Comme outil de régulation du marché : L’Etat opte pour la grande distribution

Le ministre du commerce et de la promotion des exportations, Tayeb Zitouni

Le ministre du commerce et de la promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a annoncé, hier à Alger, l’arrivée d’investisseurs étrangers, dont des Qataris et des sociétés multinationales sur le marché national de la grande distribution. En effet, des hyper-marchés, des centrales d’achat et de distribution, au nombre de 500, seront implantés à travers les quatre coins du pays.

Par Akrem R.

Ces investissements dans la distribution, un créneau peu développé en Algérie, permettra le développement et la modernisation de l’activité commerciale, dominée jusqu’à présent par de petits commerces, ainsi que la création de plus de 10 000 emplois, a indiqué le ministre dans une déclaration, en marge du lancement d’un investissement algérien dans le domaine des hyper-marchés, sous la marque « Four Weeks».

« Four Weeks » est le lancement d’une chaîne de grands magasins d’une superficie supérieure à 6 000 mètres carrés, et de grands magasins, « supermarchés », d’une superficie de 2 500 mètres carrés, suivis par des espaces commerciaux de petites et moyennes tailles « Superettes» qui seront créées progressivement dans de plusieurs wilayas à travers le pays.

Selon les explications du ministre, les magasins de la grande distribution sont parmi les activités commerciales créatrices de dynamique, regroupant shopping, divertissement et divers services répondant aux besoins des citoyens. Actuellement, l’Algérie ne possède que 58 hypermarchés d’une superficie dépassant les 2 500 m2.

Un nombre infime, déplore-t-il, indiquant que des efforts seront consentis pour augmenter significativement leur nombre, afin de l’adapter à la stratégie du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

«L’investissement dans la grande distribution garantira la disponibilité de produits en continue et un approvisionnement régulier pour les citoyens à travers le pays», souligne-til.

En effet, en réalisant de nouveaux investissements dans le domaine de la grande distribution, «nous pourrons éliminer les prix élevés, la spéculation et les fluctuations de l’offre, notamment lors des fêtes religieuses comme le mois de Ramadan», dira Zitouni.

Ainsi, les grands espaces commerciaux et les centrales d’achat sont considérés comme une fenêtre permettant aux producteurs de commercialiser facilement leurs produits, en plus de leur rôle important pour assurer une chaîne de distribution régulière et équitable, qui leur permet de contrôler les coûts qui affectent les prix des produits d’une wilaya à l’autre, ce qui contribue à assurer la stabilité des prix dans tout le pays.

Donc l’investissement dans ce domaine est plus que nécessaire pour mettre un terme aux dysfonctionnements récurrents au niveau du marché national et, notamment, de la chaine de distribution qui reste le maillon faible de l’activité commerciale en Algérie.

Zitouni menace les pêcheurs

En effet, la non maitrise de cette chaîne a rendu plus complexe le contrôle de l’activité commerciale et surtout les prix. La multiplication d’intervenants et d’intermédiaires fait augmenter le prix d’un produit en dépassant sa valeur. Il fallait à chaque fois l’intervention de l’Etat pour stopper ces pratiques.

C’est le cas des viandes blanches. En l’espace de 48 heures, les prix sont passés de 350 DA/kg à 540 DA/kg ! Une hausse qui reste expliquée. Le gouvernement a donc décidé de recourir au déstockage de quantités importantes du poulet importé du Brésil et commercialisé au prix de 295 DA/kg.

Le ministre Zitouni a menacé hier, par ailleurs, les pêcheurs de recourir à l’importation si les prix, surtout ceux de la sardine, ne baissaient pas.

«Nous ne voulons pas porter préjudice aux pêcheurs, mais nous devons, également, protéger le pouvoir d’achat des citoyens. La sardine à 900 DA/kg est intolérable. Je saisis cette occasion pour lancer un appel aux pêcheurs avant que nous prenions des décisions pour faire baisser les prix comme nous l’avons déjà fait avec le poulet», a-t-il averti.

Avec l’investissement dans le domaine de la distribution, le marché national de produits de large consommation sera régulé définitivement, d’autant que le réseau de distribution est connu et sous contrôle. Conscient de cette réalité, le ministère du Commerce a accordé une grande importance à la régulation du marché dans sa nouvelle stratégie.

« Nous voulons que la prochaine étape de la stratégie du Ministère repose principalement sur la restructuration et l’organisation du marché sous tous ses aspects, qu’il s’agisse des cadres juridiques, des moyens de paiement électronique, des plans de distribution, de l’organisation des marchés de gros et des espaces commerciaux», souligne-t-il, annonçant que son département a commencé l’encadrement de l’activité de la grande distribution.

Un nouveau cadre juridique encadrant cette activité en plus des centrales d’achat, est en préparation, affirme Zitouni, précisant que les procédures seront simplifiées afin d’inciter les opérateurs à investir dans ce domaine.

Vers un excédent commercial entre 8 à 10 milliards d’ici fin 2024

Sur un autre registre, le ministre a indiqué que l’économie nationale s’est rétablie, enregistrant des excédents en matière de production dans plusieurs filières, dont beaucoup de pays y compris ceux développés enregistrent des déséquilibres au niveau de leur balance commerciale outre, des problèmes en matière de couverture de la demande.

Ceci nous a permis, en plus de la politique de rationalisation des dépenses, «d’enregistrer un excédent de 4 milliards de dollars de la balance commerciale durant les 6 premiers mois de 2024», indique-t-il, en tablant sur la réalisation d’un excédent entre 8 à 10 milliards de dollars d’ici fin 2024.

«Nous terminons cette année avec des résultats encourageants entre 8 à 10 milliards de dollars. Nous comptons poursuivre dans cette dynamique et œuvrer à la celle de l’accompagnement des entreprises, en vue des exportations hors hydrocarbures et de la rationalisation des importations», souligne-t-il.

Par ailleurs, et en donnant le signal du lancement du processus d’exportation d’une expédition de sacs en papier vers trois marchés arabes, le ministre a exprimé sa fierté quant à cette étape qui reflète le succès de la politique du président de la République d’encourager la production locale.

« Nous sommes fiers d’assister au premier processus d’exportation d’une entreprise qui était auparavant importatrice à 100 %», indique-t-il.

Dans le cadre du soutien aux petites et moyennes entreprises, Zitouni a appelé les entreprises actives dans le domaine du recyclage et du recyclage à explorer les opportunités de production dans le domaine des sacs en papier, soulignant que cette démarche leur permettra d’élargir leurs activités et de pénétrer les marchés étrangers.

«Le ministère s’engage à continuer à soutenir et encourager les producteurs nationaux à pénétrer de nouveaux marchés, expliquant que cette expédition est le début d’une série d’expéditions qui seront suivies vers d’autres marchés arabes et africains», conclut-il.

A. R.

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