L’Algérie qui veut se positionner comme étant un leader dans la région est appelée, plus que jamais, à la révision de sa diplomatie, notamment économique. Les bonnes relations politiques avec la plupart des pays de l’Afrique ne sont malheureusement pas exploitées dans le domaine des affaires et du business.
Par Akrem R.
En effet, le discours de l’Algérie à l’international est dominé par la politique. Du moins, c’est ce que l’enseignant universitaire, spécialisé en relations internationales Ali Lourari, a affirmé hier à Alger. Ce dernier a déploré que « nous continuons à fonctionner avec des pratiques dépassées par le temps. En réalité, nous avons vidé notre diplomatie de l’économie».
Dr Lourari s’est interrogé sur l’utilité d’avoir un ministre qui parle et maitrise une dizaine de langues, sans pouvoir ramener un seul investisseur au pays ! C’est une réalité amère qui interpelle le gouvernement pour la révision de sa stratégie dans ce domaine, en faisant appel à des compétences pour faire la promotion de l’investissement dans notre pays et également faire connaitre les produits et les entreprises algériennes à l’international.
Au niveau du continent africain, à titre d’exemple, l’Algérie détient des relations exceptionnelles avec la plupart des pays africains, mais l’échange économique entre les deux parties est «insignifiante» et parfois «inexistante» même.
«Les pays de l’Afrique doivent être notre extension économique naturelle. Actuellement, on est concurrencé par des petits pays du Golfe, la Turquie et la Chine. On doit, tous simplement, se réveiller de notre léthargie diplomatique. La diplomatie qui ne ramène pas de la valeur ajoutée au pays et à l’économie nationale doit être réformée, tout en se mettant en diapason avec les normes internationales», a-t-il souligné.
Certainement, notre armée a réalisé des résultats probants sur le plan sécuritaire, en garantissant la sécurité de nos frontières terrestres, mais la diplomatie économique n’a pas été au rendez-vous. « Nous avons raté beaucoup d’occasions au niveau des pays du Sahel, à l’instar du Mali, Niger, Libye et la Mauritanie. Nous avons plusieurs mécanismes, permettant à l’Algérie de se positionner dans cette région qui ne sont pas encore activés», a déploré le même intervenant. À cet effet, recommande-t-il, il est plus qu’impératif de changer notre discours, en s’inspirant des pays leaders dans le domaine, à l’instar de la Turquie, le Qatar et les Emirates arabes unis.
Reculs
Ces deux petits royaumes ont su se déployer à travers le monde, notamment en Afrique, alors que l’Algérie qui est un pays continent peine à faire entendre sa voix à l’internationale. Au contraire, ces dernières années, nous avons enregistré un net recul en matière d’attractivité. Durant les années 70 jusqu’au début 2000, les universités algériennes étaient la première destination pour les étudiants africains, alors que, maintenant, c’est le désert en la matière. «Nous avons perdu notre attractivité. Il est temps de faire renaitre notre diplomatie de ses cendres, en donnant une nouvelle vision à notre stratégie», a-t-il dit.
Le moment est venu de faire de remédier à la situation, en accordant plus d’importances à la diplomatie économique et en nouant des alliances avec d’autres pays. Un aspect auquel le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, accorde une importance capitale. Dans ses différentes interviews avec des représentants de la presse nationale, le chef de l’Etat a mis l’accent sur la nécessité d’établir des partenariats gagnant-gagnant. D’ailleurs, il a décidé de revoir le cahier des charges régissant l’importation de voitures, afin d’exiger aux pays d’origines d’investir ou de donner quelque chose à l’économie algérienne. Autrement dit, pas d’importation de voitures d’un pays qui n’investit pas en Algérie. À travers cette démarche, le chef de l’Etat veut faire jouer la carte économique, et en finir avec les anciennes pratiques, faisant que notre pays est perçu comme étant un marché uniquement.
Il est à rappeler qu’en mars derniers, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait indiqué que son département a prit certaines mesures pour renforcer la diplomatie économique afin de participer avec tous les acteurs concernés, à l’application des décisions du président de la République pour relancer l’économie, particulièrement l’investissement étranger et l’exportation. Un Bureau d’information et de promotion des investissements et des exportations a été d’ores et déjà créé au niveau du ministère des Affaires étrangères dans le cadre de la diplomatie économique.
A. R.