives des prix des produits de large consommation le Président a indiqué, à avertit à propos des pratiques spéculatives, que «personne ne peut déstabiliser l’État et personne n’est au-dessus de la loi. Les stocks couvrent la demande nationale et nous avons des réserves d’une durée de 3 mois. Il n’y aura pas de pression sur les produits. Nous irons vers l’importation en cas de nécessité.», et ce, tout en qualifiant la spéculation de «sale jeu». «Les produits seront disponibles, grâce aux stocks stratégiques. J’ai donné des instructions au ministre du Commerce, pour agir avec rigueur», a rassuré Tebboune, tout en dénonçant la prééminence du marché informel qui gangrène l’économie du pays.
Dans cette optique, le premier magistrat du pays fait remarquer que le marché informel a «commencé à prospérer durant les années 1990, pendant la décennie noire, en raison de le situation qu’a traversée l’Algérie à l’époque, mais ce problème va être réglé dans les prochains mois, avec la stabilité de la situation après les élections», a-t-il promis. Il a ajouté qu’il y avait une décision politique et que le marché a évolué. «Aujourd’hui, personne n’a le chiffre réel, mais le marché informel est évalué entre 6.000 milliards DA à 10.000 milliards DA.
Dans une réponse à une question sur la récupération de l’argent détourné, et qui intéresse particulièrement les Algériens, M. Tebboune a réitéré son engagement à poursuivre son action dans ce sens et que cela demeure son objectif.
«Les jugements contre les auteurs ne sont pas définitifs. Les pays agissent à travers les lois et pas sur la base de sentiments, mais ils ont exprimé leur disponibilité à coopérer en la matière. D’ailleurs, je tiens à rassurer les Algériens qu’il y aura de bonnes nouvelles les prochains jours, à ce sujet. Nous avons déjà réussi à récupérer 44 biens immobiliers en France, dont des logements F8 et des châteaux», a-t-il révélé à ce propos.
S’agissant de notre autosuffisance alimentaire, le Président a estimé, par ailleurs, que la relance économique a débuté dans plusieurs secteurs, dont l’Agriculture. «On va dépasser les 25 milliards de dollars d’investissements dans ce secteur et on va entamer l’industrie de la transformation et du montage automobile, dans le cadre de la relance économique», a-t-il annoncé, préfigurant et confirmant sa politique de relance économique, particulièrement dans le secteur de la construction automobile pour lequel Tebboune a plaidé pour une véritable industrie automobile, «avec un taux d’intégration de 40%, et ce dans l’intérêt de l’économie nationale.»
«Le cahier des charges est prêt», assure-t-il, ajoutant que nous sortons d’une mauvaise expérience qui a fait perdre à l’Algérie des sommes importantes. «Le dossier sera finalisé d’ici le premier semestre de l’année en cours», annonce le Président.
S’agissant de la récente création des nouvelles wilayas, Tebboune estime que «c’est cette initiative est un apport positif pour le développement, pour rapprocher le citoyen de l’Administration, à l’exemple de Djanet, dotée d’un aéroport, car il faut atteindre les indices de développement dans ces régions» a-t-il expliqué.
«Ces wilayas doivent constituer le reflet de l’image de l’Algérie et la force de l’État», plaide-t-il. «Bordj Badji Mokhtar, par exemple, dispose du gaz, de l’électricité et de réseaux routiers. Elle est la porte d’entrée vers le Mali et sera la porte d’entrée vers l’Afrique, à travers la création d’une zone franche», préconise, le Président Tebboune.
Sur un autre registre le chef de l’Etat a réaffirmé sa volonté d’être à l’écoute du peuple et a souligné que le contact avec le citoyen est permanent. Il a annoncé, lors de cette entrevue, que d’ici la fin de l’année, des visites dans le pays seront envisagées.
Balance des paiements : Vers l’équilibre en 2021 ou 2022
L’Algérie parviendra, pendant l’année en cours ou au plus tard l’année prochaine, à un équilibre de sa balance des paiements, grâce à la politique de maîtrise des importations et de l’encouragement des exportations hors-hydrocarbures.
Pendant l’année en cours, M. Tebboune a fait état, à titre d’exemple, d’un travail en cours en vue d’épargner 800 millions USD à 1 milliard USD dans les importations des médicaments, grâce à l’industrie pharmaceutique locale, ainsi que 500 millions USD qui seront épargnés dans les importations du blé qui ne dépasseront pas 400 ou 500 millions USD.
Pour ce qui est du renforcement des exportations hors-hydrocarbures, M. Tebboune a réaffirmé l’attachement de l’Etat à cet objectif, faisant état de la programmation de l’exportation de 400 millions USD de médicaments courant 2021.
Loi sur la déchéance de la nationalité : Le projet retiré
Le projet de loi visant à déchoir des Algériens de la diaspora de leur nationalité, notamment pour des actes « préjudiciables aux intérêts de l’État », a été «retiré», a annoncé le président Tebboune en raison de «son interprétation erronée»
«La double nationalité ou la pluri-nationalité n’est pas un crime et nous respectons cela, car supposé apporter un plus au pays d’origine du concerné dans un climat empreint de nationalisme», a-t-il précisé.
«Cette procédure concernait uniquement la question de l’atteinte à la sécurité de l’État que nous défendrons d’une manière ou d’une autre», a ajouté le président.
Le projet prévoyait de déchoir de sa nationalité algérienne «acquise ou d’origine» toute personne commettant à l’étranger des actes portant «volontairement de graves préjudices aux intérêts de l’État» ou « qui collabore avec un État ennemi». R.H.