Par Amar Naït Messaoud
Impliquer l’émigration dans l’édification d’une économie forte
Imparablement, la problématique de l’apport de l’émigration algérienne au processus de développement du pays pose en termes crus, non seulement le degré de confiance dont devrait jouir la relation des institutions du pays avec sa diaspora, mais, d’une façon plus complexe encore, le niveau et les modalités d’intervention de cette communauté dans le schéma général de l’administration et de l’économie algériennes.
L’on sait que, depuis que, au cours des années 1970, lorsque les pays du Tiers-monde appelaient à un nouvel ordre économique mondial, et à une échelle qui dépasse le cas spécifique de l’Algérie, la question de la contribution des « cerveaux » du Sud, qui ont fui vers les pays avancés, au développement de leurs pays respectifs, a été étudiée dans des séminaires, des colloques et dans plusieurs livres consacrés à ce sujet.
À chaque fois qu’une telle problématique est soumise à l’analyse, l’on tombe inévitablement dans un cercle vicieux ou sur une aporie qui consiste à chercher à savoir est-ce que les pays d’origine des élites expatriées doivent- et sont en mesure- de pré- parer le terrain pour le retour de leurs cerveaux (institutions administratives, structures scientifiques, laboratoires de recherches, statut social correspondant au niveau scientifique et professionnel de ce personnel,…), ou bien ce serait l’inverse, à savoir que ce sont ces élites qui sont supposées aider leurs pays à sortir de l’ornière, à se remettre debout, et à entraîner le reste de la société dans le processus de développement.
Si la première option pose des problèmes d’ordre organisationnel et de volonté politique qu’il y a lieu d’exprimer ouvertement, la seconde relève en toute apparence d’une idée et d’une ambition qui, pour une grande partie des pays du Sud, demeurent quelque part dans les limbes.
S’agissant de l’Algérie, notre pays est dans un besoin pressant d’impliquer tous ses enfants dans l’édification d’une économie forte et compétitive à même d’assurer bien-être, revenus et sécurité alimentaire à toute la population.
Les transferts technologiques pour lesquels une abondante littérature a été consacrée par l’administration algérienne est censée prendre d’abord ses quartiers dans l’exploitation de toutes les énergies nationales expatriées; et Dieu sait qu’il y en a à profusion.
Des gestes qui en appelleront d’autres
Dans le contexte d’une Algérie qui cherche à relancer son économie, booster ses investissements productifs et diversifier ses recettes extérieures, l’implication et l’inclusion de sa communauté installée à l’étranger s’avère une nécessité vitale.
Patrons, techniciens, professeurs, détenteur de savoir-faire et/ou de capital financier, seront alors sollicités, qui, pour intégrer et améliorer l’appareil de production existant, qui, pour investir dans des métiers innovants, créateurs de richesses, d’emplois et de plus-value de background scientifique.
Des passerelles d’ordre organisationnel, institutionnel, universitaire et autres devraient faciliter l’implication de l’émigration algérienne dans la construction d’une économie forte et résiliente, d’autant plus que de grandes potentialités existent et des réserves de productivité, dans beaucoup de secteurs, sont en attente d’être exploitées.
Parmi les derniers gestes forts que l’Algérie a faits en direction de la communauté nationale installée en France, il y a lieu de citer la création de BEA International (filiale de la Banque extérieur d’Algérie) qui a programmé, dans un premier jet, d’ouvrir des agences dans cinq grandes villes françaises.
Suivront d’autres agences dans des villes européennes, hors de France, et nécessairement d’autres gestes qui faciliteront la participation de la communauté algérienne installée à l’étranger à la construction de l’économie nationale.
A. N. M.