La politique de compression des importations est salutaire, permettant, certes, de réduire, dans l’immédiat, la facture des importations et d’instaurer un équilibre de la balance commerciale du pays. Mais cette politique risque d’avoir un impact négatif à moyen terme sur l’outil de production nationale.
Par Akrem R.
En effet, il y a risque sur les activités des Petites et moyennes entreprises activant, notamment, dans l’industrie et, surtout, celles dépendant fortement d’intrants et de matières premières importés. De même, en est-il pour les activités commerciales dont le rôle dans la dynamique économique est d’une grande utilité et importance. «Il faut faire attention à la compression excessive des importations. Donc, il est important d’être très attentif à cela et ne pas dépassé le seuil critique qui pourrait faire basculer les choses», a mis en garde l’expert en économie, Abderrahmane Hadef.
Et d’ajouter : «Aujourd’hui c’est bien qu’il y’ait une nouvelle démarche ou politique de régulation du commerce extérieur d’une manière générale de et vers les deux sens. Mais le plus important, aujourd’hui, c’est de garder les équilibres en termes de production et de commercialisation, et là, je trouve que cette problématique est en en train d’impacter deux activités importantes de notre économie. La première, est celle de production (PME industrie) et la deuxième qui n’est pas de moindre importance, affecte les activités commerciales d’une manière générale. Donc, même si nous sommes dans une période qui nous impose un contrôle des activités du commerce extérieur, cela ne doit pas impacter négativement les activités industrielles et surtout affaiblir l’outil de production»
Notre interlocuteur a expliqué qu’en procédant à des restrictions dans les activités d’importation on aura un résultat immédiat sur la balance des paiements et la facture d’importation, mais les effets peuvent être dévastateurs sur l’outil de production, à moyen terme.
« Cet outil de production qui va être impacté, déjà dans une première phase, par la diminution de l’activité et la cadence au niveau de ces industrie et, par la suite, va induire aussi une moins value dans l’investissement, ce qui va, à moyen terme, détériorer nos capacités de production… Nous sommes, donc, dans une phase où nous devons, au contraire, aller vers plus d’investissements et plus de renforcement de notre outil de production», détaille-t-il.
À cet effet, estime Abderrahmane Hadef, il faut rester très vigilant par rapport à cette question et là, «je pense qu’il faut qu’il y’ait une vraie analyse, déjà, du marché à travers la maitrise de l’ensemble des capacités de production et de travailler sur un plan de renforcement des capacités de production, au lieu de les restreindre à travers la compression des importations de produits, matière première et intrants pour ces activités-là». La restriction des importations va aussi impacter, au-delà de la matière première, les équipements, indique-t-il, ce qui est un souci pour les entreprises de production industrielle, d’une part.
Des marchandises en rupture
D’autre part, il est à noter que ces restrictions vont impacter un maillon très important de la chaîne du cycle économique, celui des activités commerciales, dont «nous constatons aujourd’hui une très forte baisse. Des commerces et magasins sont en manque de marchandises, beaucoup d’autres commerçants se plaignent du manque d’approvisionnement, ce qui sera problématique par rapport à la chaine d’approvisionnement du marché national».
Au delà de la matière première utilisée pour être transformée et revendue sur le marché national avec possibilité de placer une partie sur les marchés internationaux. Il ya aussi les produits qui sont revendus en l’état et qui ne sont pas fabriqués en Algérie».
Ainsi, la régulation du commerce extérieur, via des pratiques purement administrative et de manière intersectorielle, va prolonger les délais du traitement des autorisations d’importations. «Ça va, à mon sens, avoir un effet négatif sur la disponibilité de produits et de marchandises, à titre d’exemple, l’habillement, l’ameublement, les pièces de rechanges, etc.», détaille-t-il.
A. R.