En matière de cogénération, l’Algérie dispose de 70 mégawatts installées par 26 moteurs. Pour le moment, les exemples de cogénération Clarck Energy se comptent sur les doigts.
Par Zoheir Zaid
Il s’agit de : la Société générale des techniques (Sgt), CofeedMascara, Plastpaper, Tafna, Biaxial, Cevital et ses deux filiales, Brandt et Oxxo, ainsi que la décharge de Oued Smar et Djamaa El Djazair (la Mosquée d’Alger).
La cogénération serait le prochain cap, après l’efficacité énergétique, que les pouvoirs publics espèrent atteindre afin de réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre (GES), appelées à être réduites à hauteur de 7%, selon les engagements de l’Algérie dans le cadre de la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP 21).
C’est ce, en résumé, ce qui ressort des informations communiquées par le directeur des Projets à l’Agence nationale pour la promotion et l’utilisation de l’énergie (Aprue), Kamel Dali, lors de la Journée technique « Efficacité énergétique et promotion de la cogénération dans le domaine industriel », organisée, avant-hier, mardi, à la Faculté de droit de Boudouaou (Université M’Hamed Bougara de Boumerdes), par la direction de l’énergie de la wilaya de Boumerdes et l’université
M’hamed Bougara de Boumerdes.
En dépit de son avantage certain, traduit, notamment, par l’atteinte d’un rendement énergétique de 109.5%, la valorisation de la chaleur générée par la production électrique et la préservation des ressources, la cogénération demeure une option encore délaissée.
En Europe, la cogénération fournit 11% de l’électricité et 16.5% de la chaleur. Il est également révélé que 43% des installations européennes utilisent le gaz naturel et 27% des énergies renouvelables (EnR). Aujourd’hui, l’Europe a pu, via la production électrique limitant les émissions de CO2, éviter 250 millions de tonnes de CO2 par an.
Par pays, les Pays-Bas est largement en tête avec 43% de la production de l’électricité issue de la cogénération, suivie par l’Allemagne avec 9%. La France, elle, produit 4% de l’électricité par la cogénération.
L’exemple européen a été présenté afin de démontrer l’évolution de quelques pays, essentiellement à titre incitatif pour que l’Algérie les suive.
Pour rappel, la Journée technique a vu la participation de la Sonatrach, Naftal, le Centre de recherche et développement (Crd) Sonatrach-Boumerdes, l’Institut algérien de pétrole (Iap) Boumerdes, l’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (Aprue), le Centre national des technologies de production plus propre (Cntpp), l’Institut de formation en électricité et gaz (Ifeg) Blida, Socothyd (les Issers, Boumerdès), ainsi que les représentants du mouvement associatif, tel que l’Association national El Amane pour la protection des consommateurs et l’Association écologique de Boumerdes (Aeb), et les clubs scientifiques de l’université de Boumerdes, dont Eureka, Alactro, Geophysics, Inelectronics, New-Vision, .
Déclarations :
Le recteur de l’université M’Hamed Bougara de Boumerdes, Mustapha Yahi
« L’écosystème ne favorise pas le développement de la recherche scientifique »
« L’université de Boumerdes contribue dans le cadre de la Stratégie nationale de l’efficacité énergétique (Snee), par la formation et la recherche scientifique. Pour cela, nous disposons d’un centre de recherche sur les 25 opérationnels, qui compte 80 chercheurs, entre professeurs et étudiants, spécialisés, notamment, dans l’optimisation de l’énergie et la transition énergétique. Parmi les objectifs de ce centre, nous citerons, le stockage de l’énergie, la valorisation énergétique des déchets, réduction des émissions polluantes, le recours au photovoltaique.
A Boumerdes, nous enseignons 3 spécialités ayant un lien avec ce qui a été avancé : Licence physique énergétique, Master physique des énergies renouvelables(EnR) en mécanique, Master énergétique et EnR.
Il n’en demeure pas que l’écosystème demeure peu favorable à l’éclosion de la recherche fondamentale, notamment, dans le domaine de la fourniture des équipements et moyens matériels nécessaires à la concrétisation des objectifs liés à la transition énergétique et l’économie de l’énergie. »
Hacène Menouar, Président de l’Association El-Amane pour la protection des consommateurs
« Il faut plus de rigueur procédurale dans la consommation de l’énergie »
« Il est évident que notre association s’implique dans les débats sur la consommation de l’énergie, tirée en grande partie des énergies fossiles, dont dépend l’avenir du pays. Il faut savoir aussi que toute notre consommation alimentaire y dépende. D’ailleurs, 90% de nos importations sont issues de cette énergie, qu’on exporte vers l’étranger. Donc, si on ne collabore pas ensemble dans le cadre de la réduction ou l’économie de l’énergie, on ne pourra pas, d’ici 10 à 15 ans, en produire d’une manière significative et, partant, en vendre à l’étranger. Dans le plaidoyer adressé aux pouvoirs publics, El-Amane en appelle à des procédures pour plus de rigueur dans la consommation en question. Depuis plus de 5 ans, outre nos compagnes de sensibilisation, nous avions été les porte-paroles des consommateurs en plaintes et constitution de dossiers adressés à la Sonelgaz, notamment au sujet des accidents domestiques liés à l’énergie. El-Amane a été aussi partie prenante dans les réunions de consultation des pouvoirs publics, dont celle de la Commission de régulation de l’électricité et de gaz (Creg), pour améliorer ce cadre de consommation. »
Qu’est-ce que la cogénération (communication de Kamel Dali)
La cogénération consiste à produire et à utiliser simultanément de l’électricité et de la chaleur à partir d’une même énergie primaire.
La production d’électricité (à partir d’un moteur thermique ou d’une turbine) dégage une grande quantité de chaleur qui est habituellement inutilisée. Or, cette dernière peut servir pour chauffer des locaux ou bien pour alimenter un procédé industriel. La chaleur est donc valorisée par la cogénération et cela permet d’atteindre un rendement énergétique total pouvant atteindre 109,5%.
Ainsi, la cogénération est une solution vertueuse car elle permet d’optimiser la consommation du combustible initial et de réduire les rejets de gaz à effet de serre.
A noter que ces installations doivent produire au plus près des lieux de consommation et être idéalement dimensionnées.
Z. Z.