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Commune d’Ahnif (Bouira) : Le sanctuaire du dénuement - ECOTIMES

Commune d’Ahnif (Bouira) : Le sanctuaire du dénuement

Olivier Bouira

Photo : D. R.

Cette localité foncièrement rurale, offre toutes les opportunités d’investissement dans les différents circuits économiques. Cependant, et en l’absence d’une véritable politique de développement, Ahnif n’est à présent qu’un véritable no mans land, où il ne subsiste que quelques bergers, qui, contre vents et marées, s’accrochent à leurs terres.

Par Maria K.

La commune d’Ahnif, 35 Km à l’est de Bouira, demeure celle qui n’a pas beaucoup de perspectives en matière de développement. Et ce, en dépit des énormes richesses qu’elle recèle. En effet, abstraction faite des richesses minières, le volet agricole est celui qui, théoriquement, promet d’énormes débouchées aux populations locales. Cependant, il faut compter sans le laisser-aller des responsables du secteur et des autorités locales, visiblement à court d’imagination.

En effet, cette localité foncièrement rurale, offre toutes les opportunités d’investissement dans les différents circuits économiques. Avec un vaste territoire constitué de terres fertiles, de massifs forestiers et de champs d’oliviers à perte de vue, cette municipalité se voit, tout bonnement, abandonné par les siens. La situation sécuritaire qui y a prévalu au cours de la dernière décennie a certes précipité cet abandon, mais la raison la plus frappante est celle relative à l’absence totale d’infrastructures publiques, mais surtout des commodités les plus élémentaires, à savoir les routes, l’électricité, l’eau, le gaz…etc. Les populations sédentaires, notamment celle peuplant les quelques villages de Tamellaht, à l’instar d’Ighil n’Ath Ameur, Tamezyavt, Ighil n’Ath Rayou ou encore taddart n’Tmellaht, souffrent le martyr en subissant la misère indescriptible qu’impose l’enclavement et la désuétude.

No mans land…

Les citoyens, ou plutôt le peu de gens qui y demeurent, semblent ne plus comprendre ce qui se passe pour que leur localité soit délaissée, au moment où elle offre plusieurs possibilités d’investissement. Le territoire de cette commune est considéré parmi les plus vastes au niveau de toute la daïra de M’Chedallah dont elle dépend. Toutefois, l’insouciance et le laisser-aller des responsables font qu’il soit laissé carrément en friche.

C’est là donc, un véritable no mans land, où il ne subsiste que quelques bergers, qui, contre vents et marées, s’accrochent à leurs terres. Les quelques villages habités sont tellement éloignés entre eux qu’il semble qu’aucune communication ne s’établit entre les citoyens de cette contrée abandonnée. D’ailleurs, hormis les faubourgs de Tamellaht, Ighrem et le chef-lieu de la commune où il y a un semblant d’activité et une densité de population, le reste du territoire est totalement désert. Une des raisons ayant, d’autre part, contribué à faire de ce territoire, une zone de repli pour les groupuscules terroristes qui continuent à y élire domicile.

Une visite à travers le territoire de cette commune renseigne amplement sur l’état de déliquescence dans laquelle se trouve embourbée cette population qui ne sait plus à quel saint se vouer. Du côté de Tamellaht, c’est la misère qui nous accueille ! Partout dans les faubourgs, que ce soit à Ighil N’Ath Ameur (la plus importante bourgade), Tiqesray ou à Ighil N’Ath Rayou, les conditions sont lamentables. C’est le marasme au quotidien: manque d’infrastructures et de prise en charge de tout genre, manque d’eau et…

Les gens d’ici semblent oublier jusqu’à l’existence d’un Etat dans cette contrée. Ammi Moh, quinquagénaire, nous dira: «nous sommes les éternels oubliés. Durant l’époque coloniale, le gros du territoire de notre commune est érigé en zone interdite, et présentement, nous avons l’impression de vivre dans les mêmes conditions». Les jeunes de leur côté ne cachent pas leur révolte. Ils utilisent des mots très durs en désignant les responsables locaux dont ils disent qu’ils «ont faillis à leurs missions. C’est pour cela que nous avons toujours fait recours aux actions de rue pour faire entendre notre voix».

Le mal est profond !

Ces jeunes ne demandent rien d’autre que l’emploi. Ça revient sur toutes les langues. En effet, le chômage demeure le maître-mot au niveau de cette commune. Les jeunes villageois ont à maintes reprises, fermé la RN5 en guise de protestation, mais rien n’est encore venu pour les soulager. «Le mal est profond!», nous dira Djamel, trentenaire, victime du terrorisme et à la recherche de l’emploi. Selon lui: «notre commune n’offre aucune possibilité de dénicher un emploi, et lorsque des entreprises viennent s’y installer pour des travaux sporadiques, c’est les étrangers à la commune qui y trouvent des débouchées».   

Ainsi, les ramifications de la misère ne se limitent pas à Tamellaht, puisque la situation ailleurs n’est pas du tout reluisante. A Ighrem, c’est plutôt la mort dans l’âme. Aucune infrastructure d’envergure et encore moins de commodités pouvant offrir aux jeunes l’occasion d’investir, d’autant que ce village est situé sur la RN 5. Par ici, on continue à subsister par la vente de l’huile d’olive sur le bas-côté de la route. C’est là une activité ancestrale à Ighrem. Autrement, c’est tous les maux qui s’accumulent, rongeant les pauvres villageois qui y vivent. Sans infrastructures sportives et de loisirs, les jeunes d’Ighrem se trouvent, tout simplement, livrés à eux-mêmes.

Même topo au chef-lieu de la commune qui continue à porter le nom de “la Gare”, en référence à la gare ferroviaire qui s’y trouve depuis l’époque coloniale. La misère est ici saisissante et les jeunes de surcroît, sont les plus touchés. Pour Omar, un jeune universitaire «depuis la nuit des temps Ahnif n’offre rien à ses enfants et c’est pour cela que l’exil est la finalité de tous par ici».

En somme, et contrairement à ce que le commun des gens puisse penser, à savoir qu’Ahnif est ce qu’on peut appeler une zone aride, une attention particulière doit lui être accordé. A voir sa situation, géographiquement stratégique, et les possibilités d’investissements qu’elle offre, cette région doit impérativement être inscrite au centre des intérêts particuliers des hautes autorités de l’Etat. Son développement sera d’un grand apport, que ce soit pour ses habitants ou bien pour toute la région, d’autant qu’elle offre des terrains qui peuvent servir à l’investissement, soit agricole, industriel ou encore le commerce et l’habitat.  

M. K.

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