L’Algérie veut développer davantage de nouveaux modes de paiement et en finir avec le recours excessif au cash. En dépit de l’augmentation du nombre de détenteurs de cartes CIB et «Edahabia», avoisinant les 17 millions, les transactions en ligne, même ayant enregistré une augmentation significative ces trois dernières années, demeurent «faibles» et loin des potentialités existantes.
Par Akrem R.
Les retraits au niveau des guichets automatiques «GAB» demeurent, certes, relativement, importants.
Ainsi, durant les sept premier mois de 2024 (janvier à fin juillet), 1800 milliards DA ont été retirés des différents guichets, sans compter les autres transactions effectuées au niveau des bureaux de postes et Banques. Néanmoins, le potentiel est bien plus élevé pour peu que ce mode de paiement soit généralisé.
C’est dire l’énorme travail qui reste encore à faire à tous les niveaux, en particulier en matière de sensibilisation des citoyens et commerçants sur la nécessité recourir au paiement en ligne. Intervenant hier, mardi, à Alger, à l’occasion de l’ouverture de la conférence internationale sur les paiements numériques en Algérie, organisée par le ministère des Finances et la Banque d’Algérie, en collaboration avec le Fonds monétaire arabe (FMA), le ministre des Finances, Laaziz Faid, a assuré que le développement du paiement en ligne demeure une priorité pour les pouvoirs publics.
Lors de cette conférence placée sous le thème «Les paiements numériques en Algérie : progresser vers un avenir sans numéraire», le ministre a souligné l’importance cruciale de la transformation digitale pour l’économie algérienne, insistant sur le rôle central que jouent les paiements électroniques dans la transformation économique et sociale, dans un monde de plus en plus numérique.
En effet, le développement des nouveaux modes de paiement et leur généralisation sur le marché national permettra à l’Algérie, dira-t-il, de relever les défis de la nouvelle économie.
«L’Algérie fait face actuellement à de nombreux défis qui touchent l’ensemble des acteurs économiques de notre pays. L’accélération du processus de la généralisation du paiement électronique est primordiale et il est inscrit en priorité dans le cadre du programme du gouvernement» a t-il déclaré.
Dans son allocution, Laaziz Faid a rappelé que l’introduction et la généralisation des systèmes de paiements électroniques en Algérie ne sont pas simplement des outils pour améliorer l’efficacité économique, mais des leviers essentiels pour promouvoir l’inclusion financière et faciliter l’accès aux services financiers pour les couches les plus vulnérables de la population, notamment, celles résidant dans les zones rurales et reculées.
Les démarches entreprises
Dans cette optique, le ministre Faid a assuré que le gouvernement a entrepris plusieurs dé- marches pour la généralisation des moyens électroniques de paiement, à commercer par la réforme des textes juridiques et l’introduction du paiement en ligne dans la loi monétaire, ce qui permettra la création de sociétés spécialisées pour la mise en œuvre de la stratégie nationale tracée pour cet objectif.
Il a mis en lumière les principaux objectifs poursuivis par cette stratégie de modernisation, visant d’abord à la réduction de l’économie informelle, qui continue de peser lourdement sur la dynamique économique nationale.
Selon des chiffres avancés par des experts, plus de 90 milliards de dollars sont en dehors du circuit bancaire ! Outre la bancarisation de ces sommes faramineuses, l’Etat veut également réduire le phénomène de la contrefaçon ou falsification de l’argent et de la monnaie nationale.
Selon le ministre, ces pratiques sont nuisibles à la stabilité économique et à la confiance dans le dinar algérien.
Par ailleurs, la stratégie met un accent particulier sur l’élargissement de l’inclusion financière, qui permettrait d’intégrer un plus grand nombre de citoyens et d’entreprises dans le système financier formel.
Enfin, la lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption figure parmi les priorités, l’objectif étant de garantir davantage de transparence dans les transactions économiques.
En outre, le ministre a souligné les efforts déjà entrepris par les autorités pour accélérer la numérisation du secteur financier.
Dans son discours, Laaziz Faid a cité l’introduction d’un cadre législatif pour réguler les paiements électroniques, la création de sociétés spécialisées dans les services de paiement, ainsi que le soutien aux startups FinTech.
La mise en place d’une stratégie nationale de développement des paiements électroniques, incluant la création de l’Agence nationale de certification électronique, a été un autre jalon important, affirme le ministre, précisant que cette agence a pour mission d’étendre l’utilisation de la signature électronique et de faciliter l’ouverture de comptes bancaires à distance.
Les banques y adhérent
Des chantiers de réformes sont engagés par les différentes banques et institutions financières en Algérie.
Elles travaillent activement à améliorer leurs infrastructures informatiques, en mettant en place de nouveaux services d’information performants, en multipliant les guichets automatiques, et en développant les services de paiement en ligne. Tout cela, dans le but d’offrir des solutions modernes et accessibles à leurs clients.
Outre le développement d’un écosystème idoine, l’Etat a accordé une grande importance à la sensibilisation.
En effet, un programme national de culture financière a été lancé à travers le pays, afin d’inciter et d’encourager les gens à la généralisation du paiement en ligne dans leurs diverses transactions.
Aux yeux du ministre des Finances, des étapes importantes ont été déjà franchies, mais beaucoup reste à faire.
« C’est ensemble, avec l’appui de nos partenaires, que nous pourrons mener à bien cette transition. Je me réjouis des perspectives qui se dessinent et des contributions que chacun d’entre vous pourra apporter à ce chantier ambitieux pour l’avenir de notre pays», a-t-il souligné, tout en exprimant son optimisme quant à l’avenir des paiements électroniques en Algérie.
Laaziz Faid a estimé que « les recommandations de cette conférence permettront de faire progresser notre pays vers une adoption plus rapide et plus large des moyens de paiements modernes, tout en assurant la sécurité et la protection des consommateurs dans ce nouveau paradigme financier.
A. R.