La pomme de terre, devenue un aliment indispensable pour la majorité des familles algériennes, coûte cher ces derniers temps, atteignant le seuil des 90DA, voire 110 DA dans la capitale et les grandes villes. Problème récurrent s’il en est, le prix de la pomme de terre, est devenu la référence pour qualifier le niveau de vie des Algériens. Une question si sensible que le Président Tebboune est intervenu pour signifier à la population des mesures pour faire baisser les prix à 60 DA. .
Par Hadi Réda
Pour faire baisser les prix, l’Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (ONILEV), a lancé ce jeudi 14 octobre, une large opération d’approvisionnement des marchés nationaux en quantités importantes de pommes de terre, selon son directeur général, Abdelaziz Ouchmane, qui assure que cette opération qui se poursuivra jusqu’à fin novembre prochain, vise à assurer la disponibilité de ce produit aux consommateurs à un prix abordable.
Ce responsable qui n‘a pas donné de précision sur ce «prix abordable», a justifié le manque de ce produit sur le marché pour des raisons pratiques et techniques, car le secteur connaît, à chaque saison, une période de vide naturel, où la production est faible et diminue, en raison de la fin de la saison des récoltes.
Scepticisme
Des spécialistes, en la matière affirment, toutefois, qu’«inonder le marché de manière factuelle, ne peut résoudre en aucun cas le problème».
Radja Ahmed, ingénieur en agronomie et consultant à la FAO, soutient «qu’il ne s’agit en fait que de spéculation, et de mauvaise organisation».
Celui-ci a tenu à préciser qu’ «un Algérien consomme 111kg/an de pomme de terre, soit trois fois la moyenne mondiale, qui est de 31 kg. Cette quantité place l’Algérie parmi les plus gros consommateurs de ce produit à l’échelle mondiale. Par conséquent, comment voulez-vous que 1000 tonnes:jour suffisent à satisfaire les besoins et réguler un marché aux mains de spéculateurs ?»
En fait l’expert nous explique, qu’ «en Algérie, la culture de la pomme de terre occupe une superficie d’environ 150 mille hectares par an(70 – 80 mille ha saison et 60 – 70 mille ha en arrière – saison et primeur). Avec cette superficie, elle est classée comme étant la culture maraichère la plus importante. Néanmoins, le marché de la pomme de terre est caractérisé par des cycles chroniques d’instabilité des prix, car une relative variation de l’offre provoque souvent des bulles spéculatives et une instabilité des prix. En période de crise, les prix de la pomme de terre de consommation peuvent se multiplier par 4 en l’espace de quelques jours. Ce qui affecte le budget des ménages. Sauf que chez nous la crise est souvent accentuée par la spéculation».
Ajouté à la spéculation M. Radja estime aussi, que le manque de coordination entre les maraichers et la DSA (Direction des services agricoles), est un facteur de crise aggravant.
Quid du circuit de distribution?
M. Radja estime aussi que «la gestion de la culture de la pomme de terre doit être considérée en amont, dans la mesure où le processus Syparlac, a montré certaines faiblesses, car l’application de ce principe par les pouvoirs publics a fait l’objet de plusieurs questionnements au niveau économique, notamment en matière de degré d’intervention de l’Etat dans les marchés agricole» Et de soutenir que «l’Etat doit absolument contenir la spéculation par des mesures de contrôles plus appropriées et surtout, plus coercitives. En parallèle, il faut venir en aide aux agriculteurs durant la période creuse, pour une culture sous serres, ce qui affaiblirait la tension sur ce produit»
Reste que pour M. Radja, si les spéculateurs sont l’un des facteurs de la crise, il faut parler aussi du circuit de distribution et de commercialisation qui est trop lourd, et est devenu inefficace avec le temps. Sa complexité ajoutée au nombre d’intermédiaires, tire les prix à la hausse. «Certaines initiatives sont méritoires, comme celle prise par l’Onilev de Ain Defla, qui a pris la décision de signer une convention avec un opérateur privé qui fait du conditionnement, afin de pourvoir le marché en sacs de pommes de terre de 5 kilogrammes à un prix public de 50 DA.le kg» a-t-il conclu.
R. H.