En dépit des avancées enregistrées en matière d’organisation des marchés et de maîtrise des prix, beaucoup reste encore à faire, en particulier, le contrôle des produits issus de l’importation. L’instabilité des prix sur les marchés mondiaux et la hausse des coûts de transport, (près de 70 % du prix du produit lui-même), sont autant de paramètres à prendre en compte dans la fixation du prix de vente final.
Par Akrem R.
Cela nécessite une maîtrise de toute la chaîne, de l’importateur au grossiste et au détaillant. Un important travail de numérisation a déjà été accompli par le ministère du Commerce, permettant d’identifier pratiquement toutes les aires d’entreposage et chambres froides. Toutefois, cela n’a pas mis un terme à la hausse des prix et à la spéculation sur certains produits non subventionnés.
C’est le cas de la banane, dont le prix frôle les 600 DA, voire 700 DA/kg ! Alors, de l’avis de nombreux experts, le prix de ce produit ne devrait pas dépasser 250 DA/kg.
Le ministre du commerce, Tayeb Zitouni avait révélé, l’année dernière, que le coût de revient de la banane en Algérie ne dépassait pas les 200 DA/kg, les marges des commerçants comprises. Pourquoi, donc, cette hausse ? La réponse est simple : le réseau de distribution et la spéculation sont les deux principaux responsables de cette absence de maîtrise des prix, d’autant que ce genre de produit n’est pas subventionné, donc le prix est libre.
En effet, le ministère du Commerce intérieur est appelé à mettre en place un mécanisme innovant afin d’assurer un contrôle rigoureux de toute la chaîne de distribution et de déterminer avec exactitude les responsabilités de chacun. La réaction de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCA) face à la forte augmentation du prix de la banane sur les marchés témoigne de l’existence de plusieurs failles à différents niveaux.
Les importateurs pointés du doigt
En effet, l’UGCA n’a pas hésité à pointer du doigt les importateurs, qu’elle considère comme étant à l’origine de cette flambée des prix « injustifiée », expliquant que ni les commerçants de gros ni les dé- taillants ne sont responsables de cette situation.
Le véritable problème, selon les commerçants de gros en fruits et légumes sous son égide, réside dans la politique de certains importateurs qui vendent la banane à un prix élevé tout en imposant aux agents et commerçants de facturer à un prix plus bas. «Cela entraîne une inflation injustifiée des prix et affecte négativement le marché ainsi que les consommateurs», précise l’UGCA dans un communiqué.
Il s’agit d’une pratique «illégale» sur laquelle les services du ministère du Commerce sont appelés à enquêter afin d’en déterminer les responsables. Les révélations de l’UGCA ne devraient pas passer inaperçues, d’autant plus que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, veille de près à la question du pouvoir d’achat des ménages. Des orientations claires ont été données au gouvernement afin de mettre de l’ordre dans les marchés et de stabiliser les prix des produits essentiels.
L’Union a, d’ailleurs, déjà alerté les autorités compétentes à plusieurs reprises depuis plus d’une année sur ces «abus» et « pratiques frauduleuses» auxquels les commerçants sont confrontés, et qui entraînent une hausse des prix sans justification logique.
«Nous confirmons que les commerçants et les mandataires ne sont pas responsables de cette augmentation. Ils constituent simplement un maillon fragile dans le processus de distribution qui débute dès l’importation. Ainsi, nous appelons les autorités de contrôle à ne pas les tenir pour responsables de ces hausses de prix, à ne pas leur infliger de contraventions ni à saisir leurs marchandises. Il est essentiel de cibler les véritables responsables et d’intensifier la surveillance stricte sur ceux qui gonflent les prix de manière détournée, imposant leur logique aux commerçants en fixant quotidiennement les prix par téléphone, uniquement par message à leurs agents », explique l’UGCA.
Des réformes à engager
Le problème est donc profond, et des réformes structurelles doivent être engagées dans les meilleurs délais afin de mettre fin à ces pratiques nuisibles, incompatibles avec un pays comme l’Algérie. Il est impératif de préserver le pouvoir d’achat des ménages, qui demeure l’une des priorités du gouvernement.
Dans ce cadre, l’UGCA a déjà soumis trois propositions aux autorités compétentes et au ministère du Commerce pour encadrer les prix de la banane.
En premier lieu, il a suggéré d’imposer une plus grande transparence dans les factures d’achat et de douane, facilitant ainsi l’identification des responsabilités et la mise en lumière des parties qui gonflent les prix et manipulent le marché de la banane.
Quant à la deuxième suggestion, il s’agit de plafonner les marges bénéficiaires sur la banane, comme cela se fait pour les viandes, les légumineuses sèches et le café.
Enfin, l’UGCA plaide pour réserver exclusivement l’importation de la banane à l’État, via les offices, rendant ainsi le marché plus équilibré et empêchant les pratiques monopolistiques et spéculatives.
L’Union générale des commerçants et artisans algériens, en tant que syndicat défendant les droits des commerçants tout en prenant en compte les intérêts des consommateurs, et toujours soucieuse d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, continuera ses efforts et sa coopération pour limiter ces pratiques non éthiques.
Elle réaffirme également sa disponibilité pour mobiliser tous ses agents et commerçants de gros et de détail afin de vendre directement la banane aux citoyens à ses prix réels, si elle est fournie à ces prix.
Ainsi, ajoute l’UGCA, «nous appelons les autorités compétentes à intervenir de toute urgence pour réguler le marché et punir les véritables responsables de ces hausses injustifiées, avec des sanctions sévères appliquées conformément à la loi sur la spéculation».
En somme, la mise en place d’un système fiable pour maîtriser la structure des prix des produits importés, de manière générale, est plus que nécessaire pour organiser le marché et éviter ces scénarios répétitifs de flambée des prix, qui affaiblissent le pouvoir d’achat des ménages.
Conscient de cette réalité, le ministère s’est lancé dans un vaste programme de réformes, visant à réguler le marché national, réorganiser les activités commerciales, développer les réseaux de distribution, et renforcer les mesures de contrôle économique et de protection du consommateur.
D’ailleurs, il est prévu la relance et de le développement de la Société de réalisation et de gestion des marchés de gros « MAGROS» qui comporte neuf marchés régionaux de fruits et légumes au courant de 2025.
A. R.







