La 20ème édition du Salon international de l’agriculture, de l’élevage et de l’agro-industrie «Sipsa-Filaha 2022», qui a pris fin jeudi dernier, a permis, lors des différents forums organisés en la circonstance , de mettre à jour les problèmes du secteur, ses atouts, ses faiblesses et ses espoirs. Tous les experts ont été unanimes à dire que l‘agriculture saharienne est la meilleure option (sous conditions) et qu’il y a nécessité de mettre en place un «Plan Marshall» pour sauver notre agriculture et assurer notre indépendance alimentaire
Par Réda Hadi
Il faut souligner que lors du think-tank Filaha-Innov, deux accords de coopération avec la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) et le Club des entrepreneurs et des Industriels de la Mitidja (CEIMI), ont été signés, afin de rapprocher les opérateurs économiques des experts dans le domaine agricole. Les accords tendent à améliorer la productivité de certaines filières agricoles et consolider l’expertise et l’accompagnement au niveau des entreprises économiques, notamment dans l’agroalimentaire.
Pour M. Agli, président du (CAPC), cet accord est particulièrement important dans le sens où il caractérise les marchés internationaux des produits alimentaires, ce qui requiert, davantage de renforcement des liens de coopération entre l’entreprise et les experts
M. Ammour, (CEIMI), estime, pour sa part, que cet accord ouvrira de plus larges perspectives aux opérateurs dans l’agroalimentaire, notamment ceux qui souhaiteraient développer leur créneau, à travers, bien entendu, l’accompagnement dont les membres du think-tank leur feront bénéficier.
Au-delà des résultats probants qui ont découlé de ce salon, au vu des accords et des contacts établis, ainsi que des rechanges fructueux qui ont eu lieu, il a permis de dégager une note principale : «Notre devenir agricole passe par le Sud»
Ce constat établi par plusieurs experts a permis de mettre en évidence l‘importance que revêt le Sud dans la perspective de notre indépendance alimentaire. Mais si l‘agriculture saharienne a connu de bons résultats en 2021, puisque 78.000 hectares ont été attribués dans le Grand Sud, les méthodes d’exploitation selon le Professeur Omar Bassoud, lors des débats du Think-tank Filaha-Innov, ne sont pas adéquates. Pour l‘expert, «ce qui se fait actuellement, au Sud n’est pas une voie durable pour l’Algérie».
Pour beaucoup de ces experts, en fait, quel que soit le type d‘agriculture adopté, seule la promotion de notre produit peut nous valoir une assurance alimentaire et par là-même, exporter. Pour eux, la question qui se pose, alors, est de définir la bonne stratégie pour que l’Algérie puisse assurer sa sécurité alimentaire, sans pour autant perdre du temps, surexploiter ses ressources hydriques et tomber dans le piège d’une agriculture intensive non productive.
Le Pr. Bessaoud a souligné que le vrai potentiel de l’Algérie est dans l’agriculture oasienne, qui existait déjà et délaissée, d’ailleurs. Les oasis pourront assurer une sécurité alimentaire, durable et saine. Une question qui sera, par ailleurs, débattue ce mercredi 23 mars, lors des journées sur l’agriculture oasienne et qui seront organisées à, Timimoun. Le Pr. Bessaoud a insisté, aussi, sur les dangers qui guettent l’agriculture algérienne et sur les pertes de terres agricoles au profit du béton, une mauvaise évaluation du foncier agricole et les changements climatiques qui deviennent de plus en plus inquiétants.
R. H.
Radja Ahmed ingénieur agronome : «Il faut penser agriculture durable»
Si le Grand Sud représente l‘Eldorado pour notre agriculture, sa mise en exploitation doit répondre à des critères de prestation des ressources existantes. M. Radja Ahmed ingénieur agronome et consultant à la FAO (Fonds des nations unies pour l’agriculture et l’alimentation), a bien voulu nous donner son avis sur la question.
Eco Times :Tous s’accordent à dire que le Grand Sud est notre meilleur atout pour notre sécurité et indépendance alimentaires. Qu‘en est-il vraiment ?
Ahmed Rada : Effectivement, le Grand Sud, représente un réel potentiel, encore faudrait-il savoir l‘exploiter et ne pas y aller tête baissée. Les méthodes d‘exploitation sont importantes et on ne pas se contenter d‘exploiter des parcelles et en abandonner d‘autres, comme c‘est le cas Oued Souf. Il faut valoriser l‘Agriculture oasienne mais pas par défaut. On doit penser agriculture durable pour réussir, et non pas agriculture traditionnelle moderne, avec des productions qui peuvent coûter plus chères que ‘elles ne rapportent. Pour cela, il faut une agriculture raisonnée et surtout préserver les ressources, aussi bien du sol, hydrique et même matérielles
Vous avez parlé d’Oued Souf, quel en est le problème ?
Ce qui se passe à Oued Souf est une véritable catastrophe écologique. Le sol dans cette wilaya est meuble, constitué de sable. On exploite une parcelle et puis une fois non rentable on va vers une autre. A ce rythme dans quelques années, nous n‘aurons plus de terre agricole. A Oued Souf, on doit d’abord penser à construire le sol avant de l‘exploiter. Et ce n’est qu’à ce titre, que l‘on peut exploiter son sol durablement. L‘agriculture ne doit pas être une action éphémère. C‘est pour cela que l‘on ne peut réussir que si c‘est une agriculture orientée vers le durable.
Propos recueillis par R. H.