Développer son système de connexion pour prévenir les cyberattaques maritimes, valoriser les compétences dans le domaine de Système de management de la Qualité (SMQ), associer les entreprises de différents calibres dans la stratégie de connectivité logistique, élaborer des méthodes de formation dans un cadre de concertation entre différents intervenants. Telles sont, entre autres, les propositions aux problématiques de la logistique en Algérie, lors de la conférence »La logistique connectée : comment en tirer parti pour gagner en flexibilité et fiabilité dans la gestion des flux logistiques », qui s’est tenue, hier, mardi, au Salon international du Transport et de la Logistique (Logistical), du 22 au 25 novembre 2021, au Palais des Expositions (Safex), à Alger.
Par Zoheir Zaid
Les panélistes, ont, chacun dans son domaine, présenté des solutions sur la base des expériences mondiales. La solution au profit de la logistique ne doit pas seulement être pensée en vue de réduire la facture de l’importation, mais aussi, et surtout, dans le but de promouvoir l’exportation.
Premier à intervenir, le directeur général Lloyd’s Algérie, Salah Boudemala, a révélé que la nouvelle technologie a changé la donne dans la gestion des flux logistiques, en générant notamment, et c’est là où le bât blesse, des cyberattaques qui ont coûté, pour l’exemple, à la société danoise de transport maritime de conteneurs, Maersk, qui assure 15% de fret à l’échelle mondiale, des pertes de l’ordre de 300 millions de dollars, « un chiffre astronomique pour l’Algérie, si jamais celle-ci l’aurait perdu », a-t-il déclaré.
Pour sa part, le port de Los Angeles, aux USA, a enregistré près de 40 essais frauduleux de cyber-attaques par mois, alors que celui d’Anvers, en Belgique, a, deux ans durant sans que personne ne s’en rende compte, vu la sortie et l’entrée de marchandises par des trafiquants de drogue.
« Au total, les cyberattaques ont augmenté de 900%, entre 2017 et 2020. », tient à révéler Salah Boudemala. Malheureusement, dans cette série de statistiques, aucune concernant l’Algérie n’a été avancée.
« En ce qui concerne l’Algérie, je n’ai pas des statistiques sur l’ampleur de ce phénomène mondial. », a répondu à une question d’Eco Times.
L’intervenant, a, enfin, rappelé les importantes réglementations et recommandations mondiales, dans le cadre de la lutte et la prévention contre les cyberattaques, tel que »International Ship and Port Facility Security (ISPS) » ou » Code international pour la sûreté des navires et des installations », et élaborées par différents organismes, dont l’Organisme maritime international (OMI).
Dépasser la bureaucratie
Pour sa part, le directeur général (DG) de Dp World Djazair, Samir Boumati, a insisté sur l’impératif de surpasser les pratiques bureaucratiques (bureaucratique latente’), selon ses propos, pour se mettre aux standards mondiaux en matière de mobilité et de flux logistiques. « Dans d’autres pays, c’est déjà la téléportation des marchandises, ce qui nous oblige, immédiatement, à mettre en œuvre, en premier lieu, la réglementation en vigueur, bien sûr en ayant les process nécessaires.», a-t-il déclaré.Recommandations
Le DG de Dp World Djazair, a également rappelé que dans beaucoup de ports, c’est l’IoT (Internet des objets), la machine learning (apprentissage automatique), la prédiction. Pour cela, l’entreprise, la PME, la start-up, quel que soit son gabarit, doit élaborer son Système de management de la Qualité (SMQ) supérieur à la hauteur des mutations technologiques mondiales, « illico presto. », insiste-t-il. Le manque de données prédictives ne permet pas, selon Boumati, de bien planifier ses entrées et sorties de bateaux, leurs chargements et déchargements. Il a, enfin, rappelé que, tout de même, des actions de digitalisation ont été lancées, dont le système d’assouplissement des documents administratifs par la direction générale des Douanes (DGD) (le guichet unique, ndlr) et la création de la plateforme communautaire portuaires d’échanges de données numériques ou APCS (Algerian Port Community System), filiale du Groupe Serport (Services Portuaires). En ce qui concerne les ressources humaines, Samir Boumati a rassuré quant à l’existence de compétences algériennes qui peuvent prendre à bras-le-corps les solutions avancées, notamment, en vue de réduire les surcoûts liés à la logistique, estimés, selon lui, à 30%. Ce taux, Hind Benghanem, la directrice générale (DG) de Abouabcom and Log, agence Conseil organisatrice du Symposium international sur la Trans-logistique, le Transit et l’Entreposage des Marchandises (Sittem), l’estime, quant à elle, à 40%, « En Algérie, nous payons 25% de plus de ce que nous consommons par rapport à la norme en coûts de la logistique, estimée, elle, à 15%, dans des économies plus saines. » Elle propose le recours à l’optimisation des process sur tous les maillons de la chaine logistique, le transport maritime, l’entreposage, le transport routier. Hind Benghanem, juge qu’il est temps d’opter pour la smart solution, de revoir les pratiques en cours dans le domaine de la logistique, d’atteindre le « zéro papier’», de relancer l’idée d’un ministère de la Planification. Elle compte également procéder à »l’ubérisation du secteur de transport des marchandises’’, via une solution que son entreprise a développée tout récemment. Enfin, elle appelle les universités à communiquer sur leurs ressources académiques, donnant l’exemple d’une Licence en logistique à l’université de Constantine (les étudiants étaient présents au Logistical), dont elle en ignorait jusque-là l’existence, et ce, en dépit qu’elle active dans le domaine de la logistique depuis des années.