Contourner le stress hydrique dans les secteurs agricole et industriel : Le gouvernement déroule sa stratégie 

L’Algérie qui investit massivement dans la réalisation de stations de dessalement de l’eau de mer, allouant des montants conséquents pour renforcer sa sécurité hydrique, travaille en parallèle sur le développement d’une véritable stratégie pour la réutilisation des eaux usées traités, notamment dans le secteur agricole.

Par Akrem R.

Le stress hydrique qui guette toute la région du Nord de la méditerranée, dont l’Algérie, suite aux dérèglements climatiques impose la nécessité de mettre en place des stratégies permettant une production et exploitation durable de «l’or bleu». Des orientations claires ont été données par le chef de l’Etat, à ce propos, au gouvernement afin de sécuriser le pays en matière de la ressource en eau tant potable que pour l’irrigation. 

L’Agriculture constitue, rappelle-t-on, le moteur de croissance de l’économie nationale. D’ailleurs, il est considéré secteur stratégique par le gouvernement, dira, d’emblée, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal. Ainsi, l’Exécutif est appelé à gagner le pari de l’alimentation en continue des populations en eau potable et, surtout, le développement du secteur agricole, qui consomme 70% des ressources en eau dans le pays, soit 7 milliards m3/an.  

À cet effet, l’investissement dans le traitement des eaux usées devient plus qu’impératif, d’autant plus que 60% des eaux en Algérie seront issus des stations de dessalement. La production d’un mettre cube de l’eau dessalée est entre 91 à 120 DA/l ! Très couteux, d’où la nécessité d’investir dans la récupération, pour une deuxième utilisation, notamment, dans les secteurs de l’industrie et de l’agriculture.

«Face aux changements climatiques ayant affecté fortement les taux de précipitations, le ministère de l’Hydraulique explore diverses solutions pour fournir des quantités d’eau nécessaires pour chaque secteur», a affirmé le ministre dans son discours à l’ouverture, hier, d’un Séminaire sur l’utilisation des eaux usées traitées dans l’agriculture et l’industrie.

40 milliards de DA alloués

Il a assuré que son département s’emploie à développer la réutilisation des eaux usées par les stations d’épuration grâce à des technologies modernes, en soulignant que l’augmentation des capacités de récupération des eaux usées traités est un objectif stratégique fixé par le président de la République.

Il a relevé qu’une enveloppe financière de 40 milliards de DA a été mobilisée pour la concrétisation de la stratégie nationale concernant le recyclage des eaux. Cette dernière consiste, dira-t-il, à l’exploitation optimale des stations d’épuration, élargissement de certaines stations, la réhabilitation, la réalisation de nouvelles stations et la généralisation du système du traitement tertiaire des eaux usées.

Cette nouvelle technique permettra aux agriculteurs une utilisation des eaux usées traités sans aucune restriction. Le ministre a rappelé, dans ce contexte, que le champ d’utilisation de ces eaux étaient destinées uniquement à la céréaliculture et aux plantes. 

Le ministre qui a animé une conférence de presse en marge de cette rencontre, a précisé que son département a finalisé l’élaboration de fiches techniques et les études nécessaires pour le lancement de la stratégie nationale dans les prochains jours selon un calendrier bien précis. 

Mobiliser 1,2 milliard m3 d’eau épurée d’ici 2030 

Des mesures qui permettront, selon le même responsable, de fournir environ 1,2 milliard de m3 d’eau d’ici 2030. « L’objectif d’assurer des ressources hydriques supplémentaires au profit du secteur agricole, réduisant ainsi la pression sur les eaux souterraines et les eaux de surface, impactées par la faible pluviométrie», a-t-il expliqué, en soulignant l’importance des eaux traitées, classées comme la quatrième ressource hydrique après les eaux souterraines, de surface et l’eau de mer dessalée.

Néanmoins, en dépit des investissements consentis dans le secteur de l’assainissement, le ministre a déploré une faible utilisation des eaux traitées. Selon le ministre, les 213 systèmes de traitement réalisés ayant une capacité théorique de traitement d’1 milliard de mètres cubes par an, ne produisent actuellement que 442 millions de mètres cubes par an, soit 44%.

Un ambitieux programme d’investissement dans le domaine de l’assainissement a été réalisé en Algérie, matérialisé, notamment par l’extension du parc des stations d’épuration existants, pour atteindre plus de 200 infrastructures en exploitation, traitant un volume de 1,16 milliard de m3 d’eaux usées, correspondant à 17 millions équivalents habitants, selon les données de l’ONA.  Ce parc, actuellement en voie d’extension, atteindra, à l’horizon 2030, une capacité de traitement estimée à 2 milliards mètres cube, affirme-t-on.  Cet apport hydrique sera mis à la disposition du secteur agricole pour «une réutilisation non restrictive en agriculture, qui pourra couvrir les besoins d’irrigation d’une superficie agricole utile de 160 000 ha», selon l’Office.

Le taux de remplissages des barrages est à 31% 

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune avait ordonné, lors de la réunion du Conseil des ministres, «d’élaborer un plan pour la généralisation des stations de dessalement de l’eau de mer tout le long de la bande côtière, ainsi que la relance et la mise en service de l’ensemble des projets de stations d’épuration des eaux usées à l’arrêt au niveau des wilayas, afin de les exploiter dans l’irrigation, au lieu d’utiliser les eaux souterraines».

Sur un autre registre, le ministre de l’Hydraulique a fait savoir que le taux de remplissage des barrages avoisine les 31%. Un taux qui devrait s’améliorer avec les précipitations annoncées dans les prochains jours. En effet, ce niveau de remplissage des barrages améliorera l’alimentation des populations de Bouira, Tizi-Ouzou et Médéa  en eau potable. Par ailleurs, il a annoncé que le projet de l’aménagement de Oued El Harrach sera livré durant le premier trimestre de 2024.

Une convention cadre a été signée, en marge de cette rencontre, entre l’Office national de l’assainissement (ONA) et l’Office national de l’irrigation et la distribution des eaux, portant sur la réutilisation des eaux épurées dans le domaine de l’irrigation.

A. R.

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